Réponse au Dossier Prostitution paru dans LaPresse

Réponse au Dossier Prostitution paru dans LaPresse

Réponse au Dossier Prostitution paru dans LaPresse VIVRE ET TRAVAILLER EN SÉCURITÉ ET AVEC DIGNITÉ
Montréal, le 8 octobre 2008 Sensationnalisme et dignité humaine ne font pas bon ménage Le Conseil d’administration de Stella, groupe communautaire qui a pour mission de favoriser la santé, la sécurité et la dignité des travailleuses du sexe, femmes, travesties et transsexuelles, déplore le ton, la teneur et la « couleur » de certains articles de la série « Prostitution » parus dans La Presse, les 3, 4 et 5 octobre derniers. Et, notamment, l’article de Katia Gagnon dans « Une nuit de prostitution-réalité » (4 octobre, pages A-2 et A-3). Voici quelques échantillons de propos tenus par la journaliste à l’égard de personnes qui ont bien voulu, en toute confiance, lui accorder des interviews : « Deux décennies de dope et de cul (sic) l’ont salement amochée ». […] « Elle est sale, ébouriffée et porte une culotte d’incontinence. Mais que diable peuvent bien lui trouver les clients ? » Ou encore : « Soudain, au beau milieu de la conversation, Priscilla s’interrompt. ‘Ça te dérange si je pisse ? Il n’y a pas de toilettes dans la chambre, seulement un évier minuscule. Priscilla se trémousse pour baisser ses jeans ultraserrés. Elle se hisse sur le lavabo. Et pisse ». Voilà seulement quelques spécimens du genre de prose grossière et méprisante que la journaliste de La Presse réserve aux travailleuses du sexe. Avec quelle autre catégorie de personnes se permet-on de tels jugements et surtout d’exposer dans un journal des activités aussi intimes ? Vraisemblablement, avec « une poignée de paumées », uniquement, pour utiliser une tout aussi respectueuse expression de Caroline Touzin, dans un autre article de la même série. Un dossier précédent du même journal, « Montréal la paumée », paru en septembre dernier, souffrait d’ailleurs souvent des mêmes travers. Aux yeux du Conseil d’administration de Stella, ce procédé relève du sensationnalisme pur, fait sur le dos de personnes parmi les plus stigmatisées de notre société. Il s’agit de toute évidence d’une atteinte à la dignité et à la vie privée, intime, de personnes. Nous dénonçons donc ce ton méprisant, sensationnel et empreint de préjugés à l’égard de personnes qui, en toute bonne foi, ont bien voulu partager avec la journaliste le vécu de leurs conditions de travail. À Stella, nous mettons toutes nos énergies à combattre la stigmatisation exercée à l’endroit des travailleuses du sexe, afin que ces dernières puissent vivre en sécurité et dans la dignité. À cet égard, nous estimons que ces articles de La Presse font reculer tous ces efforts et viennent renforcer et alimenter les préjugés et le stigma entretenus envers des personnes vulnérables. Le droit à la dignité et à l’intimité de ces personnes – bafoué dans les articles précités- est pourtant reconnu dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec (article 4 et 5). Les médias au premier chef devraient les respecter, a fortiori lorsqu’il s’agit de personnes déjà fortement stigmatisées socialement. Ce droit se concilie toutefois difficilement avec le sensationnalisme. Le Conseil d’administration de Stella : Elsa Le Maire Irène Demczuk Mélina Bernier Stéphanie Marois Sonia Scarsella Émilie Laliberté Éve Robinson-Chouinard Pierrette Clément Site Web de Stella : http://www.chezstella.org/