' Nous réclamons la justice sociale ! '
Communiqué de presse - Pour diffusion immédiate
Nous réclamons la justice sociale !
Kay Fanm, organisation haïtienne de pression
pour la promotion et la défense des droits de la femme
Montréal - jeudi 29 avril 2004-« Les gouvernements haïtiens successifs n'ont rien fait pour combattre la violence faite aux femmes, qui est l'expression d'une conception des rapports où l'homme domine la femme. » Magalie Marcelin , de l'organisation haïtienne Kay Fanm (La maison des femmes) juge sévèrement le bilan des hommes politiques haïtiens qui ont laissé dans leur sillage un appareil judiciaire corrompu, qui met en danger les femmes.
Magalie Marcelin est à Montréal à l'occasion du lancement de la campagne d'Amnistie internationale (AI) « Halte à la violence contre les femmes ». Elle prendra la parole le 1er mai, dans le cadre de la rencontre annuelle sur les droits humains organisée par AI.
En temps de paix comme en temps de guerre, les femmes se voient infliger des atrocités pour la simple raison qu'elles sont des femmes. Elles sont les premières à subir la pénurie de services sociaux, les premières à être privées d'éducation et de soins de santé. Les femmes pauvres sont davantage exposées à la violence, moins capables d'y échapper. La capacité des femmes à s'organiser et à lutter pour le changement se bute à l'impunité dont jouissent les responsables des violations des droits humains.
Ainsi, Amnistie internationale a émis ces derniers jours une action urgente qui illustre à quel point le climat actuel d'insécurité en Haïti a des répercussions toutes particulières pour les femmes. Cette action porte sur une jeune femme menacées par un policier récemment échappé de prison. Ce policier et au moins quatre autres hommes avaient été accusés du viol collectif de la jeune femme en novembre 2003. Deux des hommes avaient été arrêtés, dont ce policier. Tous deux se sont évadés de prison lors d'une mutinerie le 29 février dernier, profitant du chaos ambiant. L'organisation de défense des droits des femmes et l'organisation de défense des droits
humains soutenant la jeune femme ont également reçu des menaces.
« Les conflits armés ont des répercussions désastreuses sur les femmes, bien au-delà de la violence inhérente à la guerre, poursuit Mme Marcelin. Non seulement les hommes continuent à battre leur femme ou à les assassiner en toute impunité, mais les agents gouvernementaux commettent des violences sexuelles. Le viol est utilisé comme une arme politique. »
Les crises politiques récurrentes en Haïti trouvent leur cause dans une politique très ancienne de violations des droits humains commises en toute impunité. Le cycle de l'impunité doit être brisé et les auteurs d'atteintes graves aux droits humains de toutes factions doivent être traduits en justice. La sécurité des juges, procureurs, victimes, témoins et défenseurs des droits humains impliqués dans des affaires concernant des atteintes aux droits fondamentaux des personnes doit être assurée.
Le rôle clé joué par les défenseurs des droits humains
Ici aussi, les femmes ne sont pas uniquement des victimes, loin de là. « C'est parce qu'elles avaient le désir d'apporter des solutions pour changer la réalité des gens, surtout des femmes, que les organisations de femmes haïtiennes ont amorcé dès 1986 la démarche de travailler ensemble, de discuter de leurs désaccords, pour ensuite faire front commun pour un plan de plaidoyer afin de combattre entre autres la féminisation de la pauvreté. » expose Magalie Marcelin. « Contrairement à d'autres qui font semblant de s'unir pour prendre le pouvoir, puis s'entredéchirent, la plate-forme des organisations de femmes a élaborer un plan d'action concret. Ce qui anime les membres, c'est le pouvoir de, au lieu du pouvoir sur », précise Mme. Marcelin
Elle vient partager les données statistiques recensées par Kay Fanm qui démontre entre autres une féminisation de la pauvreté en Haïti, et surtout, elle vient parler des gestes concrets qui seront posés par son organisation au cours des prochains mois, que ce soit des demandes très précises au gouvernement, ou des actions de solidarité internationales, comme des tribunaux symboliques. Magalie Marcelin espère également que le point de vue et la vision des femmes prendra plus de place en politique.
