Rosalie Ndejuru, fondatrice du CDÉACF, reçoit le Prix de reconnaissance en éducation de l'Université de Montréal
Source:
Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF)
Biographie
Rwandaise de naissance, Rosalie Ndejuru quitte son pays d'origine à 23 ans, pour s'étabiir en Allemagne, où elle obtiendra une licence en bibliothéconomie. En 1982, elle émigré au Canada avec son mari et ses trois filles.
Dès son arrivée au Québec, elle occupe un poste de documentaliste au centre de documentation de l'Institut canadien sur l'éducation des adultes (ICÉA). En 1983, d'une fusion entre l'ICÉA et l'organisme Relais-femme émerge le Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF). La mission de ce centre : « Démocratiser les connaissances, faire reconnaître le droit à l'information pour tous et valoriser le patrimoine communautaire francophone canadien et québécois ». Malgré les difficultés liées au manque de subventions, Madame Ndejuru accepte le défi de diriger ce haut lieu de l'information dans la francophonie québécoise, canadienne et internationale, qui combine trois champs d'intervention, soit l'éducation des adultes, l'alphabétisation et la situation des femmes.
Soucieuse d'exercer ses fonctions à la perfection et d'assurer la qualité des services offerts, Rosalie Ndejuru poursuit une maîtrise en bibliothéconomie et science de l'information, avec spécialisation en informatique documentaire, à l'Université de Montréal. Pendant près de cinq ans, la directrice doit ainsi remplir ses fonctions dans une alternance entre études, programme d'employabilité et chômage. À partir de 1988, la situation s'améliore; madame Ndejuru réussit à obtenir des subventions. C'est ainsi que les différentes collections, sur l'alphabétisation, les femmes, la formation continue et l'éducation des adultes, se développent et que des initiatives internationales voient le jour, tel ALADIN (Adult Learning Documentation and Information Network), un réseau des services de documentation et d'information, chapeauté par l ' UNESCO. Tout au long de ses 28 années d'engagement, jusqu'à sa retraite en 2011, Rosalie Ndejuru participe à l'écriture, comme auteure et co-auteure, de plus de 25 publications, dont des mémoires, des conférences et des articles scientifiques.
Partie de presque rien en 1983, le CDÉACF est aujourd'hui un centre de documentation d'excellence, doté de plus de 5 000 documents virtuels et de plus de 30 000 autres documents (livres, périodiques, matériel de formation, vidéos, etc.). Fort de plus de 300 membres, en provenance de toute la francophonie Canadienne, le Centre compte une quinzaine d'employés. En 2011, le CDÉACF obtient le Prix de reconnaissance par le gouvernement du Canada comme « Centre national francophone d'expertise en apprentissage, alphabétisation et compétences essentielles des adultes. »
La Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal est fière de souligner le parcours exceptionnel et la contribution significative de Rosalie Ndejuru dans des domaines souvent oubliés, soit ceux de l'éducation des adultes, de l'alphabétisation et de la condition des femmes.
Allocution de Paul Bélanger
La faculté des Sciences de l'éducation décide de décerner le Prix de reconnaissance en éducation 2012 à Madame Rosale Ndejuru, et avec raison, d'abord pour ce qu'elle a réalisé, pour l'héritage aussi qu'elle laisse à la Francophonie et pour avoir réussi à faire tout cela dans des conditions pas faciles.
D'abord pour ce qu'elle a réalisé,
Madame Ndejeru a créé et dirigé pendant 28 ans le centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine, le CDÉACF. Depuis 1983, en effet, cette organisation à but non lucratif, unique au monde et fort d'une équipe spécialisée de 15 personnes, est devenu le centre spécialisé de la documentation et d'information en condition des femmes, en alphabétisation, en éducation et en formation des adultes. Le CDÉACF rend des services de veille et d'information stratégique, des services documentaires, sur place et à distance et un service de référence informationnelle et documentaire. Grâce à son expertise technologique avancée, le centre offre en présentiel et à distance des formations conçues pour répondre aux défis informationnels des différentes organismes publics et communautaires.
Pour l'héritage qu'elle laisse à la Francophonie
Nous honorons aujourd'hui madame Ndejuru non seulement pour ce qu'elle a fait, mais aussi pour l'héritage extraordinaire qu'elle laisse ainsi à la francophonie mondiale.
Le CDÉACF est en effet devenu le principal centre documentaire francophone sur la condition des femmes, l'alphabétisation et l'éducation des adultes, au point où l'UNESCO, dans le cadre de son programme international ALADIN en éducation des adultes, a confié au CDÉACF, depuis plus de cinq ans déjà, la responsabilité de la veille documentaire et de l'appui à la diffusion documentaire pour l'ensemble de la Francophonie.
Cet héritage est remarquable à plusieurs égards. D'abord par l'avancée de sa technologie non seulement pour la numérisation de sa documentation et donc sa diffusion accessible à distance, mais aussi pour le développement et la mobilisation des nouvelles technologies de type Web 2.0 afin de permettre une communication bidirectionnelle avec ses 300 membres collectifs et individuels en provenance de toute la francophonie canadienne pour le moment, mais, dès demain, pour l'ensemble de la communauté mondiale de langue française.
Cet héritage est remarquable aussi pour avoir réussi la jonction entre l'éducation tout au long de la vie et la condition féminine, une convergence déjà présente, et non par hasard au plan mondial, au Conseil international de l'éducation des adultes.
Pour avoir réussi à faire tout dans des conditions pas faciles.
Le plus extraordinaire est d'avoir réussi cela dans des conditions pas faciles. Le fait de mobiliser sur une base régulière et pérenne plus d'un million de dollars par année pour un centre de documentation est déjà un tour de force.
Mais ce qu'il faut aussi reconnaître ce sont les conditions difficiles que madame Ndejuru a dû affronter très tôt pour réussir tout cela. D'abord au Rwanda où la solidarité avec son père, dissident et réfugié à l'extérieur, l'a conduite en prison pendant 8 mois, où elle a réussi avec les autres détenues à organiser journal, chorale, théâtre et entraide diverses.
A sa sortie de prison, elle est engagée à l'accueil à la bibliothèque de l'université du Rwanda où elle prendra goût au domaine et réussira, quelques années plus tard avec son mari, Aimable, à aller étudier en Allemagne, elle en bibliothéconomie, lui en sciences sportives, pour ensuite venir au Canada en 1982 avec les trois enfants: Lisa, Vyara et Téta. Rendue ici, Rosalie Ndejuru prendra à peine une année pour créer le CDÉACF qu'elle portera à bout de bras alors avec une toute petite équipe avant d'en faire le centre reconnu qu'il est aujourd'hui devenu.
La faculté des Sciences de l'éducation de l'Université de Montréal a bien raison de décerner le Prix de reconnaissance en éducation 2012 à Madame Rosale Ndejuru, pour ce qu'elle a réalisé, pour l'héritage qu'elle laisse à la Francophonie et pour avoir réussi à faire tout cela dans des conditions exceptionnellement difficiles.
Rosalie Ndejuru, Bravo. Bravo aussi à Aimable et vos trois filles, Lisa, Vyara et Téta souvent privées de la présence de leur mère pour lui permettre de faire tout cela tout en lançant dans le monde ces trois espoirs.
P.B.
Université de Montréal, le 7 juin 2012