Budget provincial 2008-2009 : Québec veut favoriser l'intégration et la francisation des immigrants

Budget provincial 2008-2009 : Québec veut favoriser l'intégration et la francisation des immigrants

13 mars 2008 QUEBEC — Québec souhaite améliorer l'intégration des immigrants en s'attaquant aux obstacles à l'emploi pour les nouveaux arrivants et en favorisant leur francisation.

Le budget de la ministre des Finances, Monique-Jérôme Forget, présenté jeudi à Québec, prévoit des investissement de 50 millions $ au cours des cinq prochaines années pour faire tomber les barrières à l'emploi des immigrants, alors que le taux de chômage des personnes récemment arrivées au Québec est actuellement trois fois plus élevé que celui des Québécois nés dans la province.

"Il ne s'agit pas seulement d'accueillir les nouveaux arrivants en s'assurant que leurs besoins essentiels soient comblés, a déclaré la ministre. Il faut également les accompagner dans leur démarche d'intégration à la société québécoise."

Le budget Jérôme-Forget instaure par ailleurs pour la première fois des crédits d'impôt destinés aux entreprises qui offrent des cours de français à leurs travailleurs immigrants.

Ainsi, les entreprises pourront bénéficier d'un crédit d'impôt de 30 pour cent si elles inscrivent leurs employés à des cours de francisation, une mesure qui représente un investissement de 15 millions $ sur cinq ans. Toutes les sociétés pourront en bénéficier, y compris les PME de moins de 50 employés, qui ne sont pourtant pas soumises aux mêmes exigences concernant le français au travail que les plus grandes entreprises.

Au total, c'est donc 65 millions $ sur cinq ans qui s'ajoutent au budget quinquennal de 120,9 millions $ prévus pour l'intégration et la francisation des immigrants.

A cela, Québec ajoute par ailleurs la somme de 10 millions $ sur deux ans pour "faire la promotion de la langue française".

Les crédits consacrés à l'immigration font ainsi un bond de 20 pour cent par rapport à l'an dernier. Il faut dire que le nombre d'immigrants que l'on souhaite accueillir en 2008 effectue lui aussi un saut comparé aux années précédentes. Le gouvernement de Jean Charest espère voir le nombre de nouveaux arrivants au Québec frôler 50 000 cette année, alors qu'il était d'un peu plus de 41 000 il y a deux ans. L'an dernier, 46 300 immigrants s'installaient dans la province.

Avec le vieillissement de la population, on craint en effet une pénurie de la main-d'oeuvre, ce qui pourrait ralentir l'économie québécoise.

"Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, nous avons besoin d'une immigration qualifiée. Et la concurrence sera vive entre les pays d'accueil pour attirer une main-d'oeuvre qualifiée", a souligné la ministre des Finances. Le nombre d'emplois qui devront être pourvus d'ici 2011 est évalué à pas moins de 700 000.

La ministre de l'Immigration, Yolande James, devrait dans les prochains jours préciser de quelles façons les nouvelles sommes destinées à l'intégration des immigrants seront dépensées.

En entrevue à La Presse Canadienne, la ministre James a déclaré que ces sommes étaient pour elle la preuve que le gouvernement avait "au coeur de ses priorité l'immigration", qu'il considère comme un "levier pour l'économie québécoise".

Elle a rappelé par ailleurs qu'en vertu d'un accord avec le gouvernement fédéral, les sommes fédérales destinées à l'intégration et à la francisation qui se trouvaient autrefois dans le portefeuille d'autres ministères seront rapatriées au ministère de l'Immigration.

Le porte-parole de l'Action démocratique du Québec en matière de Finances, Gilles Taillon, a salué ces "réponses intéressantes" pour l'intégration et la francisation, mais il déplore l'absence d'une mesure sur la reconnaissance des acquis, de la formation et de l'expérience des immigrants. Pourtant, à son avis, "c'est probablement la mesure la plus importante pour éviter de fragiliser le tissu social et linguistique de Montréal".

Au Parti québécois, le porte-parole en matière de Finances, François Legault, a décrit l'instauration d'un crédit d'impôt pour la francisation de "petit pas dans la bonne direction". Il juge cependant trop modeste les montants investis. "Avec ce genre de montants-là, il ne faut pas s'attendre à voir des miracles", a-t-il ajouté.

[Source: http://canadianpress.google.com/article/ALeqM5jwrmcrm1aiUMO8-Dcks7DZasXgmw]