Luttons pour la régularisation des femmes sans statuts

Peu après les élections fédérales en 2015, le Collectif des femmes sans statuts de Montréal a interpellé le Premier ministre dans une lettre ouverte. Un an plus tard, elles attendent encore une réponse et appellent à une manifestation et à une campagne de cartes postales en leur appui.

D'après des estimations entre 500 000 et 1 000 000 personnes vivent au Canada sans statuts. Les femmes parmi elles se sont retrouvées dans cette situation pour différentes raisons. La plupart ont vu leur demande d'asile refusée. Certaines ont vécu une séparation des personnes qui les ont parrainées et elles ont perdu leur résidence conditionnelle. D'autres sont arrivées au Québec en tant qu'aides familiales résidentes et ont perdu leur emploi avant de pouvoir appliquer pour la résidence permanente. Les femmes sans statuts travaillent dans l’ombre, elles nettoient des maisons, servent dans des restaurants, travaillent à la chaîne, produisent la nourriture.

Vivre sans statuts met les femmes dans une situation de grande précarité. Elles n’ont pas accès au système de santé. Elles n'ont pas plus accès à l'éducation, au logement social, aux allocations d’enfants, aux garderies, aux banques alimentaires ou d’autres services, même si elles payent des impôts. Elles vivent dans une peur constante d'être détenues et ensuite déportées, ce qui les rend encore plus vulnérables face aux violences, car dénoncer n'est pas vraiment une option pour elles. Leurs enfants, né-e-s ici ou résidant ici depuis des années, sont terrorisé-e-s par la menace d’une déportation, qui les arracherait à leur école, leurs camarades et leur vie sociale, ou qui les séparerait d’un de leur parent. Certaines familles ont déjà été brisées par la déportation d’un de leur membre et attendent dans l’angoisse d’être à nouveau réunies.

Des milliers de femmes sans statuts vivent dans l'invisibilité parmi la population. Précaires parmi les précaires, elles sont particulièrement vulnérables et victimes d’exploitation et d’abus, en tant que femmes, et en tant que sans statuts. De diverses origines et horizons, ces femmes ont toutes des histoires différentes et bouleversantes à raconter. Elles luttent ensemble pour rejeter le cas par cas, et demander la régularisation de toutes les personnes sans statuts.  Elles ont choisi de prendre la parole et de rendre leur réalité visible. À date, leur demande de rencontre avec le Premier ministre Justin Trudeau n'a pas reçu de réponse. Aujourd'hui, elles nous appellent à interpeller le Ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté pour exiger la régularisation de toutes les personnes sans statuts pour leur permettre une vie dans la dignité.

 


 

Parce que la situation des femmes sans statuts est extrêmement méconnue, ignorée et invisible, nous ouvrons ici un appel aux témoignages, qui peuvent bien sûr être anonymes. Femmes sans statuts, la parole est à vous !

Sofia, Je suis ici depuis 5 ans, le gouvernement a rejeté mon dossier. Selon mon avocat, c’est parce que je suis Mexicaine, étant donné que j’avais tout fait pour être acceptée. Je suis une femme honnête et responsable, je travaille pour subvenir à mes besoins et ceux de ma mère qui est âgée et malade au Mexique. Durant mon précédent emploi, j’ai été confrontée à la discrimination, aux cris, à l’exploitation, parce qu’ils connaissaient ma situation et en ont fait de même avec les autres dans la même situation. Pendant 11 mois, j’étais blessée à la main à cause de mon travail, je n’ai eu aucune compensation, et je n’ai pas pu m’arrêter de travailler. Mes sœurs et moi subissons beaucoup d’injustice et de stress. Je cherche présentement du travail, et surtout, je voudrais de l’espoir pour nous toutes, d’avoir une vie digne, et de cesser de vivre dans l’isolement et la peur. J’en appelle à votre humanisme, parce que nous avons tou-te-s des filles, des sœurs et des mères, et que nous ne voulons pas qu’elle souffre de cette manière! Merci!

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Le Comité des 12 jours d’action contre les violences envers les femmes est composé cette année de la Fédération des femmes du Québec, de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, de Femmes Autochtones du Québec, du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, du Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, de SOS violence conjugale et du Y des femmes de Montréal. Le Comité s’est allié avec la Fondation Paroles de femmes et le Collectif des femmes sans statuts. Illustration et conception: Iris Boudreau

La campagne du Comité des 12 jours d’action contre les violences envers les femmes est réalisée grâce à une contribution financière du Secrétariat à la Condition féminine.