Conférencier :
Mathieu Boisvert
Professeur au département de sciences des religions de l’UQAM

Les hijra - communément appelés transgenres en Occident - constituent un groupe social sud-asiatique distinct et marginalisé. L'intégration d'un nouveau membre à cette communauté s'effectue par un rite de passage qui permet de préciser son rôle au sein d'un modèle hiérarchique inspiré, d'une part, de l'organisation familiale indienne et, d'autre part, de la structure sociale ascétique intra-communautaire. Les hijra sont stigmatisés comme étant de s individus marginaux intimement associés à la pureté (de par la bénédiction qu'ils peuvent conférer) et à l'impureté (prostitution). Les identités individuelle et communautaire des membres de ce groupe chevauchent des catégories généralement perçues comme paradoxales : hindou/musulman, sacré/profane, bénédiction/malédiction, inclusion/ exclusion, légalité/illégalité, célibat/sexualité, pure/impure et masculin/féminin.

Cette communication est tirée d’un projet de recherche qui vise à cerner, nuancer et articuler les différents éléments participant à l'identité hijra et de faire valoir que cette identité n'est pas limitée  celle d'un « troisième genre »; la diversité des facteurs intervenant dans la construction identitaire hijra ne peut limiter celle-ci à une simple catégorisation de genre, de sexe. La recherche vise également à développer une approche interdisciplinaire chevauchant à la fois les représentations imaginaires et les réalités sociales. Cette étude interdisciplinaire est restreinte à l’État indien du Maharashtra.

Il est à noter que cette conférence est organisée en collaboration avec le Programme conjoint de doctorat en sciences des religions des universités suivantes : Concordia, l’UQAM et Laval.