L'éducation au Forum socioéconomique des Premières Nations
L’éducation a été un des thèmes phares du deuxième jour de ce sommet qui s’est déroulé à Masteuiastsh au Lac-St-Jean du 25 au 27 octobre. La lutte au décrochage scolaire mais aussi la valorisation de l’éducation populaire sont essentielles au développement socio-économique des communautés autochtones selon Ghislain Picard, chef régional des Premières Nations du Québec et du Labrador.
Le gouvernement québécois qui était représenté par le premier ministre Charest et 15 de ses ministres lors de ce Forum, s’est engagé à investir plus de 7 millions pour la formation et l'éducation des travailleurs et des jeunes. Le gouvernement canadien a quant à lui déçu, autant par sa timide présence au Forum que par les sommes promises.
À l’issue de ce sommet, on prévoit pour 2008 la création d'un Centre d'étude collégiale ainsi que la construction d'un pavillon autochtone à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), à Val-d'Or. Le ministre Fournier s'est aussi engagé"à améliorer les services existants offerts au chapitre de la formation des adultes et à mettre en place deux centres pilotes d’éducation d’adultes autochtones à vocation régionale, dont un premier en 2008-2009".
Rappelons que le Québec compte 70 000 Autochtones qui vivent dans conditions souvent très précaires et que le taux d’abandon au secondaire sur les réserves est de 81 %, comparé à 25 % pour le reste du Québec.
À lire:
- L'Article de Robert Sarrasin dans l’édition du Devoir du 17 octobre : Forum socioéconomique des Premières Nations – Vivement l'éducation populaire
Forum socioéconomique des Premières Nations – Vivement l'éducation populaire
Robert Sarrasin
Didacticien, l'auteur travaille depuis 16 ans en milieu amérindien et il prépare actuellement un ouvrage: L'Alphaculture: langage et cognition en milieu amérindien.
Le Devoir, Édition du mardi 24 octobre 2006
Dans une série d'articles des 16, 17, 18 octobre parus dans Le Devoir, en prévision du Forum socioéconomique des Premières Nations, le chef régional de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, M. Ghislain Picard, a brossé une synthèse lucide des défis multiples que doivent relever les communautés pour établir en leur sein les conditions d'un mieux-être collectif et individuel. Cette description est aussi une proposition de programme d'action qui manifeste une belle ouverture, loin de la langue de bois (le premier article s'intitule d'ailleurs «Le temps de la franchise est venu»).
(…)
Pour M. Picard, l'heure est incontestablement aux bilans : «Nos Premières Nations sont à l'avant-garde de cette responsabilité qui consiste à sortir nos peuples du sous-développement et du marasme social [...] La balle est dans notre camp, et nous le savons. Nous avons d'énormes changements à apporter dans nos approches d'éducation populaire, de sensibilisation publique et de gestion des services intégrés». Terminée la victimisation.
Innovation
Dans cette optique, et là où le «plan de match» de M. Picard innove vraiment, c'est dans la valorisation de l'éducation populaire comme condition incontournable de développement. Sauf erreur, c'est bien la première fois qu'un chef amérindien non seulement mentionne cette nécessité, mais, en plus, met autant l'accent dessus. Pour comprendre la portée de cette prise de position, il faut la mettre en perspective.
(…)
Que faire, alors ? C'est ici qu'on saisit le rôle irremplaçable de l'éducation populaire, comme outil de conscientisation, de changement des mentalités et, à terme, de facteur de réussite scolaire. La démocratisation dans les communautés et l'instauration de pratiques de gestion plus transparentes est aussi étroitement liée à cette évolution : une population plus informée saisit mieux les enjeux et surveille mieux ses intérêts, tant sur le plan personnel (santé, logement, etc.) que collectif. En ciblant l'éducation populaire, le chef Picard a choisi un puissant levier mais aussi un domaine où les communautés ont un pouvoir d'action complet et immédiat.