L'école: le courage d'y retourner

L'école: le courage d'y retourner

Denise Béchard, de Sainte-Thérèse, a décidé de retourner aux études à l'âge de 53 ans. Ce périple parsemé d'embûches, de persévérance et de détermination l'auramenée, quatre ans plus tard, à l'obtention de son diplôme de 5e secondaire, d'un emploi et du prix Bernard-Normand décerné par l'ICÉA (Institut de coopération pour l'éducation des adultes).

Travaillant dans le secteur alimentaire depuis longtemps, Denise subit un jour les contrecoups d'une fermeture, d'une grande fatigue et de malaises physiques qui l'obligent à s'arrêter. Poussée dans ses limites, elle prend un an de repos.

Par la suite, elle fait un stage de réinsertion avec Line Morin, au Café de la Maison, à Sainte-Thérèse. Elle y reste un mois avant de décider de retourner à l'école. Le choc est grand: non seulement elle se retrouve avec des élèves beaucoup plus jeunes qu'elle, mais elle doit s'y remettre là où elle est classée, notamment au présecondaire en français.

Soutenu financièrement par Emploi-Québec, via son agente Manon Bélisle, débute alors le processus d'apprentissage. Cours d'anglais, de géographie, d'histoire, de français et du bénévolat pour la bibliothèque. «J'étais la plus vieille de mes classes. On m'appelait maman. Les jeunes se confiaient à moi», raconte-t-elle.

Son vécu et son plaisir de lire ont été des éléments qui ont aidé Denise à passer à travers les différentes étapes de sa scolarité. Des enseignantes, comme Margo Lacroix, ont été importantes lors de son périple parsemé de réussites, mais aussi de découragements. «Il y a eu des journées où ça allait bien et d'autres où je ne voulais plus y retourner», confie Denise Béchard.

En avril 2011, elle obtient son diplôme. Forte de ses années d'études, elle entreprend de se trouver un emploi. Elle est confrontée à une dure réalité, celle de réintégrer le marché du travail à 57 ans. Benoit Auclair lui offre la chance de vivre l'expérience de Plastigroulx, une entreprise virtuelle qui permet de faire un stage de 15 semaines. «Il a été ma planche de salut!» se plaît-elle à affirmer.

Sa persévérance et son désir de travailler font en sorte qu'elle déniche un emploi à la Coop du collège Lionel-Groulx, en août 2011. «J'aime ça travailler avec le public», affirme-t-elle.

La réussite de son cheminement, fait avec le soutien de son fils, ne passe guère inaperçue. Diane Dewar, conseillère en formation au Centre multiservice de Sainte-Thérèse, décide d'envoyer sa candidature pour le prix Bernard-Normand de l'ICÉA. Celui-ci rend hommage à un adulte qui, par son courage, a réussi un parcours éducatif et peut être considéré comme une source d'inspiration. Elle écrit dans la lettre de candidature: «Elle a pris son envol au fil du temps, en vivant des réussites scolaires, mais aussi en prenant une place significative auprès des jeunes dans l'école [...]. Toujours prête à aider [...], elle s'est impliquée au-delà du nombre d'heures requis.»

Se disant touchée par ce geste, c'est le 16 novembre dernier qu'elle se voit remporter ce prix. Denise est encore sous le choc de cette réussite. «J'ai eu des anges gardiens. C'était ma fierté de finir et j'ai travaillé fort pour faire ma place, malgré les difficultés. J'ai du caractère!» termine-t-elle avec bonne humeur.