Des leaders Afro-Québécoises inquiètes s’adressent aux chefs des partis politiques en campagne électorale
Au moment où la campagne électorale canadienne touche à sa fin et qu’on verra bientôt l’élection d’un Premier Ministre et d’un nouveau gouvernement, des leaders de la Communauté d’ascendance africaine au Québec se sont rencontrées le samedi 14 janvier pour échanger leurs idées sur le manque de prise en compte des Afro–Québécoises, et surtout, de leurs jeunes dans cette campagne. Il s’en est dégagé une grande inquiétude de leur part.
Conscientes qu’une exclusion qui perdure pourrait engendrer un ras de bol des jeunes issus de l’immigration et conduire à leur révolte et à des violences non contrôlables, ces leaders Afro-Québécoises ont décidé de s’adresser aux chefs des partis politiques pour leur demander ce qu’ils prévoient faire pour changer la condition de la Communauté Afro-Québécoise quand ils seront élus.
Il est aujourd’hui connu et reconnu que celle-ci est la principale victime des inégalités sociales. Des études (Torczyner, J.L, 1987, Conseil de statut de la femme, 2005), des consultations (MRCI, MICC, 2003, 2005), des reportages journalistiques et même le rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies sur le racisme, la xénophobie et les discriminations ont corroboré cet état de fait. Les Afro–Québécoises constituent donc la minorité des minorités à savoir celle qui vit le plus l’exclusion sociale, économique, culturelle et politique.
Pourtant, elle possède tous les atouts que requiert l’intégration en Amérique du Nord, à savoir l’instruction, l’expérience professionnelle, la jeunesse, en plus de la volonté de vivre et de travailler en français. La récente publication du Conseil du statut de la femme (CSF), principal conseiller du gouvernement du Québec en matière de droits et de conditions des femmes le confirme.
Les Afro-Québécoises font partie des immigrées qui sont plus diplômées que la moyenne nationale. Selon le CSF dans "Les femmes immigrées au Québec, 2005" : «Les immigrantes des dernières vagues sont très scolarisées et diplômées, davantage que les femmes nées au Québec.» Précisons toujours avec CSF (2005 : 22) que «Sur l’ensemble des femmes immigrées au Québec recensées en 2001, 169 305 appartiennent à une minorité visible, soit 47% du total des femmes immigrées. … donc presque la moitié» et «qu’elles représentent 45% des femmes immigrées diplômées universitaires, 49 % de celles qui ont un diplôme collégial …» Elles sont également jeunes _51% d’entre elles ont entre 20 et 40 ans_ et possèdent d’importantes connaissances linguistiques puisque «Près des trois quarts des femmes immigrées (73%) connaissent le français, 44 % le français et l’anglais, 29% le français seulement, 20% l’anglais uniquement et 7% ni le français ni l’anglais.» (CSF, 2005 : 32).
Malgré tous ces atouts, toujours selon le CSF, les inégalités à l’emploi sont criantes: «Une femme immigrée avec un doctorat en poche chômera donc autant qu’une Québécoise diplômée du collégial et celle détenant une maîtrise autant qu’une Québécoise avec une formation post secondaire partielle.» De même, «les Européennes chôment nettement moins (9% en moyenne) que les Africaines (18%)».
«Le revenu moyen en 2000 des femmes immigrées était de 19 766 $, soit 1 520$ de moins que celui des Québécoises et 11 308 $ de moins que celui des hommes immigrés. … Le revenu moyen des femmes appartenant à des minorités visibles est encore plus bas, soit 17 321$.» (CSF, 2005 : 77).
Ces conditions cantonnent les Afro-Québécoises dans la pauvreté et ses conséquences néfastes sur leurs familles. Pire, elle place leurs enfants dans un processus d’autodestruction allant du décrochage scolaire à la criminalité en passant par la délinquance ; la prolifération des armes à feu et de la drogue aidant.
Messieurs les Chefs des partis politiques, comment comptez-vous agir pour changer ces conditions injustes et désastreuses que vivent les Afro-Québécoises et leurs enfants, les enfants du Québec ?
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Source : Comité d’initiative «Fédération Rosa Parks pour des droits des Afro-Québécoises » :
- Jacqueline Kavanaght, Organisatrice communautaire (450–671–8339);
- Mamie Henriette Nzuji Ntumba, des Mamies immigrantes (514–762–9808);
- Catherine Thélémaque, Comité Ad hoc de soutien aux minorités (514–471–5538);
- Muna Mingole, Chanteuse - Auteure –Compositeure (514–817–0566);
- Aoua Bocar LY, Réseau « Femmes africaines, Horizon 2015 » (514–739–5574).