Victoire du mouvement anti-CPE en France: Chirac enterre le CPE, les syndicats et la gauche crient victoire
Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont enterré lundi le CPE après plus de deux mois de crise, une décision saluée comme une victoire par les syndicats, tandis que l'opposition évaluait avec gourmandise les dégâts politiques pour la droite.
"Sur proposition du Premier ministre", le président de la République "a décidé de remplacer l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances" créant le contrat première embauche "par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté", a annoncé l'Elysée lundi matin, à l'issue d'une réunion avec les principaux responsables du dossier au sein du gouvernement et de la majorité.
Un peu plus tard, dans une brève allocution à Matignon, le Premier ministre, qui avait lancé le CPE le 16 janvier, annonçait également son remplacement dans des termes quasiment identiques.
"Les conditions nécessaires de confiance et de sérénité ne sont réunies ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises pour permettre l'application" du CPE, a souligné M. de Villepin, regrettant de ne pas avoir été "compris par tous" sur ce sujet.
Lundi soir à TF1, le chef du gouvernement a reconnu que la crise du CPE avait été "effectivement une épreuve, un temps extrêmement difficile" pour lui, en affirmant aussi avoir "toujours indiqué" qu'il "n'avait pas d'ambition présidentielle".
Il proposera "au cours des prochains mois" aux partenaires sociaux et aux organisations étudiantes et lycéennes de traiter "pas à pas les problèmes" de l'emploi des jeunes.
Le chef de file des députés UMP, Bernard Accoyer, a annoncé le dépôt ce lundi de la proposition de loi remplaçant le CPE. Le débat sur le texte "pourrait débuter mardi soir" à l'Assemblée, selon une source gouvernementale.
La proposition de loi "sur l'accès des jeunes à la vie active en entreprise" prévoit une aide à tout employeur embauchant en CDI un jeune de 16 à 25 ans de faible qualification, ou résidant en zone urbaine sensible ou titulaire d'un contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis).
Syndicats et organisations de jeunes mobilisées contre le CPE, qui avaient donné au gouvernement jusqu'au 17 avril pour l'abroger, ont crié victoire.
L'intersyndicale s'est félicitée d'un "authentique succès", tout en affirmant rester "vigilante".
Bernard Thibault (CGT) a salué "une victoire contre la précarité", donnant rendez-vous à "un 1er mai de victoire et de revendication".
Tout en se réjouissant d'une "première victoire déterminante", Bruno Julliard (Unef, étudiants) a appelé à "maintenir la pression jusqu'au vote par le Parlement" de la proposition de loi.
La Confédération étudiante a appelé à "lever les blocages dans les Universités pour permettre" la tenue des examens.
A la veille d'une nouvelle journée d'action, 34 universités sur 62 qui fonctionnent (22 sont en vacances) étaient perturbées lundi, dont 18 bloquées, selon un décompte de l'AFP. Le ministère de l'Education nationale recensait 30 universités perturbées, dont 5 bloquées.
L'UMP s'est félicitée d'une "solution d'apaisement". Dans un entretien au Figaro à paraître mardi, Nicolas Sarkozy, son président, assure qu'il n'a "en rien renoncé à la rupture" après la crise du CPE, et que "de grands changements sont indispensables".
François Bayrou (UDF) a déploré un "gâchis" et "deux mois perdus", et la gauche a salué, comme le PCF, une "très grande victoire populaire".
Le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, a pointé "le délitement (du) pouvoir chiraquien", et le premier secrétaire du PS François Hollande a prévenu que les socialistes seraient "vigilants" sur le nouveau texte.
Les Verts ont dénoncé un "bricolage pour ne pas perdre la face".
Philippe de Villiers (MPF) a ironisé sur "le parti unique de la reculade, l'UMP-CGT, dirigé par Nicolas Sarkozy et Bernard Thibault".
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