AccueilCo-construction du sens dans le discours des apprenants non-natifs en langue étrangère : collaboration, interaction et médiation

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Co-construction du sens dans le discours des apprenants non-natifs en langue étrangère : collaboration, interaction et médiation

The co-construction of meaning in the discourse of foreign language learners: collaboration, interaction and mediation

Revue « Langues et cultures »

Langues et cultures journal

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Publié le mardi 13 juillet 2021

Résumé

Ce numéro de la revue Langues et cultures met la lumière sur la co-construction du sens dans la communication verbale et non verbale dans une situation d’apprentissage langagier. Les contextes sociolinguistiques et sémio- didactiques du locuteur apprenant non natif dans son pays ou à l’étranger nous intéressent particulièrement pour montrer quelles sont les approches et les méthodologies déployées dans les différents pays pour apprendre une langue étrangère.

Annonce

Coordination

  • Dr Charlotte Lindgren. Département de pédagogie, didactique et sciences de l’éducation. Université d’Uppsala (Suède)
  • Dr Meriem STAMBOULI. Département de formation préparatoire. Ecole nationale polytechnique d’Oran -Maurice Audin (Algérie)

Argumentaire

La construction et la co-construction du discours dans les interactions orales et écrites par des apprenants non-natifs en langue étrangère font partie du parcours de l’apprenant et/ou locuteur non  natif et font surtout partie des activités d’enseignement et d’apprentissage en didactique des langues étrangères.

La didactique de l’oral a amplifié la didactique des langues – qui était centrée dans le passé sur la grammaire, la conjugaison, les méthodes SGAV, les exercices de thème-version -, mais avec l’avènement de l’approche communicative dans les années 80 et l’agir communicationnel (Habermas, 1981, trad. Fr. 1987), la didactique des langues est sortie progressivement des habitudes et des comportements stéréotypés pour aller vers la créativité, l’authenticité, la semi-authenticité et la communication utile. Cette nouvelle didactique reconsidère l’apprenant aujourd’hui et considère qu’il prime sur la langue apprise et sur l’enseignant et/ou le formateur, d’où la notion de centration sur l’apprenant. Les nouvelles méthodes parlent aujourd’hui d’approche actionnelle, d’approche par compétence(s), qui s’inspirent de l’approche communicative, la base de toute approche.

C’est de la centration sur l’apprenant que découle le savoir-collaborer et le savoir coopérer. Issue du mouvement constructiviste (et socio-constructiviste), la centration sur l’apprenant va à l’encontre de la grammaire universelle de Chomsky et du mouvement américain béhavioriste.

Savoir co-construire ou le savoir collaborer est un ensemble complexe de savoir-être et de savoir-agir ensemble, qui casse le schéma classique de l’enseignant qui pose des questions, et de l’apprenant qui y répond. C’est un mode de pensée et de travail, basé sur l’apprendre à apprendre, le partage, la co- construction du sens, et les interactions apprenants-apprenants-enseignants. L’enseignant n’est plus au centre du monde, ni la langue apprise. Le rôle de l’enseignant ou du formateur est d’encourager l’apprenant, l’apprentissage, l’apprendre à apprendre, pour ainsi susciter l’autonomie et l’initiative personnelle des apprenants. Cette question « d’initiative personnelle » est parfois mal perçue dans certaines cultures et traditions, surtout conservatrices et hiérarchiques. Il est donc très difficile dans certaines sociétés de sortir du modèle traditionnel basé sur el-hefada (la mémorisation et la répétition)

et aller vers l’essentiel ou le pragmatisme, et on peut le voir dans le comportement de certains enseignants de langues étrangères.

Ce numéro de revue met la lumière sur la co-construction du sens dans la communication verbale et non verbale dans une situation d’apprentissage langagier. Les contextes sociolinguistiques et sémio- didactiques du locuteur apprenant non natif dans son pays ou à l’étranger nous intéressent particulièrement pour montrer quelles sont les approches et les méthodologies déployées dans les différents pays pour apprendre une langue étrangère.

