Revendications de Culture Montréal en vue du prochain budget fédéral

Revendications de Culture Montréal en vue du prochain budget fédéral

Investir en arts et en culture : une réponse rapide, efficace et visionnaire à la récession

Il y a deux semaines, le nouveau ministre du Patrimoine canadien, l'honorable James Moore, était de passage a Montréal dans le cadre d'une tournée pancanadienne.

Les acteurs du secteur artistique et culturel qui l'ont alors rencontré ont évoqué la remarquable efficacité des dépenses et  investissements en arts et en culture en période de récession  économique. À moins d'une semaine de la présentation d'un budget  fédéral qui sera jugé selon sa capacité a stimuler l'économie nationale, Culture Montréal estime utile d'y revenir.

Culture Montréal l'affirme tout de go : utiliser le potentiel économique du secteur culturel dans la relance économique nationale en se contentant de maintenir les budgets actuels serait une erreur.

Ce potentiel est bien plus grand : hautement intensive en main- d'oeuvre, très peu friande de biens et services importés et présente  sur l'ensemble du territoire canadien, l'activité culturelle est  singulièrement apte a réduire les délais entre l'attribution de  crédits et les dépenses en résultant, permettant ainsi de contribuer  immédiatement a la relance de l'économie.

Voila pourquoi il importe d'investir des fonds supplémentaires non seulement dans l'infrastructure culturelle et patrimoniale, mais aussi dans l'activité culturelle elle-même, soit la formation, la création,  la production, la conservation, la diffusion et l'exportation.

La semaine dernière, les ministres des provinces se sont entendus avec le premier ministre Stephen Harper sur certains points a considérer lors de l'élaboration d'un plan de relance.

On a insisté sur l'importance de nouveaux investissements publics majeurs, afin d'appuyer l'économie à court terme et de la préparer  aussi aux défis a long terme. Investir dans les projets d'infrastructure, débuter rapidement les travaux qui peuvent l'être et accélerer le financement de projets d'infrastructure; ainsi que  soutenir les travailleurs et les personnes sans emploi ont été  identifiées comme priorités d'intervention.

Comparé aux autres secteurs économiques, le secteur des arts et de la culture a la capacité de répondre très rapidement aux impératifs  précités. Premièrement, une dépense publique additionnelle dans ce secteur, qui comptait en 2006 près d'un demi-million de travailleurs, est une mesure excellente pour soutenir rapidement et développer efficacement des emplois a l'échelle du pays.

À l'instar de plusieurs secteurs a forte densité de savoir, le  dynamisme du milieu culturel repose avant tout sur l'effort fourni par  des personnes dans le cadre d'un travail axé sur la créativité et ne pouvant être accompli par un équipement quelconque, aussi specialisé soit-il.

Plus encore, ces dépenses constituent un investissement de grande valeur, dans la mesure où elles contribuent à la pérennité d'une expertise hautement recherchée et exportable.

Deuxièmement, l'impact maximal sur l'économie canadienne résultant d'investissements en arts et culture s'explique aussi par le fait que l'essentiel des biens et services consommés par ce secteur sont domestiques.

En effet, au Canada, les specialistes de chaque discipline et pratique, tout comme les équipements liés de près ou de loin à la création, à la production et à la diffusion, sont disponibles ici même.

Présent partout au Canada, de Montréal à Vancouver en passant par Stratford, Moncton, Saskatoon et Kamloops; hautement organisé et  ingénieusement structuré; soutenu à l'échelle fédérale par des programmes normés et éprouvés; le milieu artistique et culturel est également en mesure de mettre immédiatement en œuvre des projets concrets n'ayant pu être réalisés jusqu'à maintenant, faute de fonds.  Il devient donc évident qu'investir massivement dans ce secteur contribuerait à accélerer la circulation monétaire, un impératif en  période de récession, et à augmenter l'apport de ce secteur au PIB,  apport évalué en 2007 a 7,4 %.

Enfin, rappelons que les dépenses publiques soutenant l'exportation d'œuvres et des produits culturels canadiens, ainsi que les mesures favorisant les projets de coproduction internationale, pourraient  encourager significativement l'emploi dans ce secteur, favoriser l'entree de devises et augmenter la valeur ajoutée de la production culturelle, en permettant entre autres d'introduire des capitaux étrangers dans des entreprises et organisations canadiennes.

En bref, l'organisation et la nature même des activités du secteur culturel permettent d'avoir un impact rapide et efficace sur l'économie canadienne. Tout accroissement de depenses publiques en culture est rapidement dépensé en salaires et en consommation de produits et services domestiques, et entraine un regain de dynamisme économique et l'amélioration de la qualité de vie dans les communautés!

C'est aussi une façon de miser sur un secteur d'avenir et d'affirmer la présence internationale du Canada dans un marché hautement competitif. Et cela demeure un moyen porteur d'insuffler aux villes et aux localités le dynamisme, l'espoir et cette dose d'inspiration individuelle et de confiance sociale que procurent la fréquentation  des arts et la participation culturelle.

Il est donc légitime et souhaitable que le budget du 27 janvier prochain contienne des annonces de dépenses et d'investissements majeurs pour le secteur culturel canadien, et, conséquemment, pour notre économie qui en a plus que jamais besoin.
Simon Brault, president
Culture Montréal