Nomination de Ruth Rose à l'Ordre national du Québec

Nomination de Ruth Rose à l'Ordre national du Québec

Montréal, le 26 mai 2011

C’est avec fierté et émotion que le conseil d’administration et l’équipe
du Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) s’unissent afin de féliciter
sa présidente, Madame Ruth Rose, pour sa nomination à titre de Chevalière de l’Ordre national
du Québec, la plus haute distinction décernée par le gouvernement québécois à ses citoyennes et
citoyens émérites.

Native des États-Unis où elle a fait ses études à l'Université de Chicago et l'Université de
Californie à Berkeley, Madame Rose a été pendant trente-cinq ans professeure de sciences
économiques à l’Université du Québec à Montréal, institution à laquelle elle demeure toujours
associée aujourd’hui.

Elle est l’économiste qui a joué le rôle le plus décisif dans la transformation des conditions de vie
des femmes au Québec depuis les années 70, « l’une des économistes québécoises les plus
intéressantes de notre époque », comme l’indiquait récemment la Revue Vie économique dans un
portrait qui lui était dédié. Le mouvement des femmes québécois a pu la voir à l’œuvre tant de
fois : ses recherches sur le financement des services de garde à partir de 1978 ont contribué à la
mise en place de la politique d'accès universel en 1997; elle est l’oreille des mères
monoparentales et des jeunes familles lors de l’écoute des budgets, des proches aidantes dans la
reconnaissance de leur contribution et leur lutte contre l’appauvrissement, des femmes seules
âgées quand il est question des retraites, des aides familiales dans leur lutte pour l’amélioration
de leurs conditions de travail et des travailleuses non syndiquées dans leur droit à l’équité
salariale.

L’une de ses contributions les plus importantes a sans doute été une analyse qui a permis de
mettre en lumière des anomalies majeures survenues à la suite de coupures dans les divers
programmes de soutien aux familles. Cette proposition a servi de modèle au gouvernement du
Québec pour l’élaboration en 2005 de la mesure Soutien aux enfants et Prime au travail. Elle a
mis un terme aux compressions imposées aux familles bénéficiaires de l'aide sociale qui ont alors
vu leur revenu augmenter pour la première fois depuis 1993.

Madame Rose est capable de traduire les revendications des groupes et individus désavantagés
par certaines dispositions des systèmes fiscaux en une analyse rigoureuse autour de propositions
concrètes, toujours en s’assurant de démontrer l’impact différencié selon le genre. À plusieurs
reprises, les gouvernements ont reconnu son expertise. Mentionnons sa participation au groupe
d’étude sur la garde des enfants (Groupe Katie Cooke), mis sur pied sous l'égide de Condition
féminine Canada, qui a produit son rapport percutant en 1986. En 1996, elle fut nommée membre
de la Commission sur la fiscalité et le financement des services publics du Québec. Elle siège
actuellement au Conseil de gestion du Régime québécois d'assurance parentale et au Comité
consultatif des partenaires de la Commission de l'équité salariale, les deux à titre de représentante
des travailleuses non syndiquées sur recommandation des groupes de femmes.

Sur le plan international, elle a été co-chercheure d’un rapport commandité par l'UNESCO sur la
démocratisation de l'éducation en 1978, déléguée du Canada à une conférence d'experts sur les
familles monoparentales et les politiques sociales en 1987 et invitée par l'Office international du
travail pour présenter un atelier sur les femmes et la retraite à Turin en 2009.

Son apport est particulièrement remarquable en cela qu'elle a su constamment allier enseignement
universitaire et lutte contre les inégalités sociales en accompagnant les groupes de femmes, les
organisations communautaires et les syndicats dans leurs revendications pour l’avancement de
l’autonomie économique des femmes. Outre sa participation à l'Institut de recherche et d'études
féministes (IREF) - elle a été coordonnatrice de son prédécesseur, le GIERF, entre 1984 et 1986 -
elle a été membre fondatrice de Relais-femmes et instigatrice de la signature d'un protocole
d'entente entre Relais-femmes et l'UQÀM en 1982. Cette implication témoigne d’une méthode
de travail innovante et d’un souci de donner accès aux ressources et aux savoirs universitaires à
des personnes et à des groupes qui traditionnellement n’y ont pas accès, constituant ainsi un
formidable outil de démocratisation du savoir, d’accessibilité et de mobilisation de connaissances
pour le changement social.
Elle fut également récipiendaire du Prix Muriel Duckworth décerné par l'Institut canadien de
recherche et d'études féministes (ICREF) et du Prix Idola Saint-Jean décerné par la Fédération
des femmes du Québec (FFQ).

« Pour moi, cette reconnaissance n'est pas principalement pour moi comme individue, mais plutôt
une reconnaissance d'une part du mouvement des femmes et de son importance dans la vie
politique, sociale et culturelle du Québec, et d'autre part de la collaboration universitaire-
communautaire qui a été rendue possible par la politique des services aux collectivités de
l'Université du Québec à Montréal et qui, elle aussi, a fait des bébés partout au Québec et au
Canada. », souligne, avec l’humilité qui la caractérise, Mme Rose.

Le CIAFT désire la remercier au nom du mouvement des femmes du Québec pour son
intelligence, sa présence, son calme impassible et sa liberté d’être qui sont si inspirants pour nous
toutes et tous.

Les récipiendaires recevront leur insigne des mains du premier ministre à l’occasion d’une
cérémonie solennelle qui se déroulera à l’hôtel du Parlement, le 15 juin 2011.


Source : Nathalie Goulet, directrice, CIAFT
(514) 954-0220 poste 1702
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ngoulet@ciaft.qc.ca
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