Exaspéré par l’apathie du Québec face à la crise du logement, le FRAPRU lance une campagne Pour du logement social maintenant!

Montréal, le 14 novembre 2019 – Alors que la rareté des logements s’accentue dans les grandes villes et que le nombre de logements sociaux développés demeure extrêmement bas, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’impatiente devant la lenteur de Québec à réagir. Seulement 835 des logements sociaux annoncés l’année précédente ont été réalisés l’an dernier. Afin de presser le  gouvernement Legault à prendre ses responsabilités face à la crise du logement, le regroupement lance ce matin sa nouvelle campagne : Pour du logement social maintenant !, en présence de dizaines de délégué.e.s de ses groupes membres de l’Outaouais, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Montérégie, de Montréal, de l’Estrie, de la Mauricie, de Québec, du Bas-Saint-Laurent et de Saguenay.

Dans ses Perspectives du marché de l’habitation, publiées au début du mois, la Société canadienne d’hypothèques et de logement prévient que le taux d’inoccupation des logements locatifs va encore baisser dans la plupart des centres urbains du Québec et restera sous les 3 %, au moins pour les deux prochaines années. Selon ces pronostics, à Gatineau, le taux d’inoccupation atteindrait 0,5% en octobre, 1,4% à Montréal et 2,5 % à Québec.

Parmi les causes de cette pénurie, le FRAPRU pointe notamment l’hébergement touristique, les changements climatiques, le manque d’investissements publics dans le logement social et il s’alarme des conséquences sur le prix du logement. « La rareté des logements locatifs accélère les hausses de loyer abusives, nourrit les pratiques spéculatives et la gentrification de certains secteurs », indique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, ajoutant « qu’il s’agit d’un frein important à l’accès à un logement décent et abordable ». Elle rappelle d’ailleurs que « lors du Recensement de 2016, 244 120 ménages locataires avaient déjà des besoins impérieux de logement. » Selon le regroupement, la crise actuelle met en lumière l’incapacité du marché privé à répondre aux besoins de centaines de milliers de locataires.

Les personnes aînées (dont le loyer en résidence privée engloutit une part démesurée du revenu), les familles à modeste et faible revenus (obligées de quitter les secteurs centraux et la proximité des services, faute de grands logements véritablement abordables), les femmes victimes de violences conjugales (qui engorgent les refuges, faute de logements à loyer qu’elles peuvent payer), toutes les personnes à très faible revenu incapables de passer le test de la solvabilité sont particulièrement affectées par la crise qui sévit actuellement au Québec. « Dans ce contexte, les pouvoirs publics sont contraints d’intervenir », insiste la porte-parole, ajoutant que l’option gagnante à court, moyen et long termes est sans conteste le logement social, « sur lequel personne ne fait de profits, qui ne constitue pas un fond de pension, ni un secteur d’investissements ».

Pourtant, actuellement, seuls 11 % de tous les logements locatifs sont des logements publics, coopératifs ou sans but lucratif. Pire, depuis trois ans, seulement la moitié, voire le tiers, des logements sociaux annoncés par Québec dans ses budgets lèvent réellement de terre. « C’est pour cela qu’on lance cette campagne Pour du logement social maintenant! », explique Véronique Laflamme.

« On pensait que les quelques 200 ménages locataires qui se sont retrouvés sans logement à la veille du 1er juillet alerteraient le gouvernement, qu’il saisirait bien l’urgence de la situation. Pourtant, les sommes nécessaires à la réalisation des logements sociaux déjà promis ne sont toujours pas au rendez-vous », dénonce-t-elle. Le gouvernement Legault a confirmé en juillet dernier son engagement électoral de livrer les 15 000 logements sociaux annoncés par les gouvernements antérieurs et toujours pas concrétisés, mais n’a pas augmenté la somme de 260 millions $ qui avait été initialement prévue pour bâtir deux tiers de ces logements.

Le Québec cumulant des surplus records, le FRAPRU l’accuse de faillir à ses obligations de mieux mettre en œuvre le droit au logement. Le regroupement demande au gouvernement de se doter d’un plan de développement de 50 000 nouveaux logements sociaux sur 5 ans. Pour expliquer comment cela est possible et à quel point c’est nécessaire, il sillonnera les routes au début février 2020, s’arrêtant dans les circonscriptions de ministres du cabinet Legault. Il organisera des actions pour mettre en lumière les projets locaux de logement social en attente de financement. Il prépare également d’autres évènements régionaux au printemps 2020, pour dénoncer la marchandisation du logement.