Ce qui nous intéresse, ce sont les apprenants non natifs participants à une conversation en langue étrangère. Comment ces apprenants arrivent-ils à tisser du sens dans la conversation en langue  étrangère? Collaboration, interaction, médiation (pédagogique et linguistique) aident à tisser du sens, à chercher du sens et une cohérence à la fois.

Charaudeau (1984), a distingué les participants à la conversation en sujet communiquant et sujet interprétant. L’interprétation du discours peut être muette réduite sous silence comme elle peut être exprimée par des interactions et des co-constructions du sens par des négociations verbales, paraverbales, non verbales entre les participants pouvant aboutir à des consensus de sens en L1 et L2, et même Lx ou Ly. La question de la construction du sens par le langage et la pensée est une question à la fois biologique, neurologique et sociale. « Le sens est donc une activité cognitive qui mobilise les ressources cognitives de la personne pour ensuite faire appel à l’organe du langage qui, seul, en permet l’assemblage et la mise en forme attendue, dans le cadre d’une langue donnée » (Elimam, p. 37, 2020).

La question de la co-construction du sens dans le discours des non natifs a été abordée dans différentes recherches et plusieurs colloques, citons les colloques internationaux, « Sémiotique, didactique et communication », (université de Médéa, Algérie, 2005) - qui a traité le thème de « la sémiotique et la didactique » dans l’apprentissage d’une langue étrangère -,  et celui de « Construction du sens et acquisition de la signification linguistique dans l’interaction » (Université de Nantes, France, 2007) qui ont bien mis en évidence le contexte socio-culturel et le contexte situationnel dans le discours, sa construction, et co-construction par des apprenants non natifs d’une langue étrangère et les enseignants ou formateurs médiateurs.

Il est évident qu’on ne peut se « débarrasser » de sa langue maternelle (parfois sa langue de référence) aussi facilement qu’on pourrait le penser dans l’apprentissage d’une langue étrangère, surtout à l’âge adulte dans une communication en langue étrangère. Bien au contraire, la langue maternelle est indispensable pour donner et redonner du sens. La co-construction du discours peut se faire en     plusieurs langues dans une situation didactique, c’est même recommandé par les approches actuelles :

« A notre époque de diversité croissante des sociétés, la construction du sens peut avoir lieu en plusieurs langues et puiser dans les répertoires plurilingues et pluriculturels » (CECRL, 2018, p. 28). La version revisitée du CECRL (2018) « met la co-construction du sens (grâce à l’interaction) au centre du processus d’apprentissage et d’enseignement » (p. 28, version complémentaire du CERCL). Cette interaction est collaborative grâce à la médiation d’un expert en classe pour aider l’apprenant à parler en langue étrangère. L’expert n’est pas forcément l’enseignant ou le formateur, il pourrait être un autre adulte ou apprenant aidant un autre apprenant dans le cadre d’un travail collaboratif en petit groupe. La notion de co-construction de discours est liée à la notion de collaboration et aussi à celle d’entraide. Le rôle de l’expert médiateur est d’aider l’apprenant à construire des phrases et du sens en langue cible, mais ce n’est pas toujours évident surtout avec des apprenants débutants.

Questionnements

Compris ? pas compris ? L’enseignant de langue passe beaucoup de temps à dire aux apprenants dans les situations d’apprentissage langagier compris ? pas compris ? Et le discours de la classe est régulé en fonction du niveau de langue et de culture de l’apprenant en langue étrangère. Peut-on en effet, co- construire des interactions verbales et non verbales sans se soucier du sens ?

Comment le sujet non-natif donne-t-il du sens à son propre discours en langue étrangère ? Et comment arrive-t-il à interpréter le discours reçu ? Par quelles stratégies de négociations se fait la co-construction du sens ?

Les axes de l’argumentaire

Axe 1 : Didactique

Ici seront soulevées les questions de la co-construction du sens en langue étrangère par des apprenants non natifs en milieu guidé avec l’enseignant. Le cadre théorique de cet axe fait référence aux notions de médiation pédagogique (Vygostki, 1934, pub. 1985, 1997), de médiation linguistique orale (Lado, 1957), (CERCL, 2001, 2018) et d’étayage (Bruner, 1983) notamment dans le courant socio- constructiviste et en psycholinguistique. Enfin, l’utilisation de google translate ou autres outils de traduction linguistique en classe peut être abordée.

