Les femmes chefs des Premières nations formulent une déclaration ferme au terme d'une assemblée historique
VANCOUVER, le 15 fév. /CNW Telbec/ - Aujourd'hui, au terme d'une assemblée historique de trois jours qui s'est tenue à Vancouver, les femmes chefs et conseillères des Premières nations ont formulé une déclaration consensuelle en onze points. Des enjeux cruciaux ont fait l'objet de discussions et de débats : la pauvreté, les biens immobiliers matrimoniaux, le rôle central des femmes dans la viabilité des collectivités et la compétence territoriale des Premières nations.
"La force, le savoir et le dynamisme de nos femmes chefs doivent être reconnus et salués par tous les membres des Premières nations, ainsi que par l'ensemble des Canadiens", déclare le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Phil Fontaine. "Je promets que cette déclaration sera prise très au sérieux et que l'Assemblée des Premières Nations y donnera suite."
Voici la version intégrale de la déclaration consensuelle :
"Les femmes chefs et conseillères des Premières nations sont exaspérées que la Couronne s'ingère dans notre existence et elles ne toléreront plus cette situation. Pour la première fois de l'histoire moderne, les femmes chefs et conseillères des Premières nations de tout le Canada se sont liguées dans le cadre du Forum à l'intention des femmes chefs des Premières nations (le "forum"), organisé par l'Assemblée des Premières Nations à Vancouver, en Colombie-Britannique, du 12 au 14 février 2007. A cette occasion, les femmes chefs et conseillères des Premières nations ont témoigné de la frustration et des inquiétudes qui accablent actuellement les enfants, les familles et les collectivités des Premières nations.
Cette déclaration, qui rend compte du point de vue unanime des femmes chefs et conseillères des Premières nations présentes au forum, soulève des questions primordiales pour nos nations, nos familles et notre avenir. Son objectif est de provoquer des changements et de voir des progrès se réaliser.
Les énoncés suivants ont été adoptés par les femmes chefs et conseillères des Premières nations :
1. Les femmes chefs et conseillères des Premières nations honorent l'esprit et l'intention de la relation originelle entre les Premières nations et la Couronne britannique : coexister dans la paix, sans ingérence, et respecter les pouvoirs inhérents non cédés des Premières nations, qui nous ont été alloués par le Créateur.
2. Les Premières nations du Canada ont des droits collectifs préexistants, des responsabilités, des langues, des cultures, des territoires et des lois.
3. Nous demeurons habilités à être les législateurs et les gardiens de nos nations, de nos familles et de nos terres. Les lois holistiques des Premières nations continueront de guider nos prises de décisions, en dépit de toute législation fédérale, provinciale ou territoriale. La Couronne persiste à violer cette entente initiale en s'immisçant dans ces compétences inhérentes, favorisant et perpétuant ainsi la pauvreté au sein de notre population.
4. Les droits collectifs des Premières nations, qu'ils soient inhérents ou issus de traités, ne doivent pas être bafoués ou violés par les lois et les politiques sanctionnées au niveau fédéral, provincial ou territorial.
5. Les femmes chefs et conseillères des Premières nations s'allieront aux gouvernements des Premières nations pour mettre au point un plan exhaustif de responsabilisation de tous les gouvernements, de protection des droits collectifs et d'éradication de la pauvreté et de l'injustice sociale.
6. Les femmes chefs et conseillères des Premières nations s'assureront que nos terres, nos familles et nos enfants sont entre bonnes mains, que nos droits sont respectés et protégés; et nous serons responsables des décisions ayant une incidence sur notre vie. Nous n'abandonnerons pas nos droits aux dépens de nos terres, de nos familles et de notre avenir.
7. Tout processus de négociation et de consultation relatif à des initiatives fédérales, provinciales ou territoriales ayant une incidence sur les compétences préexistantes des Premières nations, qu'elles soient inhérentes ou issues de traités, doit se dérouler sous la supervision des gouvernements des Premières nations.
8. Il sera possible de parvenir à des solutions en misant sur la collaboration à l'échelle locale, régionale et nationale. Les femmes chefs et conseillères des Premières nations exhortent le gouvernement du Canada à travailler de concert avec les Premières nations pour offrir un nouvel avenir à tous nos peuples.
9. Le cycle de la pauvreté, de la violence et du manque d'accès à l'éducation et à des soins de santé de qualité ainsi que la non-reconnaissance des compétences inhérentes des Premières nations sont perpétués par le génocide fédéral ainsi que par ses politiques et systèmes assimilationnistes.
10. Les femmes chefs et conseillères des Premières nations s'unissent pour s'opposer aux tentatives du gouvernement fédéral d'imposer unilatéralement certaines lois et politiques, notamment ses initiatives qui transparaissent actuellement dans le processus lié aux biens immobiliers matrimoniaux et l'abrogation de l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Ces initiatives fédérales qui atténuent ou compromettent nos pouvoirs inhérents non cédés seront rejetées.
11. Nous atteindrons ces objectifs par des mesures collectives visant à provoquer un changement global. Nous nous allierons aux gouvernements des Premières nations pour mettre au point un plan exhaustif de responsabilisation de tous les gouvernements, de protection des droits collectifs et d'éradication de la pauvreté et de l'injustice sociale dans nos collectivités."
L'Assemblée des Premières Nations est l'organisme national qui représente les citoyens des Premières nations au Canada.
Site Web de l'APN : http://www.afn.ca/
Communiqué au : http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/February2007/15/c8673.html