Appel à communication pour le colloque L’éducation nouvelle au service d’une nation à réformer : entre espoirs et réalités (1930-1970)

Appel à communication pour le colloque L’éducation nouvelle au service d’une nation à réformer : entre espoirs et réalités (1930-1970)

 

Résumé

Ce colloque vise à étudier les processus de définition, de légitimation, de reconnaissance et de diffusion de l’éducation nouvelle, ainsi que les points de confluence entre l’éducation nouvelle et les mouvements d’éducation populaire et d’éducation spécialisée notamment au travers des méthodes pédagogiques, des acteurs et des réseaux communs aux trois milieux. Les quatre thématiques mises à l'étude durant ce colloque se pencheront sur les réponses apportées en leur temps dans le cadre des réformes successives de l'enseignement et des personnels d'éducation.

Annonce

Ce projet de colloque est le fruit d’un partenariat entre deux entités associant chacune des historiens et des établissements de conservation d’archives, soit le Pôle de conservation des archives des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire (PAJEP) et le Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne. Le PAJEP a pour objectif la conservation des archives des mouvements nationaux de jeunesse et d’éducation populaire, qui, au terme d’un partenariat entre les ministères de la Culture et de la communication, de la Santé, de la Jeunesse, des sports et de la vie associative, le Conseil général du Val-de-Marne et l’association des déposants des archives des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire (ADAJEP), est réalisée au sein des Archives départementales du Val-de-Marne. Le Musée de la Résistance nationale est une fédération d’associations oeuvrant à la collecte, la conservation et la valorisation de fonds d’archives et de collections d’objets permettant de retracer l’histoire des mouvements de résistance et, de par les acteurs de ces mouvements et leur rôle dans la vie publique, d’une période large commençant dans les années 1930 et se terminant dans les années 1960. Le principal établissement de cette fédération est situé à Champigny-sur-Marne. Dans le cadre de ce colloque, le Musée de la Résistance nationale travaille en collaboration avec le Mémorial Leclerc/Musée Jean Moulin et le Musée de l’Ordre de la Libération.

Ce partenariat a pour objet l’histoire du mouvement de l’Education nouvelle à la convergence de l’histoire de l’éducation et de l’histoire politique et sociale. La période prend en compte aussi bien celle du Front populaire suivie de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance, que celle de la IVème et de la Vème Républiques.

Ce colloque vise plus particulièrement à étudier :

  1. Les processus de définition, de légitimation, de reconnaissance et de diffusion de l’Education nouvelle ;
  2. Les points de confluence entre l’Education nouvelle et les mouvements d’éducation populaire et l’éducation spécialisée, notamment  au travers des méthodes pédagogiques, des acteurs, des réseaux communs aux trois milieux.

Cette perspective implique de la part des divers spécialistes de l’Education nouvelle, de l’éducation populaire ou de l’éducation spécialisée de sortir de leur domaine de spécialité en se confrontant aux relations entre ces différents champs, en intégrant le regard d’autres disciplines (linguistique, psychologie, …). Ce colloque a également pour but de favoriser le dialogue entre les chercheurs et les témoins du passé de l’Education nouvelle, porteurs d’une expérience encore vivante. La période retenue va des années 1930 aux années 1960 ; laissant délibérément de côté les débuts de l’Education nouvelle. Les années 1930 voient l’essor de La Nouvelle Education et du GFEN comme organes de représentation de l’Education nouvelle, et le développement de politiques publiques de réforme de l’éducation, en particulier lors du Front populaire, préparé par le congrès du Havre. Les années 1960 marquent une étape importante de vulgarisation, voire de banalisation des idées et méthodes de l’Education nouvelle, dont le congrès d’Amiens (1968) est un épisode important. Ce bornage chronologique intègre donc la période de la Seconde Guerre mondiale, comme contexte d’interrogations individuelles et collectives propice aux mutations.

Orientations thématiques

Le colloque qui se déroulera sur deux jours, répondra aux orientations thématiques suivantes : le socle théorique de l’Education nouvelle ; le moment de la Libération, creuset d’une société nouvelle ; l’Education nouvelle, une résistible ascension ? ; les liaisons avec l’éducation populaire.

Thématique n°1 : Le socle théorique de l’Education nouvelle

L’Education nouvelle, dès ses origines, a rencontré des problèmes de définition tant le foisonnement de ses initiatives et sa diffusion hasardeuse, pour ne pas dire inorganique, ont empêché la clarification de son paradigme. Plusieurs tentatives de normalisation ont été tentées, mais aucune n’a abouti à une charte suffisamment claire pour fédérer ses partisans autour d’un mouvement qui ne réside ni dans une technique, ni dans une méthode particulière, mais dans une volonté incessante d’adaptation de l’éducation aux caractéristiques des enfants.

Est-il possible d’identifier, de manière rétrospective, le socle théorique de l’Education nouvelle ? De quoi serait-il constitué ? Où trouverait-il son étayage ? Quelles sont les tentatives de définition qui ont été opérées par les acteurs mêmes du mouvement ? Sur ces questions, le colloque pourra accueillir, outre des communications d’historiens et de spécialistes des sciences de l’éducation ou des STAPS, des spécialistes d’autres disciplines telles que la psychologie, la philosophie, la sociologie, la linguistique. Des communications permettant de porter notre regard sur l’élaboration théorique de l’Education nouvelle hors de France seront aussi les bienvenues.

Thématique n°2 : Le moment de la Libération, creuset d’une société nouvelle ?

