Les violences faites aux femmes en France : une affaire d'État

Les violences faites aux femmes en France : une affaire d'État

Les violences faites aux femmes en France : une affaire d'État Considérée pendant longtemps et par beaucoup comme une affaire privée qui ne relève que de l'intime, la violence faite aux femmes est pour Amnesty International une affaire d'État. Le 23 novembre 2005, le gouvernement a publié les chiffres d'une enquête réalisée auprès des services de police, dévoilant des chiffres déjà soupçonnés, et non moins accablants : tous les quatre jours en France, une femme meurt sous les coups de son partenaire. Parmi ces femmes, plus de la moitié avaient déjà subi des violences dans leur couple. Dans cet ouvrage, le but d'Amnesty International est de faire un état des lieux, non pas de la violence elle-même, mais de la réponse des autorités françaises à ces violences subies par les femmes. Les constats faits ici ainsi que les recommandations sont le fruit d'une année d'enquête et de synthèse réalisées auprès des acteurs impliqués dans ces domaines. On peut se demander pourquoi Amnesty International s'intéresse à cette question. La réponse est simple : la violence faite aux femmes est avant tout une violation des droits humains, droit à la sécurité, à l'égalité, à la liberté, et parfois même droit à la vie. La France, signataire des principaux traités relatifs aux droits humains, est responsable devant la communauté internationale, mais avant tout devant ses citoyens, du respect de la dignité et des libertés fondamentales de chacun. Les obligations de l'État ne se limitent pas à mettre ses lois en conformité avec les normes internationales. Les autorités françaises doivent se donner les moyens nécessaires pour que ces droits soient véritablement respectés, garantis et protégés. Ceci implique non seulement de sanctionner les auteurs de ces violences, d'offrir des réparations adéquates aux personnes victimes, mais aussi de prendre toutes les mesures pour prévenir ces violences. L'État est non seulement comptable de ses actions, mais il doit aussi protéger les personnes contre des violences commises par d'autres. Cette étude apporte un éclairage sur différentes manifestations de la violence en France, à savoir la violence dans le couple, les obstacles spécifiques rencontrés par les femmes étrangères, la question des mariages forcés, la traite des femmes aux fins de prostitution. Même s'ils ne sont pas exhaustifs, ces exemples sont significatifs : il s'agit de violences souvent cachées, durables, entretenues par un système d'emprise. Si les actes de violence au sein du couple touchent, selon une enquête nationale publiée en 2003, près d'une femme sur dix en France, la réponse qui leur est faite, en particulier par la justice, reste timide. Cet ouvrage analyse les écueils que rencontrent ces femmes dans leur difficile accès à la justice. Pourtant des solutions existent. Prenant appui sur le cadre normatif des droits humains mais aussi sur la réflexion et l'expérience des acteurs de terrain, Amnesty International adresse ici des recommandations aux autorités françaises. Par ailleurs, si des outils juridiques existent, les femmes ont souvent une mauvaise connaissance de leurs droits, et les professionnels, qu'ils soient policiers, magistrats, travailleurs sociaux, ou médecins, ne sont en général pas suffisamment outillés pour leur offrir l'accompagnement adéquat. Or, ces femmes, pour dépasser leur situation, notamment pour quitter l'auteur des violences, ont besoin d'une véritable alternative à leur portée, d'une protection et d'un projet. La contribution d'Amnesty International à la lutte contre la violence faite aux femmes est un signal d'alarme adressé à la société et un appel à la responsabilité de l'État. Lorsqu'une femme victime de violences ose «briser le silence», comme l'y invitait une campagne de sensibilisation des années 1990, elle ne doit plus se trouver face à l'incompréhension et à l'indifférence. Quinze ans après, cette enquête d'Amnesty International montre combien il est difficile, aujourd'hui encore, d'appréhender la gravité de ce phénomène et d'y répondre. Tant que la violence faite aux femmes sera occultée ou relativisée, tant qu'elle ne sera pas suffisamment prise en compte par l'État et reconnue comme un véritable enjeu par la société toute entière, elle ne cessera pas. C'est à ce prix seulement que la France qui se revendique comme la patrie des droits de l'homme sera aussi celle des droits des femmes. Un reportage photographique permet enfin de mettre en perspective les propos d'Amnesty International. Il suit de près le parcours de femmes confrontées à la violence au sein de leur couple. Ce choix est aussi le reflet d'une réalité : si ces violences en particulier sont de plus en plus exposées sur la place publique, les autres formes de violences abordées dans cet ouvrage sont quant à elles encore largement méconnues et comme invisibles. Pour accéder au rapport : http://web.amnesty.org/library/index/fraeur210012006 ============================================== Source : Amnistie internationale, site Web en langue française - http://efai.amnesty.org/