Axe 2 : Contexte socio-pragmatique et sociolinguistique

Il est important d’intégrer les différentes variantes de la langue apprise, surtout dans le discours en interactions verbales orales et écrites. Filliolet & Chiss (1978) avaient insisté sur les variantes sociolinguistiques et le langage oral dans la formation des enseignants de langue étrangère. La compétence socio-pragmatique, liée à la sociolinguistique, est très utile pour accéder au sens du discours et le co-construire. Ici seront soulevées les analyses des usages pragmatiques des non natifs en langue étrangère pour produire et comprendre dans des interactions orales et/ou écrites (Tchat, conversation pragmatique,etc.). De même, toute analyse de la variation et de la norme sociolinguistique est intéressante ici.

Axe 3 : Sémio-didactique

La communication non-verbale (Cosnier et Brossard, 1984) et la communication gestuelle (Calbris et Porcher, 1989) ont contribué à la naissance d’une sémio-didactique. Proposée par Berchoud (1992, 1996), la sémio-didactique a pu analyser les angles morts de la socio-didactique, dérivée de la sociolinguistique. C’est un axe non négligeable en didactique des langues pour accéder au sens et comprendre l’apprenant ; une science des signes essentielle en sciences du langage pour rechercher, expliquer et analyser le sens par la signification. Une question possible est de savoir si et dans ce cas pourquoi certains apprenants de langue étrangère préfèrent communiquer par des dessins ou des gestes.

Modalités de contribution

Les contributions au prochain numéro se font via la plateforme ASJP directement sur le lien suivant :

https://www.asjp.cerist.dz/en/PresentationRevue/625

Avant la soumission il faut créer un compte : https://www.asjp.cerist.dz/en/login

Sélectionner la revue Langues & Cultures : https://www.asjp.cerist.dz/en/PresentationRevue/625

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Pour plus de détails, veuillez consulter (Guide pour les auteurs) (cf. les modalités de soumission des articles de la revue Langues &Cultures  (nombre de signes, présentation du manuscrit, ….) sur le site de la revue.

Une version traduite en anglais sera lancée dès que possible pour permettre aux auteurs anglophones d’envoyer leurs articles et de participer au prochain numéro.

Calendrier prévisionnel

  • Date limite d'envoi des propositions d’articles: 15/10/2021

  • Notification : 01/12/2021
  • Mise en ligne du numéro : 25/12/2021

Des références bibliographiques

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Berchoud, Marie (1992) : Dire institutionnel et espaces de langage – le cas de l’Algérie. Essai d’une sémio- didactique. Thèse de Doctorat, université de Besançon.

Berchoud, Marie (1996) : « De la distance – pour prendre en compte des publics lointains et décentrer la réflexion méthodologique : sociodidactique ou sémiodidactique ? », Etudes de linguistique appliquée, n° 168, nov-déc., 2012, pp. 395-405.

Bigot, V. et Cadet, L. (2011) : « Comment la prise en compte de discours d’enseignants sur leurs pratiques renouvelle-t-elle l’analyse des interactions didactiques en classe de langue ? », dans Bigot et Cadet éds. Discours d’enseignants sur leur action en classe. Enjeux théoriques et enjeux de formation, Riveneuve éditions.

Bruner, Jérome (1983) : Le développement de l’enfant : savoir faire, savoir dire, Paris, Puf. Calbris., G., et Porcher, L., (1989) : Geste et communication, Paris, Hatier-Crédif.

Canelas-Trevisi, S. et Thévenaz-Christen Th. (2002) : « L’étude des interactions en classe de français langue étrangère et langue maternelle : deux didactiques « au banc d’essai » ? », 141, Revue française de pédagogie, pp. 17-25.

Charaudeau, Patrick (1984) : « Une théorie des sujets du langage », revue Langage et Société, thématique Sociosémiotique (facicule I), pp. 37-51.

