Les difficultés d'apprentissage des élèves s'aggravent à cause du manque de ressources professionnelles

Les difficultés d'apprentissage des élèves s'aggravent à cause du manque de ressources professionnelles

Rouyn-Noranda, le 9 février 2010. – Une vaste consultation menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) auprès de ses membres révèle qu’il y a un grave manque de professionnelles et professionnels dans les établissements scolaires de la région de l’Abitibi-Témiscamingue à un point tel que les difficultés d’apprentissage de plusieurs élèves s’aggravent, faute de recevoir des services.
 
De passage aujourd’hui à Rouyn-Noranda, le président de la FPPE-CSQ, M. Jean Falardeau, accompagné de la présidente du Syndicat des professionnelles et professionnels du milieu scolaire du nord-ouest (SPPMSNO), Mme Rose Marquis, a rendu public les résultats de cette consultation pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue.
 
« Le manque de professionnelles et professionnels de l’éducation est flagrant dans l’ensemble des commissions scolaires de la région. Le délai qu’un élève doit attendre pour recevoir des services varie de quelques semaines à plus d’un an selon les cas. La situation de pénurie de personnel est à ce point sérieuse que les professionnelles et professionnels en fonction déplorent être la plupart du temps occupés à éteindre des feux, à régler les cas les plus urgents sans pouvoir faire aucune approche de prévention », rapporte M. Jean Falardeau.
 
Des interventions discutables
 
Le président de la FPPE-CSQ soutient que dans certains établissements scolaires, en l’absence d’orthopédagogue, la direction de certaines écoles fait appel à du personnel autre non formé qui intervient auprès d’élèves dyslexiques, dysorthographiques, dysphasiques.
 
« Comment peut-on demander à quelqu’un qui n’a pas la formation nécessaire d’intervenir sur le plan pédagogique auprès d’élèves présentant des problématiques si complexes ? Cela n’a aucun sens. Mais le pire, c’est que ces élèves ne reçoivent pas le soutien de qualité auquel ils ont droit et, plus les années passent, plus leurs difficultés deviennent insurmontables », dénonce M. Falardeau.
 
Des centaines d’élèves laissés à eux-mêmes
 
M. Falardeau précise que le manque de ressources professionnelles sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue affecte de nombreuses professions, dont les conseillères et conseillers d’orientation, les psychologues, les psychoéducatrices et psychoéducateurs, les orthophonistes, les animatrices et animateurs à la vie spirituelle et à l’engagement communautaire, les conseillères et conseillers pédagogiques, les animatrices et animateurs de vie étudiante, et les conseillères et conseillers en information scolaire et professionnelle.
 
« Ce sont des centaines d’élèves ayant des besoins divers qui sont laissés à eux-mêmes faute de ressources suffisantes, et pour qui la réussite scolaire devient un objectif pratiquement impossible à atteindre. C’est profondément injuste et plusieurs d’entre eux devront vivre toute leur vie avec les conséquences de ne pas avoir reçu à l’école tout le soutien dont ils avaient besoin », prévient le président de la FPPE-CSQ.
 
De nombreuses situations inacceptables
 
De son côté, la présidente du SPPMSNO, Mme Rose Marquis, complète le portrait régional en citant divers exemples qui confirment le sérieux manque de ressources professionnelles.
 
« Nous avons de plus en plus de demandes d’évaluation au secondaire pour des élèves qui n’ont pas pu l’être au primaire (dyslexie, trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité). Il y a des élèves qui ne seront pas rencontrés de l’année même s’ils ont des besoins. Il y a un véritable manque de temps pour établir des plans d’intervention adaptés aux élèves. Plusieurs autres élèves sont démotivés et il n’y a aucun professionnel pour les encourager, les conseiller et les guider afin qu’ils puissent persévérer. Ce n’est certainement pas exagéré de parler de centaines d’élèves qui ont besoin de recevoir de l’aide et du soutien de ressources professionnelles, mais qui n’y ont pas droit et qui doivent se débrouiller tant bien que mal », constate Mme Marquis.
 
Un appel à tous les acteurs de l’éducation dans l’intérêt des élèves
 
Mme Marquis croit que les différents acteurs du monde de l’éducation de l’Abitibi-Témiscamingue, et plus particulièrement les parents, doivent s’unir pour dénoncer cette situation et réclamer d’une même voix pour leur région que le gouvernement du Québec leur accorde les ressources professionnelles nécessaires pour assurer à tous leurs élèves des chances égales à la réussite scolaire.
 
« L’avenir de nos jeunes nous tient beaucoup trop à cœur pour qu’on tolère plus longtemps une telle situation. C’est bien beau de parler de lutter contre le décrochage scolaire, mais cela doit tout d’abord commencer par nous assurer qu’il y a suffisamment de ressources professionnelles dans nos écoles pour que TOUS nos jeunes ayant des besoins reçoivent du soutien et de l’aide », conclut Mme Rose Marquis.
 
Profils
 
La CSQ représente quelque 170 000 membres, dont près de 100 000 dans le secteur public. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
 
La Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ) représente 20 syndicats regroupant 6000 membres répartis dans la quasi-totalité des commissions scolaires du Québec, francophones, anglophones, Crie et Kativik. Elle compte, parmi ses membres, différentes catégories de personnel, dans les secteurs administratif, pédagogique et les services directs aux élèves.