La Constitution du 27 octobre 1946 institue « l’instruction, la formation professionnelle et la culture » comme des droits fondamentaux pour tous et en premier lieu pour l’enfant ; c’est la première fois que l’enfant est considéré comme un individu dans un texte fondamental, qui plus est dans un préambule qui irrigue toutes les orientations d’une société nouvelle. Ces orientations font écho aux travaux de la commission pour la réforme de l’enseignement dite commission Langevin-Wallon qui propose un plan général de l’enseignement (1947) plaçant éducation nouvelle et éducation populaire au cœur du projet. De fait, ce plan est la synthèse de mouvements de pensée et de bilans d’actions concrètes qui se sont développés dans les années 1930 et qui ont trouvé un écho nouveau durant l’Occupation, tant dans les mouvements autorisés ou créés par l’Etat français que dans le projet de société nouvelle porté par les résistants. Le moment de la sortie de guerre renforce cet élan institutionnel par la nécessité d’accueillir, de soigner et de réinsérer les enfants et adolescents soldats, rescapés des camps, etc. Ces propositions de politiques éducatives se retrouvent dans d’autres secteurs de l’action publique, tels le travail, les loisirs, la famille ou la prévention de la délinquance (développement des comités d’entreprise, de la protection maternelle et infantile, ordonnance sur la jeunesse délinquante). Dans ce contexte de la Libération, il paraît pertinent de faire porter les interrogations de ce colloque sur les acteurs importants et les réseaux qui ont permis de développer ou de mettre en pratique les thèses de l’Education nouvelle. Des communications sur les travaux de la commission Langevin-Wallon et ses liaisons avec les acteurs et mouvements évoqués ci-dessus seront les bienvenues.

Thématique n°3 : L’Education nouvelle, une résistible ascension ?

Au cours de la période considérée (1930-1960), l’Education nouvelle connaît un essor indéniable : des enseignants et des éducateurs s’y convertissent, des expériences se multiplient, les pouvoirs publics y prêtent intérêt et en adoptent les principes, l’idée gagne l’opinion publique. Cet apparent succès ne doit pas cacher, cependant, les difficultés, internes comme externes, auxquelles se heurte l’Education nouvelle tout au long de sa diffusion. Des communications sont particulièrement attendues :

  • sur l’opposition à l’Education nouvelle provenant, notamment, du corps enseignant et de ses représentants syndicaux; de la haute administration de l’Education nationale ; des théoriciens de l’éducation (d’Alain à Jean Château) ; des mouvements familiaux ;
  • sur les obstacles intrinsèques à l’Education nouvelle elle-même tenant, notamment, à sa faiblesse organisationnelle ; à la rivalité (théorique et idéologique) entre ses leaders (Cousinet, Wallon, Freinet…) et leurs groupes ; à sa difficulté à se pérenniser par défaut de renouvellement générationnel et d’actualisation théorique.

Thématique n°4 : Les liaisons avec l’éducation populaire

Cet axe thématique permettra d’aborder plus spécialement la confluence entre l’Education nouvelle et d’autres champs éducatifs et sociaux. Il devrait tenir une place particulière dans le colloque, en raison des convergences hypothétiques de méthodes ou d’acteurs, qu’il sera opportun de mettre en question. Il conviendra donc de rapprocher les spécificités de l’Education nouvelle et de son « école active » avec les méthodes d’ « éducation active » diffusées dans les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, qu’il s’agisse des Cemea, de Peuple et culture, des mouvements scouts et de bien d’autres. Compte tenu de la position des Eclaireurs de France, à la charnière des mouvements de jeunesse et de l’administration de l’Education nationale (Albert Châtelet, Gustave Monod, les frères François…), une ou plusieurs études sur leur rôle éventuel comme passeurs ou traducteurs de l’Education nouvelle dans l’éducation populaire et l’Education nationale seraient bienvenues.

Parmi ces mouvements d’éducation populaire certains se sont-ils explicitement réclamés de l’Education nouvelle ? Pour ceux qui ne l’ont pas fait, y a-t-il eu mise au point ou utilisation de méthodes communes ? Y a-t-il un rapprochement à faire entre le pédagogue de l’Education nouvelle et le cadre de l’éducation populaire ? Leur positionnement face à ceux auxquels ils s’adressent est-il comparable ? Pourront également être évoqués comme zones de convergence possibles le stage, commun à tous les mouvements d’éducation populaire, les conseils de maisons des MJC, éventuellement les cercles d’études, ou d’autres pratiques encore. Ce travail sur les méthodes, mais aussi sur les acteurs et les réseaux, est proposé pour toute la période qui nous occupe, durant laquelle il s’agira de discriminer les convergences raisonnées et celles qui sont dues à des hasards ou plutôt au contexte historique général. Une spécificité devra être traitée pour la fin de notre période, durant laquelle on pourra vérifier si les mouvements d’éducation populaire ont été un refuge pour les acteurs de l’Education nouvelle en retrait de l’Education nationale. Enfin, des communications ou des récits d’expérience sur des expérimentations des théories de l’Education nouvelle au sein de l’éducation populaire ou d’autres champs comme l’éducation spécialisée permettront d’illustrer ces éventuelles confluences.

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Les propositions de communication devront être rédigées en Times New Roman, taille de police 11, interligne simple et comporter un titre, les limites de la période étudiée, le numéro de la thématique dans laquelle elle s’inscrit, un résumé de 30 lignes maximum ainsi que les coordonnées et les fonctions de l’intervenant.

Ces propositions doivent être adressées à LGutierrez76@aol.com avant le 1er février 2010
Pour toutes autres informations complémentaires sur le colloque, consulter le site dédié à
L’histoire du mouvement de l’Education nouvelle en France (http://hmenf.free.fr)

Le colloque se déroulera les 25 et 26 novembre 2010