Le Projet de déclaration sur les droits des peuples autochtones avance, en dépit de l'obstruction du gouvernement canadien
OTTAWA, le 30 juin /CNW Telbec/ - Les peuples autochtones et les organismes de droits humains au Canada se réjouissent de la décision historique du Conseil des droits de l'homme d'avaliser l'adoption du Projet de déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones.
Toutefois, ces mêmes organisations se disent profondément frustrées et déçues que le gouvernement du Canada ait tenté de retarder l'adoption de cet instrument indispensable qui tarde depuis déjà trop longtemps. Le Canada a demandé le vote, espérant ainsi prévenir l'adoption de la résolution en faveur de la présentation de la Déclaration à l'Assemblée générale, mais seulement deux pays, dont le Canada, ont voté contre.
Le Conseil a plutôt décidé de présenter la Déclaration à l'Assemblée générale de l'ONU, en vue de son adoption, plus tard cette année. Il y a eu 30 votes en faveur, 2 contre et 12 abstentions.
"L'opposition du Canada à la Déclaration a terni la première session du Conseil des droits de l'homme, regrette Beverly Jacobs, Présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada. Le Conseil a été créé dans l'espoir que les Etats mettent de côté leurs considérations nationales et oeuvrent avec impartialité à l'avancement pour tous des droits de la personne.
Le fait que le Canada gâche la toute première session en poursuivant ouvertement un ordre du jour local contestable constitue une amère déception."
Le gouvernement du Canada a joué un rôle actif au sein du Groupe de travail qui a rédigé le texte actuel du projet de Déclaration et, ces dernières années, il a joué un rôle crucial en incitant les Etats à appuyer les principes du projet de déclaration. Le gouvernement actuel a tenté d'expliquer sa soudaine opposition en prétendant que certaines dispositions de la Déclaration étaient incompatibles avec le droit canadien. Il n'a fourni aucun élément pour justifier cette affirmation. Le Canada avait également échoué dans une précédente tentative de présenter une contre-résolution visant à faire reporter la décision, de manière à faire rouvrir les négociations sur le projet de Déclaration. Tous ces gestes nuisent à la réputation du Canada à l'échelle internationale en tant que chef de file des droits de la personne et des droits des Autochtones.
Non seulement la Déclaration est-elle un énoncé non contraignant d'aspiration, qui n'aurait préséance sur aucune loi nationale, disent les organisations autochtones qui ont participé au Groupe de travail, mais elle contient également des assurances spécifiques, proposées par le Canada, que ses dispositions doivent être interprétées de manière juste, équilibrée et respectueuse des principes fondamentaux des droits de la personne, d'une société démocratique, et de bon gouvernement.
"Nous sommes scandalisés que le Canada manifeste tant de mauvaise foi en s'opposant à un texte qu'il a contribué à rédiger", explique Alex Neve, secrétaire général d'Amnistie internationale Canada francophone. "Il est même encore plus étonnant que le Canada ait de plus tenté de persuader d'autres Etats de la nécessité d'une autre ronde de négociation. Il est heureux - quoique gênant pour tous les Canadiens - que le Canada se soit retrouvé rapidement isolé au sein d'un Conseil qui était prêt à avancer vers une défense des droits de la personne des peuples autochtones fondée sur des principes."
L'appui international éloquent à la Déclaration est un pas en avant important pour contrer la discrimination et le racisme qui sont très répandus et qui menacent la survie et le bien-être des peuples autochtones du monde entier. Le projet de déclaration affirme clairement que les peuples autochtones ne peuvent être privés arbitrairement du droit à l'autodétermination, reconnu en droit international comme un droit universel de tous les peuples. La Déclaration affirme également divers droits concernant les terres, territoires et ressources, qui sont essentiels à l'identité culturelle des peuples autochtones et l'exercice de leurs droits fondamentaux de la personne.
"C'est une journée historique pour les peuples autochtones du monde entier", a déclaré le Chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Phil Fontaine. "Nous sommes reconnaissants au Conseil d'avoir reconnu l'importance et l'urgence d'aller de l'avant dans la protection des droits de la personne peuples autochtones. Il est regrettable que, en essayant d'entraver la Déclaration, le Canada ait nui énormément à sa crédibilité et à son influence au sein d'un conseil qu'il a tellement contribué à mettre sur pied."
La Déclaration est en cours d'élaboration depuis plus de vingt ans. La proposition actuelle, qui résulte de 11 années de travaux effectués par le Groupe de travail, a reçu l'aval du Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de la personne et des libertés fondamentales des peuples autochtones ainsi que de l'Instance permanente de l'ONU sur les questions autochtones. Elle a aussi reçu l'appui d'un grand nombre d'Etats de toutes les régions du monde, dont la Norvège et le Danemark, qui, comme le Canada, ont une longue histoire de négociation de traités avec les peuples autochtones.
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Source : communiqué de : Amnistie internationale Canada francophone, Assemblée des Premières Nations, Canadian Friends Service Committee, Association des femmes autochtones du Canada, Droits et Démocratie - au http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/June2006/30/c7341.html