En dépit du climat d'insécurité et des erreurs du passé, Magalie Marcelin est optimiste. « Le problème de la violence faite aux femmes, en Haïti comme ailleurs, est maintenant reconnu comme un problème social. Cette violence est dénoncée. Alors qu'avant les femmes étaient soupçonnées d'avoir mérité ce qu'il leur arrivait, elles sont aujourd'hui encouragées à aller chercher de l'aide et à ne pas se laisser faire. ».
Dans le cadre de la campagne "Halte à la violence contre les femmes.." la section canadienne francophone d'Amnistie internationale, soucieuse de soutenir le travail des organisations de défense des droits des femmes, entend apporter un appui tout particulier à Kay Fanm.
Historique de Kay Fanm
En 1984, un groupe de techniciennes en développement qui travaillaient en milieu rural haïtien se réunirent pour analyser les difficiles conditions de vie des paysannes haïtiennes et étudier toutes les possibilités pouvant conduire à un changement véritable de cette situation. Ce petit groupe de réflexion arriva bientôt à la conclusion que seul une organisation féministe, composée uniquement de femmes, pouvait avoir la détermination de lutter contre le système haïtien patriarcal. Aujourd'hui. Kay Fanm est une organisation à la fois féministe et politique, qui offre des services aux membres (hébergement et réhabilitation de femmes violentées, auto formation) et mène des campagnes d'information, de mobilisation et de pression.
Anne Sainte-Marie
Responsable des communications
Amnistie internationale
(514) 766-9766 poste 230
aste-marie@amnistie.qc.ca
------------------
ACTION URGENTE
DOCUMENT PUBLIC AMR 36/033/2004 - ÉFAI
AU 149/04
Avertissement : Amnistie internationale défend des individus sans prendre position ni sur leurs idées ni sur les organisations auxquelles ils pourraient adhérer.
MENACES DE MORT / HARCÈLEMENT
HAÏTIMarie Nadia Charles (f), directrice
Renan Hédouville (h), secrétaire général
Morisseau Jean Rony (h), avocat
ainsi que les autres membres du Comité des avocats pour le respect des libertés individuelles (CARLI)
Carline Séide (f)
______________________________________________________
Londres, le 20 avril 2004
Amnistie internationale est préoccupée par la sécurité des personnes mentionnées ci-dessus, qui ont été la cible de menaces de mort et d'actes d'intimidation. Les membres du Comité des avocats pour le respect des libertés individuelles (CARLI) sont particulièrement visés. Ces manouvres ont pour but de les empêcher de mener leur action en faveur des droits humains.
Le CARLI s'occupe de l'affaire d'une jeune femme, Carline Séide, qui a été victime d'un viol collectif commis par sept hommes en novembre 2003. L'un des auteurs présumés de ce viol est un policier, qui a été arrêté en compagnie d'un autre homme. Cependant, ils se sont tous deux évadés de prison le 29 février 2004. Depuis lors, des hommes affirmant être envoyés par le policier se sont rendus à plusieurs reprises au domicile de Carline Séide pour la menacer, elle et des membres du CARLI. Carline Séide, qui se cache actuellement, a été avertie qu'elle paierait pour avoir dénoncé le policier.
Des membres du CARLI ont également été menacés directement. Le 24 mars vers 10 heures du matin, un juge suppléant du tribunal de paix du quartier de Delmas, à Port-au-Prince, s'est rendu dans les bureaux du CARLI en compagnie de sept hommes. Selon les informations recueillies, il a menacé de tuer les membres du personnel du CARLI qui se trouvaient alors sur place, notamment Marie Nadia Charles, la directrice, et Morisseau Jean Rony, un avocat.
Selon le CARLI, les menaces proférées par le juge font suite à la présence de son nom sur une liste recensant l'identité d'auteurs de violations des droits humains. Dressée à l'aide d'informations collectées à partir d'un numéro d'assistance téléphonique destiné à recevoir les appels des victimes d'atteintes aux droits humains, cette liste est publiée tous les mois. En février 2004, le CARLI a porté le nom du juge sur la liste en raison de sa responsabilité présumée dans les arrestations arbitraires, le 6 de ce mois, de cinq personnes, dont la militante des droits humains Kettelie Julien.
Des membres du CARLI ont indiqué à une délégation d'Amnistie internationale présente en Haïti du 25 mars au 8 avril 2004 qu'ils recevaient des menaces téléphoniques presque tous les jours, et que le secrétaire général du Comité, Renan Hédouville, était particulièrement visé.
