Trois leçons apprises après 34 années d’animation / facilitation
Le site « Formation de formateurs » offre conseils, activités et commentaires de toutes sortes aux formateurs dépendant des apprenants auxquels ils s’adressent. Le texte ci-dessous (entre autres) émane de l’adresse suivante :
http://www.formationdeformateurs.com
Trois leçons apprises après 34 années d’animation/facilitation
Ces leçons vous permettront vraiment d’être « un guide et non un sage sur une estrade.»
Leçon 1 - « Ne faites jamais pour les apprenants ce qu’ils peuvent
faire pour eux-mêmes ou pour les uns les autres. »
J’ai appris cette leçon il y a déjà quelques années, lorsque j’ai eu la chance de travailler avec Dave Meier (un gourou de l’Apprentissage
accéléré basé aux U.S.A.). Depuis lors, cette leçon m’a beaucoup aidé et servi en tant qu’animateur de formation. Il s’agit de s’incarner dans l’essence même du « facilitateur », de former l’environnement, d’offrir les outils et les ressources, mais de laisser les apprenants créer
eux-mêmes leur apprentissage. Trop souvent, et par la faute de la situation économique actuelle, on nous pousse à mâcher le travail à nos apprenants, ce qui fait entièrement reposer la responsabilité de
l’apprentissage sur nos épaules d’animateurs, alors qu’elle devrait
reposer tout entière sur celle des apprenants. C’est là le message que
nous devons transmettre à ces derniers dès que possible, durant
l’atelier. Nous devons les prévenir que l’atelier ne sera pas un
séminaire passif, mais qu’il est impératif qu’ils y participent activement.
Comment donc transformer un séminaire où le travail des apprenants leur
est tout mâché, en atelier où ils réalisent eux-mêmes des choses.
* Au lieu d’annoncer aux apprenants ce qu’ils vont faire d’ici la
fin de la journée, demandez-leur d’ « Ecrire les 3 choses qu’ils
souhaitent être capables de faire d’ici 17 heures 30, en résultat
de cet atelier, et qui garantissent que leurs efforts et le temps
consacré auront été bien récompensés ». Formez des équipes de 4-6.
Distribuez-leur des Post-it de diverses couleurs, demandez-leur de
discuter de leurs attentes personnelles et de définir 3 objectifs
communs à leur équipe. Ces objectifs pourront être partagés avec
le reste du groupe, puis inscrits sur une affiche intitulée par
exemple : « Que voulons-nous de cet atelier ?». Ce seront là les
objectifs de l’atelier qui pourront être revus en fin de journée,
lors de la clôture. Je précise également : « C’est votre atelier.
Si vous n’obtenez pas les éléments nécessaires pour atteindre vos
objectifs, c’est votre responsabilité de me dire : « Christophe,
nous souhaitons être capables de faire X etc.». Grâce à cet
exercice, nous avons pu faire passer la responsabilité de
l’apprentissage du côté des apprenants, nous éloigner de
l’attitude traditionnelle qui consiste à « mâcher le travail », et
offrir un choix aux apprenants. Ce qu’ils veulent, invariablement,
c’est ce que vous avez à leur offrir, mais ils vous l’auront
demandé !!!
* Au lieu d’énumérer aux apprenants les problèmes liés à un système
ou un processus, les bons ou mauvais côtés d’un service
après-vente ou encore les raisons pour ne pas maintenir les
réunions du lundi, aidez-les à établir une liste, puis
proposez-leur de suggérer des mesures à prendre pour résoudre
chacun des éléments de leur liste (s’ils sont capables
d’identifier les problèmes, ils seront en meilleure position pour
travailler sur les solutions). Une fois de plus, ce sont vos
apprenants qui sont occupés et qui effectuent l’apprentissage.
Voici une suggestion de création active de liste : distribuez des
cartes de bristol, demandez aux apprenants de se déplacer dans la
salle et de rencontrer 5 autres personnes. Chaque fois qu’ils
rencontrent une nouvelle personne ils devront se lire leur
réponse, puis attribuer un total de 7 points entre les 2 réponses.
Ils décideront ainsi quelle est la meilleure réponse en accordant
par exemple 2 points à l’une et 5 points à l’autre. Après avoir
rencontrer les 5 personnes, ils devront faire le total de leurs
points. Votre travail consiste à énumérer les 5 meilleures
réponses et à en faciliter les solutions.
Les meilleures animations sont celles où les apprenants déclarent :
« nous avons tout fait nous même ! »
Leçon 2 - Le vrai besoin pour tout apprenant est le besoin d’appréciation
En d’autres termes, nous avons tous besoin de feed-back. Nous avons
besoin de savoir de quelle manière nous progressons. De manière idéale,
cela devrait se faire toutes les 20 minutes. En tant qu’animateurs dans
un groupe moyen ou plus important, il nous serait impossible d’offrir
des feed-back à chaque apprenant toutes les 20 minutes. Notre rôle est
donc d’orchestrer ce processus afin qu’il intervienne. Je ne parle pas
ici du feed-back complet que vous recevriez lors d’une évaluation, mais
de celui qui nous permet de savoir que nous sommes sur le bon chemin.
Essayez ces idées simples mais très efficaces :
* Après 20 minutes de contenu, demandez aux apprenants de former des
binômes et de discuter des idées clefs des 20 dernières minutes,
et de la manière dont ils pourront les introduire dans leur
situation professionnelle. Si le temps le permet, cela peut être
également partagé avec l’ensemble du groupe.
* Formez des équipes de 4-6, et demandez à chacune d’elles de créer
un schéma heuristique ou un pictogramme de ce qu’ils viennent
d’apprendre. Cela garantira un bon feed-back au sein de l’équipe.
Vous pouvez étendre cette activité en proposant aux autres équipes
de donner leur feed-back, une autre idée et/ou d’apporter une
suggestion relative au pictogramme de leur collègue.
* Élaborez un contrôle préalable et ultérieur concernant une partie
du contenu. Le contrôle préalable indiquera aux apprenants ce
qu’ils connaissent déjà, sur le sujet, le contrôle ultérieur fera
état de ce qu’ils ont appris, grâce au contenu offert.
Le feed-back est probablement la motivation numéro 1 de l’apprentissage
Leçon 3 Diviser et conquérir
En tant qu’animateur, si je souhaite que les apprenants partagent des
idées et travaillent en groupe, il me faut créer un bon environnement
pour permettre à cette situation de prendre place. Ce que je veux éviter
est que la l’attitude négative d’une personne influence tous les autres
apprenants. La négativité se propage le plus vite parmi les apprenants
si les tables sont installées en forme de « U » ou de « Fer à cheval ».
Pour la minimiser ou l’éliminer totalement, je vous suggère de diviser
vos apprenants en petites équipes de 4 ou 6, et d’installer des tables
rondes ou de former des carrés avec des tables rectangulaires. A
présent, lorsque je souhaite que les équipes travaillent en commun, je
n’ai plus aucun problème. Si un apprenant fait preuve de négativité,
j’ai appris que l’équipe à laquelle il fait partie transformera
elle-même cette situation, à ma place. Cela me permet également de
séparer, sans être pour autant autoritaire, les apprenants qui
souhaitent rester auprès de leur collègue de travail. Faisant partie de
différentes équipes, ils seront obligés de prendre part à l’atelier au
lieu de rester assis en train de chuchoter. J’ai divisé et conquis !
Mais, bien entendu, de la manière la plus naturelle possible.