Réforme à l'éducation des adultes (EDA) - La FAE demande que la réforme prévue au secteur de l'éducation des adultes ne soit pas appliquée et que cessent les expérimentations et les formations en cours

Réforme à l'éducation des adultes (EDA) - La FAE demande que la réforme prévue au secteur de l'éducation des adultes ne soit pas appliquée et que cessent les expérimentations et les formations en cours

Communiqué

MONTRÉAL, le 12 nov. /CNW Telbec/ - La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) estime qu'implanter la réforme au secteur de l'éducation des adultes constituerait un gaspillage évident des ressources humaines et financières. La FAE demande que la réforme prévue ne soit pas appliquée et que cessent les expérimentations et les formations en cours. "Un message clair doit rapidement être acheminé aux commissions scolaires pour qu'elles cessent d'imposer aux enseignantes et enseignants des formations et pour que la production de matériel pédagogique, en lien avec la mise en place appréhendée de la réforme, soit arrêtée", souligne le président de la FAE, M. Pierre St-Germain.

Dans le cadre du report de l'implantation de la réforme au secteur de l'éducation des adultes, (EDA), le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) se questionne sur les suites à donner à ce dossier. Dans un avis émis sur cette question, la FAE se fait la porte-parole des enseignantes et enseignants qui ont indiqué clairement qu'ils ne souhaitaient pas voir le secteur de l'éducation des adultes bouleversé par une réforme qui a échoué au secteur de la formation générale des jeunes.

Parmi les difficultés identifiées par les enseignantes et enseignants en regard de la réforme, on note l'éparpillement des approches dans un contexte où on réunit dans un seul groupe des élèves ayant une grande diversité de besoins. En ce sens, les enseignantes et enseignants considèrent que l'approche individualisée doit être favorisée. L'approche préconisée par la réforme rend plus propice le laisser-aller pour les élèves qui éprouvent des difficultés d'apprentissage et les programmes réformés ne tiennent pas compte du niveau de chacun des élèves. Cette approche qui valorise le travail d'équipe est difficilement applicable dans un contexte où de nombreux élèves poursuivent leur formation à temps partiel, où le taux d'absentéisme est important et qu'il existe des problèmes liés à la ponctualité des élèves. Les difficultés de diverse nature qu'éprouvent plusieurs élèves rendent difficile la participation au travail d'équipe requis par l'approche coopérative ou la pédagogie par projet.

Pour les enseignantes et enseignants, la formation des élèves à l'éducation des adultes ne peut se limiter aux apprentissages liés aux situations de vie. Cette réforme néglige les raisonnements abstraits et les connaissances générales de base, les savoirs essentiels. Un programme strictement axé sur les situations de vie est trop limitatif et utilitaire. En marginalisant les connaissances, il y a un nivellement vers le bas dans les programmes réformés. De plus, les thématiques imposées en lien avec les savoirs essentiels sont trop restrictives et risquent de démotiver les élèves, particulièrement ceux fréquentant les cours d'alphabétisation et ceux du présecondaire. Tout laisse croire que l'échec observé à la formation générale des jeunes se reproduira dans leur secteur et aura des impacts majeurs sur la qualité de l'éducation dans l'éventualité d'une implantation de la réforme à l'éducation des adultes.

"Les enseignantes et enseignants à l'EDA croient qu'il n'est pas réaliste, voire impossible de concilier les approches pédagogiques imposées par la réforme avec les réalités vécues par les élèves fréquentant le secteur de l'éducation des adultes", de préciser le président de la FAE, M. Pierre St-Germain.

On déplore également le manque d'uniformité du matériel pédagogique et l'absence de mécanisme pour s'assurer de la conformité du matériel aux exigences des programmes. Ce matériel pédagogique et les examens sont jugés insuffisants, souvent incomplets, voire absents de certains cours. Le matériel informatique et les équipements technologiques sont aussi insuffisants dans les centres et y sont répartis de manière inégale.

Finalement, les enseignantes et enseignants ont mentionné que l'évaluation mise en place dans le cadre de la réforme suscite du mécontentement parce que l'évaluation des compétences, qui repose sur la subjectivité, ne permet pas d'établir clairement le niveau des apprentissages et, encore moins, le degré d'acquisition des connaissances. La nature des examens que les élèves doivent passer exige d'eux qu'ils doivent y consacrer un temps beaucoup trop long, ce qui contribue à les démotiver. À cela, il faut ajouter qu'il existe peu ou pas d'évaluation terminale et qu'aucun canevas n'est à la disposition du personnel enseignant dans cette tâche.

Pour la FAE, ce sont des raisons suffisamment valables pour ne pas appliquer cette réforme à l'éducation des adultes.

"Le programme qui a cours a le grand avantage de faire état, de manière explicite, des connaissances devant être enseignées et du degré de maîtrise que l'élève doit posséder pour répondre aux exigences minimales du programme. Clairement, le programme actuel répond déjà aux attentes que la ministre Courchesne a manifestées au regard de la place prépondérante que doivent occuper les connaissances dans les programmes de formation. Si la ministre souhaite améliorer la situation à l'éducation des adultes, elle devrait concentrer ses efforts sur l'actualisation des programmes actuels, fournir des services complémentaires et des mesures de soutien, tant pour les élèves que pour le personnel enseignant, ou encore déterminer des règles de formation de groupes qui tiennent compte des besoins des élèves et qui en limitent le nombre raisonnablement", de conclure le président de la FAE, M. Pierre St-Germain.

La FAE demeure ouverte à discuter des problèmes et des solutions au regard de la réforme, tant au secteur jeune qu'à l'EDA. La FAE souhaite que la ministre puisse mettre à profit l'expertise des enseignantes et enseignants du secteur de l'éducation des adultes afin de contribuer de manière significative à l'amélioration d'un programme de formation qui répondrait davantage aux besoins des élèves.

La FAE regroupe neuf syndicats de l'enseignement qui représentent quelque 30 000 enseignantes et enseignants (le tiers du personnel enseignant au Québec) du préscolaire, du primaire, du secondaire, du milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes ainsi que le personnel scolaire des écoles Peter Hall et du Centre académique Fournier.

[Source : http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/November2009/12/c8380.html]