Un gouvernement qui ne voit rien, n'entend rien, et qui ne dit surtout pas quels seront les impacts des projets de loi déposés sur les conditions de vie des Québécoises

Un gouvernement qui ne voit rien, n'entend rien, et qui ne dit surtout pas quels seront les impacts des projets de loi déposés sur les conditions de vie des Québécoises

Trois-Rivières, le 17 décembre 2003 Un gouvernement qui Ne voit rien, N'entend rien, Et qui ne dit surtout pas quels seront les impacts des projets de loi déposés sur les conditions de vie des Québécoises Maintenant que le gouvernement a adopté à toute vapeur différents projets de loi le 16 décembre 2003, la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie s'interroge sur l'urgence de ces adoptions et déplore le manque d'écoute du gouvernement du Québec. Tel un commando ayant une mission à parachever, le gouvernement ferme les yeux sur les milliers de manifestantEs qui ont déambulé dans les rues depuis le 21 octobre dernier pour dénoncer ces projets de loi; il fait la sourde oreille face aux différentes revendications portées par ceux-ci, que ce soit par le mouvement des femmes, les organismes communautaires, les Centres de la petite enfance ou des syndicats ; et surtout, il ne dit pas que plusieurs de ces projets de loi auront des conséquences désastreuses pour la situation socio-économique des Québécoises, en plus de les exclure de la prise de décision en matière de développement régional et local. Le message est clair: la condition féminine n'est plus à l'agenda du gouvernement et les politiques mises en place n'ont plus de mesures particulières pour faire en sorte que les femmes occupent une place véritable au sein de la société. Après avoir refusé de nommer une ministre à la Condition féminine, le gouvernement Charest s'est attaqué aux frais des services de garde, niant la nécessité de ce service pour soutenir la présence des femmes sur le marché du travail et leur permettre une autonomie financière. L'augmentation des coûts des services de garde nuira grandement aux femmes à revenu moyen ou faible, et particulièrement les cheffes de famille monoparentale. Notons simplement que les femmes de la région gagnent en moyenne 16.315$ par année alors que la moyenne pour les hommes est de 28.371$, soit un écart de plus de 10.000$, ce qui nous fait dire que malheureusement encore aujourd'hui, "la pauvreté a un sexe". En plus d'appauvrir davantage les femmes, le gouvernement Charest tente de les exclure des lieux de pouvoir en développement local et régional. Le projet de loi 34 qu'il a adopté menace les avancées obtenues en condition féminine dans le développement local et régional en ne précisant pas que les femmes doivent occuper la place qui leur revient dans la future instance de gouverne régionale, la Conférence régionale des élus (CRE). En effet, comment les femmes pourront-elles participer pleinement en tant que partenaires du développement si l'on remet ce pouvoir décisionnel aux seuls éluEs municipaux où elles sont peu présentes? À ce jour en Mauricie, les femmes représentent 24,8% des membres des conseils municipaux et tout au plus 12,5% des maires et des mairesses. Il y là une disproportion importante dans la représentation homme-femme qui nous inquiète, car les femmes seront très faiblement représentées à la nouvelle structure de gouverne régionale. Un bref survol des régions du Québec nous a permis de constater que si le projet de loi 34 est adopté dans sa forme actuelle, les Conférences régionales des élus de six régions n'auront aucune représentation féminine, six autres auront une représentante féminine, deux autres en auront deux (dont la Mauricie) et une seule région en aura trois. C'est un énorme recul quand on sait qu'actuellement, au Conseil régional de développement de la Mauricie (qui sera remplacé par la CRE), les femmes représentent 31,2% des membres du conseil d'administration. À ce moment-ci, nous pourrions penser que la "cour est pleine". Et bien non! Les femmes doivent en plus faire face à des projets de loi et des projets en réflexion qui sont loin de faire consensus. L'ouverture de l'article 45 du Code du travail sur la sous-traitance aura quel impact sur la santé économique des Québécoises? Pourquoi le gouvernement du Québec refuse-t-il la possibilité de se syndiquer aux travailleuses des garderies en milieu familial et à celles tenant des ressources de type familial? Où en est le plan d'action de lutte à la pauvreté? Que dire de la réforme prévue du système québécois de santé et de services sociaux qui aura aussi des répercussions sur les femmes; parce qu'elles sont des utilisatrices de services, parce qu'elles sont nombreuses à travailler dans ce secteur et souvent, parce qu'elles suppléent au manque de services en étant des proches aidantes? Et en plus, la responsable du dossier condition féminine au gouvernement, Madame Courchesne, ministre des Relations avec les Citoyens et de l'Immigration, jongle avec l'idée d'abolir le Conseil du statut de la femme et le Secrétariat à la condition féminine. Il est clair que tous les changements apportés par le gouvernement auront des répercussions importantes pour les femmes de notre région. Promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes demande une action multisectorielle, intersectorielle et horizontale. Pour nous, membres de la Table de concertation du mouvement des femmes et structure régionale défendant les droits et intérêts des mauriciennes, il importe avant tout que l'on s'assure que la région ait les outils nécessaires pour travailler à l'égalité des femmes dans une perspective intersectorielle. C'est pourquoi, nous, les femmes de la région de la Mauricie réunies dans les groupes de femmes, syndiquées et non-syndiquées, pauvres et moins pauvres, militantes, bénévoles, travailleuses communautaires demandons au Premier Ministre Jean Charest de: - reconduire une politique en matière de condition féminine. La recherche de l'égalité entre les hommes et les femmes ne peut être un simple cri de ralliement, elle doit s'incarner dans une politique pour devenir une réalité. - nommer une ministre à la condition féminine qui peut porter dans tout l'appareil gouvernemental la préoccupation de ce dossier. - maintenir les services, les instances et le mandat du CSF. Le CSF est un organisme d'étude et de consultation dont les mandats sont de conseiller le gouvernement sur tout sujet qui touche l'égalité des sexes et le respect des droits des femmes et informer le public et les femmes en particulier sur leurs droits et leurs conditions de vie. Ce mandat doit demeurer et être actualisé. - implanter des mesures pro-actives pour réduire la pauvreté des femmes et celle des familles. Des mesures réelles qui permettront de vraiment sortir les femmes de la pauvreté et qui ne feront pas en sorte de les maintenir davantage ou pire de l'accentuer. Quant aux projets de loi adoptés le 16 décembre, nous dénonçons: - qu'ils n'aient pas été analysés en fonction de leur impact sur les femmes et qu'ils ne garantissent aux femmes de notre région et du Québec qu'aucun projet de loi ne limitera leurs droits, ne les appauvrira, ni n'augmentera leurs tâches. Nous refusons de retourner à l'époque de Duplessis ! Nous ne sommes pas contre le changement et nous sommes prêtes à y participer. Toutefois, les projets de loi, tels qu'ils ont été adoptés, attestent d'un recul évident pour les femmes du Québec, mais aussi pour les femmes du monde. Rappelons-nous bien qu'à l'heure de la mondialisation, l'économie n'est pas seule à circuler librement, l'information fait aussi son grand tour du monde. Source: Joanne Blais, coordonnatrice : (819) 372-9328 ---------------------- Retransmis par Nicole Nepton nnepton@cybersolidaires.org http://www.cybersolidaires.org Pour une information libre et indépendante : le portail des médias alternatifs du Québec http://http://www.reseaumedia.info