INFORMATIONS GÉNÉRALES
Depuis le départ du président Aristide, à la fin du mois de février, Haïti est toujours en proie à un grave conflit civil, caractérisé par une absence d'état de droit et un manque de respect des droits humains. Le gouvernement provisoire a rapidement procédé à l'arrestation de membres de premier plan de l'ancien gouvernement ou de Fanmi Lavalas (FL, Famille Lavalas), le parti de Jean Bertrand Aristide. Ces personnes étaient soupçonnées de violences politiques ou de corruption. Toutefois, le gouvernement provisoire n'a pris aucune mesure contre un certain nombre d'auteurs présumés de graves
atteintes aux droits humains, dont certains dirigeants à l'origine de l'insurrection ayant conduit au départ du président Aristide.
Amnistie internationale demeure vivement préoccupée par la sécurité de la population civile. Malgré la présence de la force multinationale intérimaire dirigée par les États-Unis, un grand nombre de groupes armés - des anciennes forces « rebelles » et leurs partisans aussi bien que des milices fidèles à l'ancien président Aristide - continuent d'opérer dans tout le pays. Nombre de ces groupes contrôlent actuellement des parties du territoire où ils agissent en autorités de facto. Un nombre croissant d'atteintes commises par ces groupes ont été portées à la connaissance d'Amnistie internationale.
ACTION RECOMMANDÉE : dans es appels que vous ferez parvenir le plus vite possible aux destinataires mentionnés ci-après (en français ou dans votre propre langue) :
- dites-vous préoccupé par la sécurité des membres du Comité des avocats pour le respect des libertés individuelles (CARLI) et de Carline Séide ;
- demandez instamment aux autorités de mener une enquête exhaustive sur le viol de Carline Séide et sur les menaces dont elle et des membres du CARLI ont fait l'objet, et de faire en sorte que les responsables présumés de ces actes soient traduits en justice ;
- engagez les autorités à reconnaître publiquement l'importance du rôle joué par les défenseurs des droits humains et à rappeler à tous les Haïtiens que les tentatives visant à empêcher ces personnes de faire leur travail ne seront pas tolérées ;
- déclarez-vous vivement préoccupé par le fait que le CARLI a de plus en plus de difficultés à mener ses activités légitimes en faveur des victimes d'atteintes aux droits humains en raison des menaces et des actes de harcèlement dont il est la cible ;
- engagez le gouvernement haïtien à respecter les obligations qui lui incombent en matière de protection des défenseurs des droits humains, telles qu'elles sont énoncées dans la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, adoptée par les Nations unies, ainsi que dans la résolution sur les défenseurs des droits de la personne dans les Amériques adoptée par l'Organisation des États américains (OEA).
APPELS À :
Remarque : si vous n'arrivez pas à obtenir la ligne de fax, veuillez envoyer vos appels par la poste.
Directeur général de la Police nationale d'Haïti :
M. Léon Charles
Directeur général de la Police nationale d'Haïti
Grand Quartier général de la Police
12 rue Oscar Pacot
Port-au-Prince, Haïti
Télégrammes : Directeur général de la Police nationale d'Haïti, Port-au-Prince, Haïti
Fax : +509 245 7374 (si quelqu'un décroche, demandez la ligne de fax)
Formule d'appel : Monsieur le Directeur,
Ministre de la Justice et de la Sécurité publique :
Monsieur Bernard Gousse
Ministre de la Justice et de la Sécurité publique
Ministère de la Justice
19 avenue Charles Sumner
Port-au-Prince, Haïti
Télégrammes : Ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Port-au-Prince, Haïti
Fax : +509 245 0474 (si quelqu'un décroche, demandez la ligne de fax)
Formule d'appel : Monsieur le Ministre,
PRIÈRE D'INTERVENIR IMMÉDIATEMENT.
APRÈS LE 1er JUIN 2004, VÉRIFIEZ AUPRÈS DE VOTRE SECTION S'IL FAUT ENCORE INTERVENIR. MERCI.
La version originale a été publiée par Amnesty International,
Secrétariat international, 1 Easton Street, Londres WC1X 0DW, Royaume-Uni.
