L'investissement dans le perfectionnement des employé-e-s moins scolarisés : un atout pour la productivité des citoyens et des citoyennes

L'investissement dans le perfectionnement des employé-e-s moins scolarisés : un atout pour la productivité des citoyens et des citoyennes

Rendement élevé des investissements dans l’éducation des adultes au Canada

Le 9 juin 2006, Ottawa – Le Canada perd du terrain en autant que l’éducation des adultes est concernée. Plusieurs de ses concurrents font bien davantage pour s’assurer que leurs citoyens deviennent plus productifs.

Les faits parlent d’eux-mêmes : l’apprentissage des adultes peut contribuer à hausser la productivité, les revenus et notre compétitivité. Le gouvernement fédéral et les provinces sont conscients de cette réalité. Mais le nombre de travailleurs moins scolarisés qui participent à des activités de perfectionnement des connaissances et des compétences a à peine augmenté pendant les cinq dernières années. Pourquoi ?

Une nouvelle étude des Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques (RCRPP) offre des réponses à cette question et formule des recommandations en vue d’améliorer l’efficacité des systèmes d’éducation des adultes au Canada. Dans «Too Many Left Behind: Canada’s Adult Education and Training System», Karen Myers et Patrice de Broucker s’emploient à documenter les possibilités d’activités structurées d’apprentissage des adultes au Canada et les facteurs qui influencent la participation des travailleurs moins scolarisés et moins qualifiés. Les auteurs cernent les lacunes et proposent des façons de les corriger.

L’importance du défi est déconcertante – 5,8 millions de Canadiens, âgés de 25 ans et plus, n’ont pas terminé leurs études secondaires, tandis que 9 millions de Canadiens, âgés de 16 à 65 ans, ne possèdent pas les capacités de lecture et d’écriture qu’exigent les milieux de travail de nos jours.

Les avantages de relever ce défi sont de ce fait énormes. Des recherches récentes indiquent que les rendements des investissements dans le perfectionnement des compétences des travailleurs moins scolarisés sont de trois fois supérieurs à ceux que génèrent des investissements dans le capital physique. Mais le perfectionnement des compétences n’est pas au rendez-vous.

«Même si les travailleurs ayant une scolarité inférieure aux études secondaires sont ceux qui bénéficieraient le plus du perfectionnement de leurs compétences, nous constatons que les personnes possédant un diplôme universitaire sont cinq fois plus susceptibles de participer à des possibilités d’apprentissage des adultes », d’indiquer de Broucker. «Il s’ensuit que les travailleurs moins scolarisés sont de plus en plus défavorisés au cours de leur vie active».

Myers et de Broucker constatent que la participation aux activités de perfectionnement des compétences est influencée par des facteurs comme la croissance économique (l’attrait exercé par des possibilités d’emploi immédiates, même parmi les personnes moins scolarisées), le manque d’intérêt, le manque de confiance, le manque de sensibilisation, un milieu d’apprentissage peu flexible, et les coûts et le manque de temps. Les recherches indiquent toutefois qu’il existe une importante demande de formation insatisfaite de la part des gens moins scolarisés.

«Si cette demande était satisfaite», d’ajouter de Broucker, «la participation aux programmes permettant de terminer des études secondaires doublerait !»

Les auteurs observent aussi qu’il existe des obstacles pour ceux qui aspirent à poursuivre des études postsecondaires à un âge plus avancé dans leur vie. Le plus important d’entre eux est peut être le système d’aide financière conçu pour des étudiants qui suivent un cheminement traditionnel de l’école secondaire aux études universitaires ou collégiales et non pas pour répondre aux besoins d’étudiants plus âgés, notamment ceux qui ont des personnes à charge.

