État lamentable des bibliothèques scolaires - Une belle démonstration du laisser-aller du ministère de l'Éducation

État lamentable des bibliothèques scolaires - Une belle démonstration du laisser-aller du ministère de l'Éducation

Montréal, le 29 janvier 2008 - Réagissant à l'article dans Le Devoir de concernant l'état lamentable des bibliothèques scolaires et le manque criant de bibliothécaires dans les écoles primaires et secondaires du Québec, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses deux fédérations représentant le personnel de bibliothèques scolaires, soit la Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE) et la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), interpellent la ministre de l'Education et lui demandent de prendre les mesures nécessaires pour redonner aux écoles des bibliothèques de qualité et du personnel qualifié pour s'en occuper.

"Nous sonnons l'alarme depuis des années et pourtant les ministres de l'Education qui se sont succédé ont joué à l'autruche dans le dossier des bibliothèques scolaires. Ils n'ont pas vu les conséquences néfastes de la détérioration constante de ce secteur névralgique de l'école. La ministre Michelle Courchesne semble vouloir s'occuper de ce dossier, mais au-delà des mots, nous souhaitons des actions. Il est urgent qu'un plan de redressement soit présenté", de dire le président de la CSQ, Réjean Parent.

Un sous-financement chronique
Le manque de financement explique en partie ce laisser-aller généralisé. Malgré l'investissement de 75 millions de dollars depuis les quatre dernières années pour l'achat de livres, aucune somme n'a été prévue pour l'embauche et le maintien des postes de bibliothécaires. La très grande majorité des bibliothèques scolaires n'a d'ailleurs pas de personnel qualifié pour s'occuper des nouvelles collections et dans les écoles primaires c'est souvent à des bénévoles non qualifiés que les commissions scolaires confient la responsabilité et c'est selon leur disponibilité qu'ils en font le traitement de façon très aléatoire. "Pire, certains nous rapportent que des livres dorment dans des caisses faute d'avoir le personnel nécessaire pour les traiter et les rendre accessibles aux élèves et au personnel enseignant. Il faut redresser la situation des bibliothèques scolaires en établissant des mesures gouvernementales convaincantes qui viendront combler le déficit de ressources humaines constaté depuis de nombreuses années. La situation actuelle est un non-sens et est inacceptable", d'affirmer Diane Cinq-Mars, présidente de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ).

Prioriser les milieux défavorisés
Toutes les recherches démontrent les liens intrinsèques entre la lecture et la réussite éducative. De plus, la CSQ et ses fédérations considèrent qu'il y a là un enjeu important en ce qui concerne les écoles des milieux défavorisés. "C'est une condition incontournable pour favoriser la réussite de ces jeunes qui ne trouvent pas souvent dans leur milieu familial des incitatifs à la lecture et un accès aux livres nécessaires au développement des compétences en lecture. C'est aussi une question de justice sociale pour ces élèves confrontés aux inégalités sociales et scolaires. Si l'on veut réduire les écarts entre les élèves provenant de milieux aisés socialement et ceux de milieux défavorisés, il faudra résolument prendre le parti des seconds", soutient Réjean Parent, le président de la CSQ.

Un manque criant de personnel
Depuis la réforme, le travail du personnel des bibliothèques a dû s'ajuster davantage à celui des enseignantes et des enseignants. D'ailleurs, la complexité du travail des bibliothécaires et des techniciennes et des techniciens en documentation s'est accentuée afin de répondre aux besoins de chaque programme et aux visées interdisciplinaires de cette réforme. D'autre part, le personnel des bibliothèques multiplie les initiatives pour les animer et inciter les jeunes à des activités de lecture, malgré les moyens restreints. "Il faut s'assurer que les sommes dévolues aux bibliothèques se rendent bel et bien dans celles-ci. Les bibliothèques scolaires doivent pouvoir bénéficier non seulement d'investissements matériels, entre autres, pour l'achat de livres, mais également pour l'embauche et le maintien du personnel qualifié pour favoriser l'animation des bibliothèques et l'amélioration des services rendus aux élèves", de dire Jean Falardeau, président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE).

Selon les données du ministère de l'Education, du Loisir et du Sport, entre 1999-2000 et 2004-2005, le nombre de postes de bibliothécaires en équivalent temps plein (ETP) a chuté de 40,9 %, passant de 31,8 à 18,8 pour l'ensemble des 70 commissions scolaires francophones et anglophones du Québec. Une moyenne de 0,27 bibliothécaire par commission scolaire ! Selon les données rapportées dans Le Devoir du 28 janvier, il n'y aurait plus que 23 bibliothécaires et 30 spécialistes pour couvrir les 2770 écoles primaires et secondaires du Québec.

Ce manque criant de ressources comme bibliothécaires ou spécialistes en moyens techniques d'enseignement a d'ailleurs été souligné dans le rapport d'août 2006 de la Table de pilotage du renouveau pédagogique. Alors que la réforme demande un meilleur arrimage entre le travail du personnel des bibliothèques et celui des enseignants, le manque de personnel entrave sérieusement cet aspect.