La version française a été traduite et diffusée par Les Éditions
Francophones d'Amnesty International - ÉFAI -
Vous pouvez consulter le site Internet des ÉFAI à l'adresse suivante : http://www.efai.org
-------------------
Québec, le 28 avril 2004
Directeur général de la Police nationale d'Haïti
Grand Quartier général de la Police
12 rue Oscar Pacot
Port-au-Prince, Haïti
Sujet :Marie Nadia Charles, directrice; Renan Hédouville, secrétaire
général; Morisseau Jean Rony, avocat ainsi que les autres membres du Comité des avocats pour le respect des libertés individuelles (CARLI) et Carline Séide AU 149/04
Monsieur le Directeur,
Je suis vivement préoccupée par la sécurité de madame Marie Nadia Charles, madame Carline Séide, monsieur Renan Hédouville, monsieur Morisseau Jean Rony et des autres membres du CARLI. Ces personnes ont été la cible de menaces de mort et d'actes d'intimidation ayant pour but de les empêcher de mener leur action en faveur des droits humains. Cela m'inquiète particulièrement.
Le CARLI s'occupe de l'affaire d'une jeune femme, Carline Séide, qui a été victime d'un viol collectif commis par sept hommes en novembre 2003. L'un des auteurs présumés de ce viol est un policier, qui a été arrêté en compagnie d'un autre homme. Cependant, ils se sont tous deux évadés de prison le 29 février 2004. Depuis lors, des hommes affirmant être envoyés par le policier se sont rendus à plusieurs reprises au domicile de Carline Séide pour la menacer et l'avertir qu'elle paierait pour avoir dénoncé le policier.
Des membres du CARLI ont également été menacés directement. Le 24 mars vers 10 heures du matin, un juge suppléant du tribunal de paix du quartier de Delmas, à Port-au-Prince, s'est rendu dans les bureaux du CARLI en compagnie de sept hommes. Il a menacé de tuer les membres du personnel du CARLI qui se trouvaient alors sur place, notamment Marie Nadia Charles, la directrice, et Morisseau Jean Rony, un avocat.
Considérant la gravité de ces informations, je demande instamment aux autorités de mener une enquête exhaustive sur le viol de Carline Séide et sur les menaces dont elle et des membres du CARLI ont fait l'objet et de faire en sorte que les responsables présumés de ces actes soient traduits en justice.
J'engage les autorités à reconnaître publiquement l'importance du rôle joué par les défenseurs des droits humains et à rappeler à tous les Haïtiens que les tentatives visant à empêcher ces personnes de faire leur travail ne seront pas tolérées.
Enfin, j'engage le gouvernement haïtien à respecter les obligations qui lui incombent en matière de protection des défenseurs des droits humains, telles qu'elles sont énoncées dans la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, adoptée par les Nations unies, ainsi que dans la Résolution sur les défenseurs des droits de la personne dans les Amériques adoptée par l'Organisation des États américains (OEA).
Souhaitant une réponse ainsi qu'une solution respectueuse des droits humains fondamentaux universellement reconnus, je vous prie d'accepter l'expression de ma plus haute considération.
c.c. Ambassade de la République d'Haïti, 130, rue Albert bureau 1409, Ottawa, Ontario, Canada, K1P 5G4, Télécopieur (613) 238-2986 ; E-mail: bohio@sympatico.ca
APPELS À :
Remarque : si vous n'arrivez pas à obtenir la ligne de fax, veuillez envoyer vos appels par la poste.
Directeur général de la Police nationale d'Haïti :
M. Léon Charles
Directeur général de la Police nationale d'Haïti
Grand Quartier général de la Police
12 rue Oscar Pacot
Port-au-Prince, Haïti
Télégrammes : Directeur général de la Police nationale d'Haïti, Port-au-Prince, Haïti
Fax : +509 245 7374 (si quelqu'un décroche, demandez la ligne de fax)
Formule d'appel : Monsieur le Directeur,
Ministre de la Justice et de la Sécurité publique :
Monsieur Bernard Gousse
Ministre de la Justice et de la Sécurité publique
Ministère de la Justice
19 avenue Charles Sumner
Port-au-Prince, Haïti
Télégrammes : Ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Port-au-Prince, Haïti
Fax : +509 245 0474 (si quelqu'un décroche, demandez la ligne de fax)
Formule d'appel : Monsieur le Ministre,
PRIÈRE D'INTERVENIR IMMÉDIATEMENT.
APRÈS LE 1er JUIN 2004, VÉRIFIEZ AUPRÈS DE VOTRE SECTION S'IL FAUT ENCORE INTERVENIR. MERCI.