Le prochain budget : lutter contre les inégalités et miser sur l'éducation

Le prochain budget : lutter contre les inégalités et miser sur l'éducation

Communiqué

MONTRÉAL, le 24 févr. 2012 /CNW Telbec/ - Dans le cadre des consultations prébudgétaires du gouvernement du Québec pour l'année 2012-2013, la FAE vient de déposer son mémoire intitulé « Des services publics au cœur de la relance sociale et économique ». La FAE convie le gouvernement à mettre en priorité la justice sociale plutôt que d'avoir pour seul objectif l'équilibre budgétaire. Si, comme l'affirme le gouvernement, le contexte économique est plus difficile, il a alors le devoir de protéger les citoyens les moins bien nantis. Il se doit de maintenir des services publics de qualité, universels et accessibles, et des programmes sociaux qui répondent aux besoins de tous les citoyens.

Lutter contre les inégalités sociales
En déposant son prochain budget, le gouvernement Charest doit saisir l'occasion de réduire les inégalités sociales et de s'attaquer aux conditions inhérentes à la pauvreté. Il faut intervenir davantage pour soutenir les personnes à faible revenu. Par exemple, le maintien du pouvoir d'achat, le développement du logement social, l'amélioration du régime public des rentes de retraite, le rehaussement du salaire minimum au-delà du seuil de faible revenu seraient des mesures socialement structurantes et économiquement positives pour plusieurs régions du Québec.

L'éducation comme levier de développement social et économique
De plus, le prochain budget doit envoyer un message sans équivoque sur l'importance qu'on accorde à l'éducation comme levier de développement social et économique. Ainsi, on doit fournir au réseau scolaire les ressources nécessaires pour assurer l'égalité des chances de tous les élèves, particulièrement en soutenant ceux qui éprouvent des difficultés. Au sujet des études postsecondaires, tous les étudiants devraient pouvoir compter sur des revenus suffisants pour leur permettre d'entreprendre et poursuivre leurs études. Le premier ministre du Québec annonçait lui-même, le 23 février 2011, que l'éducation figurerait au premier rang des grandes priorités de son gouvernement. Près d'un an plus tard, il est désolant de constater le triste parcours de cette grande priorité, désormais détrônée par l'impératif de croissance économique1, mais, en plus, freinée par une série de mesures. Mentionnons notamment la hausse des droits de scolarité, la réduction de 110 M$ des budgets des commissions scolaires ou encore la limitation des dépenses du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) dans le cadre du projet de retour à l'équilibre budgétaire du gouvernement pour 2013-2014.

« Drôle de façon de prioriser l'éducation, un secteur pourtant essentiel pour assurer le développement d'une société. L'effet combiné de ces diverses mesures ne fait que freiner le développement d'un meilleur réseau d'éducation et soumet celui-ci à une forte pression qui met en danger sa capacité à remplir adéquatement sa mission. Ce gouvernement est obnubilé par l'économie. Il devrait pourtant comprendre que l'éducation n'est pas une dépense, mais un investissement, que le décrochage scolaire a un prix, autant pour celui qui n'a pas de diplôme que pour l'ensemble de la société. L'éducation reste un levier porteur d'avenir, apte à réduire les inégalités, un véritable moteur de développement culturel, économique et social. Il faut revoir les budgets qui y sont consacrés, particulièrement pour les secteurs du préscolaire, du primaire, du secondaire, de l'éducation des adultes et de la formation professionnelle. Il faut également mieux soutenir les milieux défavorisés. De plus, pour la FAE il ne fait aucun doute que la vocation d'entreprise des écoles privées ne s'accorde pas avec le principe d'une école égalitaire et universelle, et c'est ce que nous déplorons chaque année au sujet des subventions publiques dont elles profitent. En mettant fin au financement public des écoles privées, l'École publique pourrait se réapproprier de nouveaux moyens pour relever le niveau des services destinés aux élèves éprouvant des difficultés et remplir sa mission éducative plus efficacement », a déclaré Pierre St-Germain, président de la FAE.

Valoriser l'École publique
Dans son mémoire, la FAE présente plusieurs recommandations pour que l'École publique puisse remplir adéquatement son rôle. Parmi celles-ci, soulignons :

  • une augmentation du budget consacré à l'éducation;
  • un financement adéquat des commissions scolaires;
  • un soutien financier à l'École montréalaise, au réseau de l'éducation des adultes et aux adultes eux-mêmes désirant compléter leur formation;
  • un gel des droits de scolarité dans une perspective de gratuité scolaire;
  • des mesures en vue de la mise en place de maternelles destinées aux enfants de 3 ans et 4 ans en milieux défavorisés.

Des services publics au service de l'État et de ses citoyens
Le gouvernement doit préserver la mission fondamentale ainsi que l'accès et le caractère universel des services publics et des programmes sociaux. En ce sens, il faut écarter toute hypothèse de tarification ou de privatisation. « La tarification des services est une mesure fortement régressive qui pénalise directement les moins nantis. Par ailleurs, les événements des derniers mois nous ont appris que la perte d'expertise de la fonction publique a des conséquences désastreuses et entraîne plus de coûts que d'économies réelles. Il faut que l'État québécois mette fin à sa dépendance du secteur privé et mise à nouveau sur sa fonction publique qui a contribué au cours des dernières décennies à l'essor du Québec », d'ajouter Pierre St-Germain.

L'équilibre budgétaire par une meilleure redistribution de la richesse
Si le gouvernement souhaite un avenir prometteur pour le Québec, il doit réinvestir dans les services publics et en éducation. L'objectif de retour à l'équilibre budgétaire en accroissant le fardeau des citoyens par des hausses de tarifs, des taxes ou des compressions dans les services publics menace une fois de plus les moins nantis et accroît le fossé entre les riches et les pauvres. Il y a d'autres façons d'atteindre cet équilibre, par exemple, une répartition plus équitable et plus progressive de la fiscalité par laquelle les contribuables les plus fortunés et les grandes entreprises seraient appelés à contribuer à la collectivité en fonction de leurs moyens réels. « Pour avoir un plan de relance économique durable, il faut s'attaquer aux inégalités sociales plutôt que de proposer un plan d'austérité qui accable davantage la classe moyenne » de conclure, M. St-Germain.

-> Consultez le mémoire (PDF)