Chiss, J.-L. et Filliolet, J. (1978) : « La place de la sociolinguistique dans la formation des instituteurs », Etudes de Linguistique appliquée, n°32, pp. 61-71, Paris, Didier Erudition.

Cosnier, J. et Brossard, A. (1984) : La communication non verbale, éd. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel.

Elimam, Abdou (2020) : Après Tamazight, la Daridja (le maghribi) !, éd. Frantz Fanon, Tizi Ouzou. Fredriksson, Christine (2014) : « The influence of group formation on learner participation, language complexity, and corrective behaviour in synchronous written chat as part of academic German studies », Recall, volume 27, Issue 2, May 2015, pp. 217-238.

Habermas, Jurgen (1981) :  Théorie de l’agir communicationnel, tome I : Rationalité de l’agir et rationalisation de la société, (traduction de Jean-Marc Ferry, 1987), éd. Fayard, Paris.

Lado, Robert (1957) : Linguistics across Cultures. Applied Linguistics for language teachers. University of Michigan press : Ann Arbor.

Leclère, Malory (2018 ) : « Matérialité de la médiation du sens en classe de langue pour enfants : les outils didactiques au cœur de l’action d’enseignement », 15-3, Les cahiers de l’Acedle, Quelles médiations en didactique des langues et des cultures, Matérialité de la médiation du sens en classe de langue pour enfants (openedition.org)

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Lindgren, C., Stridfeldt, M. (2019). Apprentissage en ligne du français: une perspective gérontologique. Synergies Pays Scandinaves, 14: 79-93.

Meunier, Fanny (2021) : « Introduction to Learner Corpus Research », in « The Routledge Handbook of Second Language Acquisition and Corpora », Chapter 3, pp. 23-36.

Stambouli, Meriem (2011) : Interactions didactiques en classe de français langue non maternelle (enfants de 7-8 ans) en école algérienne : compétences langagières visées et pratiques de classe. Thèse de Doctorat, Université de Besançon. Interactions didactiques en classe de français langue non maternelle (enfants de 7-8 ans) en école algérienne : compétences langagières visées et pratiques de classe - TEL - Thèses en ligne (archives-ouvertes.fr)

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Vygotski, Lev (1934) : Pensée et Langage, (première traduction française par Françoise Sève, 1985), éd. La dispute, 1997.

Wojciechowska, B. et Wilczynska, W. (2017) : « Procédés interactifs de construction du sens dans le discours. Un modèle dans le développement des compétences orales au niveau avancé en langue étrangère ? », 44/2, Studia Romanica Posnaniensia, pp. 67-83, Widok Procédés interactifs de construction du sens dans le discours. Un modèle dans le développement des compétences orales au niveau avancé en langue étrangère ? (amu.edu.pl)

Documents institutionnels, actes de rencontres scientifiques

  • Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer, Conseil de l’Europe, 2001.
  • Elaborer des descripteurs pour illustrer les aspects de la médiation pour le CECRL, Conseil de l’Europe,
  • Le volume complémentaire du CECRL avec de nouveaux descripteurs, Conseil de l’Europe,
  • Construction du sens et acquisition de la signification linguistique dans l’interaction (Actes du colloque international de l’université de Nantes (France), novembre 2007). pdf (free.fr)
  • Sémiotique, didactique et communication (Actes du colloque international de l’université de Médéa (Algérie), mai 2005. LE SIGNE ET SES INTERPRETATIONS - PDF Téléchargement Gratuit (docplayer.fr)

Lieux

  • Adrar, Algérie (01000)

Dates

  • vendredi 15 octobre 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • co-construction, sens, apprenant, discours

Contacts

  • Sid Ahmed Khelladi
    courriel : khelladi [at] univ-adrar [dot] edu [dot] dz

Source de l'information

  • Sid Ahmed Khelladi
    courriel : khelladi [at] univ-adrar [dot] edu [dot] dz

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Co-construction du sens dans le discours des apprenants non-natifs en langue étrangère : collaboration, interaction et médiation », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 13 juillet 2021, https://doi.org/10.58079/16zp

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