V-Day et l'UNICEF reclament la fin des viols et tortures sexuelles des femmes dans l'est de la RDC

V-Day et l'UNICEF reclament la fin des viols et tortures sexuelles des femmes dans l'est de la RDC

V-DAY ET L'UNICEF RÉCLAMENT LA FIN DES VIOLS ET TORTURES SEXUELLES DES FEMMES DANS L'EST DE LA RDC


New York, 10 septembre 2007

La fondatrice de V-Day, Eve Ensler (The Vagina Monologues) a lancé avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) une campagne contre le viol des filles et des femmes de la République démocratique du Congo, dans le magazine Glamour.

« Déterminée à faire la lumière sur les actes de violence commis contre les filles et les femmes de la République démocratique du Congo, Eve Ensler, auteur connue de pièces de théâtre, a réalisé une chronique de ses rencontres avec des femmes de l'Est de RDC, une région où la violence sexuelle est devenue une arme de guerre banale », a annoncé l'UNICEF dans un communiqué publié hier à New York.

« Depuis 1996, la violence sexuelle à l'encontre des femmes et des enfants de cette région de la RDC a été utilisée pour torturer et humilier femmes et filles et détruire des familles entières » (dépêche du 6.09.2007).

L'UNICEF estime que des centaines de milliers de filles et de femmes ont été violées depuis le début du conflit en RDC. « Outre ses graves répercussions psychologiques, la violence sexuelle laisse les femmes qui y survivent avec des lésions de l'appareil génital, des fistules traumatiques et autres blessures physiques, ainsi que des grossesses non désirées et des infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH/sida ».

La campagne "Stop Raping Our Greatest Resource, Power To The Women And Girls Of The Democratic Republic Of Congo" (« Halte au viol de nos ressources les plus précieuses, le pouvoir aux femmes et filles de la République démocratique du Congo ») est lancée par les femmes de l'Est de la RDC, V-Day et l'UNICEF au nom de l'Action de l'ONU contre la violence sexuelle dans les conflits. La campagne demande que l'on arrête la violence et que l'on mette fin à l'impunité pour les auteurs de ces atrocités.

« Avant d'aller au Congo, j'avais passé ces 10 dernières années à travailler sur V-Day, le mouvement mondial pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. J'étais allée dans les 'mines de viol' du monde, des endroits comme la Bosnie, l'Afghanistan et Haïti, des endroits où le viol était utilisé comme une arme de guerre », a déclaré Eve Ensler.

« Mais rien de ce que j'avais vu ne m'a donné une impression aussi atroce et terrifiante que ce qui se passe ici, les tortures sexuelles et la tentative d'élimination de la femme. La violence les menace toutes, les jeunes filles comme les femmes âgées des villages. On peut appeler cela un 'femicide', le mot n'est pas trop fort, on peut dire aussi que l'avenir des femmes du Congo est gravement menacé, ce n'est pas exagéré », a-t-elle ajouté.

Dans son article, Eve Ensler décrit sa visite de juin à l'hôpital Panzi à Bukavu, un établissement dont l'UNICEF finance l'assistance médicale, les conseils et le soutien concret aux femmes qui ont été victimes de violences sexuelles. L'article révèle les détails personnels de ce qu'elles ont vécu, salue leur courage indomptable et le travail de personnalités héroïques, comme le Dr Denis Mugwebe, de l'hôpital de Panzi, où de nombreuses rescapées, de jeunes filles souvent, sont soignées.

La directrice générale de l'UNICEF Ann M. Veneman, qui s'est rendue elle aussi dans cette région de l'Est de la République démocratique du Congo, a ajouté : « Quand vous parlez à ces femmes et à ces filles, quand vous les écoutez raconter ce qui leur est arrivé, vous comprenez tout à fait l'environnement catastrophique dans lequel elles vivent. Des tâches simples, comme ramasser du bois ou chercher de l'eau, les exposent à de graves dangers. Il est impératif de leur permettre de vivre dans un environnement sûr ».

En RDC, des partenaires comme l'hôpital Panzi Hospital, Coopi et HEAL Africa ainsi que des rescapées, des femmes à des postes de responsabilité et des militantes locales consigneront les récits des victimes, organiseront des ateliers d'éducation et diffuseront des informations sur la violence sexuelle par le biais d'émissions de radio, de bandes dessinées, de pièces de théâtre, de chansons, de tracts et un site Internet.

Des groupes de femmes de la communauté et des groupes de rescapées seront encouragés à intervenir et à se faire entendre à tous les niveaux du gouvernement, ainsi qu'au sein de la justice et de la police. V-Day mettra également en lumière les femmes de la République démocratique du Congo dans sa campagne Spotlight (« Coup de projecteur ») 2009, en diffusant partout des informations grâce à des milliers de galas annuels V-Day et au travail de militants. Les campagnes « Coup de projecteur » précédentes ont porté sur Haïti, l'Iraq, l'Afghanistan, le Mexique et l'Inde.

Selon l'UNICEF, les fonds obtenus financeront les groupes locaux et fourniront un appui psychologique, des services médicaux et une aide juridique sur le terrain. Un des éléments cruciaux de ces efforts sera la création d'une « Cité de la joie » à Bukavu - un centre pour les rescapées qui n'ont plus de famille, de communauté ou la capacité d'avoir des enfants.

La Cité de la joie leur donnera un havre sûr où elles recevront une éducation, une formation qui leur permettra de prendre des
responsabilités et la possibilité de gagner leur vie.

----

Source : communiqué du Centre de nouvelles de l'ONU : http://www.un.org/french/newscentre/