8e Assemblée mondiale du Conseil international d’éducation des adultes (CIEA) à Malmö

8e Assemblée mondiale du Conseil international d’éducation des adultes (CIEA) à Malmö

Dans l’intention d’évaluer dans quelle mesure l’éducation et l’apprentissage des adultes permet aux citoyens d’édifier « un monde où il fait bon vivre », quelque 700 membres et partenaires du CIEA ont rejoint du 14 au 17 juin 2011 sa huitième Assemblée mondiale dans la ville de Malmö au sud de la Suède.

L’Assemblée a été ouverte par une première journée marquée d’activités de bienvenue et d’événements parallèles. Sur l’invitation du Bureau Genre et Éducation (GEO) du CIEA, des femmes et des hommes issus d’organisations membres régionales et locales ont analysé les questions d’équité entre les sexes à la lumière des nombreuses crises actuelles (alimentation, économie et climat), et les défis afférents qui se posent à l’éducation des adultes. Parallèlement, l’Association européenne pour l’éducation des adultes a tenu son Assemblée générale, y a réélu pour un second mandat sa présidente, Mme Sue Waddington du Royaume-Uni, et accueilli un nouveau conseil d’administration. De son côté, Nordic Seminar a débattu des tâches et rôles spécifiques que peuvent assumer les pays baltes et nordiques dans le suivi du Cadre d’action de Belém.

Deux journées de présentations et de débats sur quatre domaines thématiques ont suivi, portant sur l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie pour le développement durable face au changement climatique, sur la relation entre le droit d’apprendre et le droit à un travail décent, et sur la contribution du Folkbildning, apprentissage populaire fortement ancré en Scandinavie, à la maîtrise des défis mondiaux actuels. Une priorité pour l’UIL résidait dans le thème de la meilleure stratégie à élaborer par la communauté internationale des éducateurs d’adultes pour un suivi homogène de CONFINTEA, du programme Éducation pour tous (EPT) et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

M. Arne Carlsen, Directeur de l’UIL, s’est adressé à l’Assemblée au nom du Directeur général de l’UNESCO, et a signalé le rôle décisif du CIEA, de l’UIL et de l’UNESCO, partenaires de longue date, qui se sont efforcés d’améliorer la position de l’éducation des adultes au sein de l’apprentissage tout au long de la vie, en particulier depuis CONFINTEA III jusqu’à CONFINTEA VI. Il a en outre souligné l’importance de l’éducation des adultes et de l’apprentissage tout au long de la vie dans la création de sociétés plus inclusives. Rappelant les engagements des pays à élaborer des rapports triennaux sur le suivi du Cadre d’action de Belém, il a proposé que les échéances de l’EPT et des OMD coïncidant en 2015 mènent à dresser un tableau exhaustif des progrès de l’alphabétisation, de l’apprentissage et de l’éducation des adultes dans la perspective d’apprentissage tout au long de la vie. 

Parmi les moments forts des présentations plénières figure l’intervention du maire de Malmö, M. Ilmar Reepalu, qui a esquissé la fascinante transformation d’une ville autrefois fortement industrielle en environnement urbain favorisant l’intégration sociale et le développement durable, à travers une série de politiques appliquées par le conseil municipal. Dans son discours liminaire, Intellectuels et acteurs de l’intellect : le rôle des éducateurs dans le monde impitoyable d’aujourd’hui, la Professeure Gita Sen de l’Inde a avancé que l’apprentissage tout au long de la vie signifie s’aventurer dans l’inconnu (« le désagrément est un très bon outil d’apprentissage ») et est ambitieux puisqu’il implique de s’engager dans des situations incertaines au-delà de nos limites familières. Elle a identifié les deux catégories les plus fragilisées dans nos sociétés contemporaines, et par conséquent premiers groupes cibles pour l’éducation des adultes : les jeunes sortant du système scolaire formel sans aucune chance d’entrer sur le marché du travail, et les personnes exclues dès le départ d’une éducation solide.

Un débat très instructif a été mené en plénière sur la coopération au développement international. Les délégués de quatre grands organismes ont partagé les principes sur lesquels repose la coopération au développement dans leurs pays respectifs : la Direction suisse pour le développement et la coopération (SDC), l’Agence suédoise pour le développement international (SIDA), l’Agence norvégienne pour la coopération au développement (NORAD) et le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Tous les intervenants ont relevé l’importance de la réduction de la pauvreté ainsi que l’effort général d’intégrer leurs approches de l’éducation à différents niveaux :

 

·         vers des systèmes et secteurs éducatifs complets rattachés à un seul ensemble

·         par le rapprochement de l’éducation de base et de l’enseignement professionnel

·         par des liens entre la coopération au développement et d’autres politiques nationales (intérieures et étrangères) et les stratégies mondiales.

La directrice adjointe du département de l’éducation du BMZ, Mme Karin Jahr-de Guerrero, a expliqué l’élaboration récente par son ministère d’une stratégie pour l’éducation première. Cette dernière, sujette encore à consultation et finalisée à l’automne prochain, ancre l’éducation comme droit fondamental et est guidée par une perspective d’apprentissage tout au long de la vie. Mme Jahr-de Guerrero a insisté sur le fait que la communauté internationale doit envisager l’après-2015. De l’opinion générale, les objectifs de l’EPT ne seront pas atteints et doivent par conséquent être poursuivis en tant que « EPT au-delà de 2015 ». L’éducation des adultes peut jouer dans ce domaine un rôle important.

L’Assemblée s’est terminée par un débat sur les principes et éléments stratégiques résultant des discussions menées dans les quatre domaines thématiques, en vue de les inclure dans un projet de déclaration. La poursuite de la sensibilisation à l’éducation des adultes a été déclarée être une tâche de première importance, qui doit être reliée étroitement à des sujets spécifiques tels que la santé ou l‘emploi, afin de démontrer la contribution et la valeur concrètes de l’apprentissage des adultes. Par ailleurs, la nécessité a été établie de multiplier les travaux de recherche sur plusieurs fronts, dans le but de fournir les preuves des effets bénéfiques de l’éducation des adultes, d’élaborer indicateurs, normes de référence et objectifs – relatifs notamment au financement et à la participation, et de collecter des données longitudinales. Une attention particulière sera portée au développement et au perfectionnement professionnels des éducateurs d’adultes dans leurs situations de travail. En outre, le CIEA prévoit de constituer un comité mondial d’alphabétisation dans le cadre de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), en vue de promouvoir le concept de l’alphabétisation en tant que continuum.

Toutes ces questions sont de première importance pour l’UIL et en rapport direct avec ses domaines de travail. Elles ouvrent des possibilités concrètes de future coopération. L’UIL a été très satisfait de constater que le suivi de CONFINTEA, du programme EPT et des OMD demeurera une priorité constante du CIEA. En effet, le projet de déclaration de ce dernier inclut une requête auprès de l’UNESCO de poursuivre le suivi minutieux de la mise en oeuvre du Cadre d’action de Belém, en demandant aux États membres de rapporter leurs avancées, en transmettant ces rapports et en aidant les organisations de la société civile dans le processus de suivi.

L’Assemblée générale du CIEA a élu un nouveau conseil d’administration et un nouveau président. M. Paul Bélanger du Canada, ancien directeur de l’IUE (UIL) de 1990 à 2000, a présidé le Conseil pendant 11 ans. M. Alan Tuckett du Royaume-Uni lui succède à la présidence du CIEA.

Pour de plus amples informations :

http://aworldworthlivingin.se

www.icae.org.uy