Appel à contributions pour la Berkshire Conference on Women’s History « Histoires sur la brèche »

Appel à contributions pour la Berkshire Conference on Women’s History « Histoires sur la brèche »

Université de Toronto: du 22 au 25 mai 2014
Envoi des propositions : avant le 15 janvier 2013

Pour la première fois de son histoire, la « Berkshire Conference of Women’s History » (désignée ci- après comme «Big Berks») se tiendra à l’extérieur des États-Unis, à l’Université de Toronto, du 22 au 25 mai 2014. Le thème central de la Big Berks de Toronto est Histories on the Edge/Histoires sur la brèche.

Notre thème illustre l’internationalisation croissante de ce congrès triennal. Il reconnaît également la précarité d’un monde où des millions de personnes marginalisées exigent des changements et où des intellectuelles et des intellectuels innovateurs créent des brèches, repoussent les limites et tissent des liens à l’intérieur comme à l’extérieur du monde universitaire. Nous espérons recevoir des propositions issues de tous les modes de réflexion critique et représentatives d’une vaste gamme de méthodologies. En plus des approches et des sources historiques usuelles, nous vous invitons à soumettre des présentations basées sur d’autres assises, notamment les artéfacts visuels et matériels, les objets sonores, les traditions orales et les archives affectives. Nous encourageons en effet la prise de risques sur le plan méthodologique et espérons présenter une brochette de pratiques établies et de nouvelles approches. Un appel tout particulier est lancé aux spécialistes dont les analyses traversent les siècles, les cultures, les lieux et les générations. Ainsi, nous souhaitons recevoir des propositions de panels sur les médias établissant des liens entre travaux historiques et contemporains (touchant à l’art, l’image, le film et d’autres types de productions et d’institutions culturelles).

La Big Berks de Toronto entend susciter un engagement conceptuel, historique et analytique afin de multiplier les brèches conceptuelles, en affinant, déstabilisant, décentrant et décolonisant les histoires dans un contexte d’envergure mondiale. Les brèches envisagées pour le congrès ont d’abord un caractère spatial: il s’agit de débattre de frontières impénétrables, d’entraves étouffantes ou enveloppes protectrices, et de points d’entrée fluides. Évoquant la créativité et l’avant-garde, le concept de brèche suggère en outre un enchevêtrement de confrontations brutales, de conflits déchirants mais aussi d’échanges intimes. Il évoque les espaces alternatifs que se sont construits les personnes et populations «marginalisées» ainsi que les efforts déployés pour créer un espace commun où bâtir des histoires à caractère oppositionnel.

État-nation façonné par des récits historiques impérialistes et sa propre dynamique colonialiste, aujourd’hui comme hier, le Canada est lui-même en marge d’un empire américain très puissant, bien que peut-être en déclin. Comme d’autres sociétés investies par les Blancs, c’est un État colonial fondé sur la dépossession de Premières nations, sur une citoyenneté blanche aux marges policées et sur l’imposition de modèles patriarcaux d’assimilation. Son histoire s’est néanmoins déployée de façon très diverse selon le temps et l’espace et en suscitant une myriade de résistances. Vécue sur les marges de trois empires, la trajectoire historique du Canada comprend une première colonisation française, toujours vivante dans la présence francophone au pays, puis celle des Britanniques. Les signes distinctifs du pays comprennent aujourd’hui un système de santé public, le droit au mariage entre personnes de même sexe et un multiculturalisme officiel, même si contesté. La ville de Toronto, située en territoire Anishinabe, est un lieu créatif, cosmopolite et un foyer de contestation, qui est à la fois un «chez-soi» et un «ailleurs» pour bon nombre de ses résidentes et résidents. Quel meilleur endroit où examiner marges et brèches comme porteuses d’espoir, d’enthousiasme et de possibles, mais également de danger, de déplacement, de lutte et d’exil?

Histories on the Edge/Histoires sur la brèche encourage la soumission de communications issues des réalités marginales, car elles sont souvent les moteurs de changements, aussi lents, douloureux ou partiels soient-ils. Nombre de spécialistes ripostent aux puissants en s’intéressant aux groupes marginalisés et en les écoutant. Le congrès entend atténuer la domination des États-Unis dans les cercles universitaires en faisant place aux histoires des Caraïbes et de l’Amérique latine, de l’Asie et du Pacifique, de l’Afrique et du Moyen-Orient, ainsi qu’aux cultures indigènes, francophones et à celles des diasporas du monde entier. Nous faisons appel aux présentations qui déstabilisent le sujet blanc, libéral et bien portant pour faire place à des corps et à des objets qui font brèche d’une manière ou d’une autre. Avec ce thème des Histoires sur la brèche, nous invitons également les travaux qui soumettent à l’épreuve du queer les binarités de genre et de sexe. Comment historiciser l’émergence, les traces ou la persistance de constructions sociales de genre comme le «masculin» et le «féminin», ainsi que la performativité du genre, les pratiques sexuelles et les identifications sociales qui contestent les modes binaires du genre et de la sexualité?

Notre thème incite à la réflexion critique sur les nombreux modes d’opération du genre, en tant que catégorie analytique, manifestation matérielle, ressource culturelle ou système de signifiants. Le genre présente aussi son lot de brèches irrégulières: là où les sphères privées et publiques ont été définies et redéfinies; là où la classe, le genre, la race, l’ethnicité, la nation, la parenté, la sexualité et les in/capacités ont interagi; là où les masculinités et les féminités ont été construites, reconstruites et déconstruites. Le genre comme concept sera donc lui aussi sur la brèche: il faut le débattre et le passer au crible pour en exposer les usages, les contradictions, les atouts et les limites.

Ce thème central de la brèche tient compte de la théorie et de la praxis féministes qui favorisent des questionnements constants. Les formes du féminisme occidental, par exemple, sont depuis longtemps contestées, de l’intérieur comme de l’extérieur. Nous sommes en quête de travaux sur les féminismes non occidentaux et autres, et invitons à l’étude des féminismes dans le contexte sans cesse mouvant des rapports de pouvoir et des alignements internationaux. Ce congrès veut explorer des marges et des brèches en s’ouvrant aux critiques antiracistes, anticolonialistes et autres. Il interroge la possibilité d’une revitalisation de l’esprit critique du féminisme mainstream.

Devrions-nous, comme universitaires et quelle que soit notre position, chercher à ébranler le centre au profit de la marge? Affûter nos critiques d’un monde qui, aujourd’hui comme si souvent dans le passé, semble être au bord du gouffre?

Veuillez soumettre vos propositions en les rattachant à l’un ou l’autre des sous-thèmes suivants (et en indiquant un second choix):

Frontières, rencontres, zones de conflit et mémoire
Empires, pays et bien commun
Droit, famille, tribunaux, criminalité et prisons
Corps, santé, technologies médicales et sciences
Histoires indigènes et mondes indigènes
Caraïbes, Amérique latine et mondes afro/francophones
Asie, circuits transnationaux et diasporas mondiales
Économies, environnements, travail et consommation
Sexualités, genres/LGBTIQ2 et intimités
Politiques, religion/croyances et féminismes mondiaux

*Un appel à communications plus détaillé suivra; les contraintes logistiques liées à l’invitation de conférencières internationales expliquent cette date d’échéance précoce.

Pour toute question, écrire à bcwh@utsc.utoronto.ca ou visiter le site du congrès: http://berksconference.org