L’importance de soutenir l’animation communautaire : Discussion avec trois gestionnaires de l’éducation des adultes engagées dans le partenariat avec la communauté
Discussion avec trois gestionnaires de l’éducation des adultes engagées dans le partenariat avec la communauté : Mmes Jocelyne Hurtubise, de la Commission scolaire de Rouyn-Noranda, Cécile Poulin, de la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin et Aline Laforge, de la Commission scolaire De La Jonquière.
Par Line Lambert
L’animation communautaire est au cœur de la démarche proactive que propose le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) lors du renouvellement des services d’accueil, de référence, de conseil et d’accompagnement (SARCA). Il s’agit d’un moyen privilégié pour soutenir l’expression de la demande et favoriser une culture de formation tout au long de la vie. L’animation communautaire s’appuie alors sur des réseaux déjà existants dans le milieu et permet d’intervenir auprès des personnes peu scolarisées, la population que ciblent les SARCA. De plus, elle favorise l’insertion de la commission scolaire dans sa communauté tout en contribuant au développement de son milieu.
La réalité sur le terrain
Les gestionnaires interviewées travaillent dans des commissions scolaires qui sont en concertation depuis très longtemps pour joindre les adultes faiblement scolarisés. Elles croient toutes à l’importance de stimuler la demande en s’impliquant activement dans le milieu. Mais il est nécessaire de satisfaire à certaines conditions pour engranger des résultats concrets. Pour Mme Hurtubise, directrice de l’éducation des adultes à la Commission scolaire de Rouyn-Noranda, il importe d’aller plus loin que les projets occasionnels offerts par les différents programmes. Il faut ajouter à l’équipe une personne-ressource responsable de la coordination des interventions externes et du maintien des liens avec la communauté et avec l’ensemble de la commission scolaire. Le fait d’être dans le milieu lui permettra de saisir toutes les opportunités qui se présentent de façon à être proactive dans la lutte contre l’analphabétisme.
Mme Poulin, de la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin, abonde dans le même sens que la directrice de Rouyn. Elle souligne d’ailleurs qu’il est difficile de siéger à toutes les tables de concertation en raison du temps que demande une telle participation. Selon elle, le financement des activités de sensibilisation et de recrutement devrait être récurrent, car un financement répété d’année en année permettrait d’affecter une personne à la tâche de travailler avec le milieu. Cette personne pourrait unir les experts, dresser un plan d’action concret et en assurer le suivi durant quelques années. Mais ce travail demande du temps et du financement supplémentaire. Il faut, d’après Mme Laforge, de la Commission scolaire De La Jonquière, une personne qui assure le développement interne et externe de l’ensemble des programmes destinés aux adultes faiblement scolarisés, quelqu’un qui va amener le milieu à travailler ensemble de façon continue.
Animateur communautaire ou agent de développement?
Le terme « animation communautaire » que propose le MELS dans les SARCA suscite un questionnement chez les trois gestionnaires. Pour elles, ce terme renvoie à des fonctions occupées par le personnel des organismes parapublics, comme les CLSC, ou des organismes communautaires. Elles préfèrent parler d’agent de développement au lieu d’animateur communautaire, car la fonction de l’agent de développement correspond davantage à ce qui doit se faire sur le terrain. L’agent de développement s’occupe des relations avec la communauté et de la planification, il analyse la situation avec les autres et assure l’actualisation du plan d’action. Tout le monde s’entend pour dire qu’il faut déployer des services locaux sur mesure et à proximité pour les populations peu scolarisées. Or, ce virage exige une large participation des acteurs de la communauté.
Le lien avec les services d’accueil, de référence, de conseil et d’accompagnement
Les équipes des SARCA valorisent la collaboration avec les partenaires pour répondre aux besoins des adultes, et particulièrement des adultes peu scolarisés. Pour Mme Hurtubise, les SARCA devraient constituer la plaque tournante, le fil rouge qui relie l’individu à une personne-ressource dans toute sa démarche de projet de vie. Créer une table des partenaires qui implique les acteurs du milieu est un premier pas, mais le grand défi, selon Mme Poulin, est l’accompagnement de l’adulte et son suivi dans le milieu. Réussir à avoir une vision commune, un plan d’action concret tout en respectant la mission de chacun et en restant centré sur le client demande un changement des pratiques. Procéder à ce changement n’est pas toujours chose facile, d’après Mme Laforge, car certains partenaires ont peur de partager ou de perdre leurs clientèles. Pour le MELS, les SARCA occupent une position stratégique en interface entre le milieu et les services de formation. Mais solidifier cette position sans une personne-ressource permanente dans le milieu est difficile, voire impossible pour plusieurs commissions scolaires.
Des résultats concrets
Les personnes interviewées le confirment : travailler avec les partenaires donne des résultats concrets, malgré le temps qu’il faut y consacrer. Il y a trois ans, la Commission scolaire de Rouyn-Noranda a mis sur pied l’École du milieu avec des partenaires. Ce projet permet d’offrir des services à des jeunes de 15 à 20 ans qui ont décroché ou sont sur le point de le faire. Il leur propose une formation qualifiante de neuf heures par semaine. Le jeune qui le désire peut augmenter sa formation en cours de cheminement. L’objectif consiste à l’intégrer dans la communauté, à éviter le décrochage et à développer ses compétences de base. La Table des partenaires SARCA de la Beauce-Etchemin travaille actuellement à une entente de service pour établir un numéro de téléphone unique, un service concerté de premier niveau pour diriger adéquatement le client. En même temps, les collaborateurs participent au deuxième colloque sur la pauvreté pour découvrir les pratiques les plus porteuses et sensibiliser les gens à l’importance de se former. Enfin, la Commission scolaire De La Jonquière continue son travail avec ses partenaires SARCA. En plus d’offrir un service d’accueil personnalisé à l’extérieur du centre de formation, elle dirige les personnes vers les partenaires et assure le suivi des clients dans le milieu.
De nombreux autres projets ponctuels et concertés ont vu le jour grâce aux initiatives des commissions scolaires, ainsi qu’aux personnes qui croient à l’importance d’augmenter les compétences des adultes, de favoriser la formation tout au long de la vie et d’accorder le droit à l’éducation pour tous.
Renseignements :
Mme Jocelyne Hurtubise
Directrice de l’éduction des adultes
Commission scolaire de Rouyn-Noranda
Téléphone : 819-797-0055, poste 222
Courriel : hurtubisej@csrn.qc.ca
Mme Cécile Poulin
Coordonnatrice de l’éducation des adultes
Commission scolaire de la Beauce-Etchemin
Téléphone : 418-226-2620, poste 2635
Courriel : cecile.poulin@csbe.qc.ca
Mme Aline Laforge
Directrice de l’éduction des adultes
Commission scolaire De La Jonquière
Téléphone : 418-547-4702, poste 225
Courriel : aline.laforge@csjonquiere.qc.ca
[Source: http://www.treaqfp.qc.ca/trousse/ARCHIVES/Oct_2008/courriel_n2.htm]