Finalement, ils constatent que le Canada tire de l’arrière par rapport à d’autres nations avancées dans le domaine de la formation liée à l’emploi. Les employeurs orientent leur appui à la formation en bonne partie vers leurs travailleurs les plus qualifiés. Certains employeurs tirent leur avantage concurrentiel d’une main-d’oeuvre peu qualifiée et à faible coût, et ils n’ont que peu d’incitations à investir dans le perfectionnement des compétences. Et les gouvernements canadiens n’ont mis en place que peu de politiques visant à encourager les employeurs à assurer la formation de leurs employés, à plus forte raison de ceux qui sont les moins qualifiés.

Que faut-il faire ?

Myers et de Broucker proposent une vision du système d’éducation des adultes qui se caractérise par les principes suivants :

  • Personne ne quittera l’école sans posséder un ensemble minimum approprié de compétences relatives à l’employabilité.
  • Tous les adultes auront accès à des possibilités d’enrichir leurs compétences de base, ainsi que de maintenir, d’améliorer et de transformer des compétences plus avancées.
  • Tous les adultes auront accès à des renseignements faciles à consulter concernant les possibilités d’apprentissage et à des services de counselling. Le système de soutien sera coordonné et facile à explorer.
  • Tous les adultes qui sont disposés à perfectionner leurs compétences recevront une aide appropriée.
  • Le perfectionnement des compétences de tous les travailleurs sera jugé comme un investissement important et valable.

Pour mettre en application leur vision de l’apprentissage des adultes, les auteurs proposent les cinq étapes suivantes :

  1. Mettre en place un cadre de politiques publiques qui reconnaît un «droit à l’apprentissage».
  2. Élaborer des programmes de soutien financier adaptés aux besoins des apprenants adultes.
  3. Offrir des incitations aux employeurs en vue d’appuyer la formation de leurs employés moins qualifiés – un défi complexe qui nécessite des recherches plus poussées afin de déterminer les leviers les plus efficaces.
  4. Augmenter les investissements des gouvernements consacrés à la formation dans les compétences de base – en acheminant les investissements vers les personnes qui en ont le plus besoin et vers des programmes nouveaux et innovateurs.
  5. Élaborer une stratégie concertée en vue de répondre aux besoins des apprenants adultes – offrir un guichet unique, des renseignements accessibles, des guides sur les possibilités d’apprentissage, des données sur les coûts et les avantages, et des services de counselling en face-à-face.

«Il existe au Canada un consensus largement partagé à l’effet qu’un système d’éducation financé par des fonds publics est la pierre angulaire d’une société juste, productive et cohésive», d’indiquer de Broucker. « Il y a tout lieu de croire que les avantages économiques et sociaux d’un système d’éducation des adultes financé par des fonds publics seront tout aussi marqués ».

Note : Les RCRPP publient aussi un rapport d’accompagnement, «Self-assessed Returns to Adult Education: Life-long Learning and the Educationally Disadvantaged», préparé par Karen Myers et John Myles. Ce rapport évalue l’efficacité de l’apprentissage des adultes comme moyen de répondre aux besoins des adultes moins scolarisés ou moins qualifiés. Ses principales conclusions sont intégrées à l’étude de Myers et de Broucker.

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En tant qu’institut national de recherche à but non lucratif, les RCRPP ont pour mission de créer des connaissances et d’alimenter le débat public sur des questions économiques et sociales d’une importance déterminante pour le bien-être des Canadiens, afin de contribuer à l’édification d’une société plus humanitaire, plus juste et plus prospère.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur cette publication, s’adresser à :

Patrice de Broucker, chercheur principal, Réseau de la main-d’oeuvre
Téléphone : (613) 567-7500, poste 2008
Courriel : pdebroucker@cprn.org

Peter Puxley, directeur des Affaires publiques
Téléphone : (613) 567-7500, poste 2019
Courriel : ppuxley@cprn.org

http://www.bdaa.ca/WHATNEWF/manch/2006/rendment.htm


 

Pour télécharger le document «Too Many Left Behind: Canada’s Adult Education and Training System» : http://www.cprn.org/fr/doc.cfm?doc=1479