Appel de textes « Transmission à rebours, filiation inversée, socialisation ascendante… : regard renversé sur les rapports de générations »

Appel de textes « Transmission à rebours, filiation inversée, socialisation ascendante… : regard renversé sur les rapports de générations »

REVUE INTERNATIONALE ENFANCES, FAMILLES, GÉNÉRATIONS
Appel de textes - n°20 printemps 2014
Transmission à rebours, filiation inversée, socialisation ascendante… : regard renversé sur les rapports de générations
 
Rédactrices invitées:
Dephine Lobet,  Post-doctorante, INRS Urbanisation Culture et Société, Canada
Lidia Eugenia Cavalcante, Professeure, Universidade Federal do Ceará, Brésil
 
Dates importantes:
1er octobre 2012: date limite pour l'envoi d'un résumé
1er février 2013: date limite pour l'envoi de votre manuscrit complet
 
On a coutume d’étudier dans le sens parents-enfants, adultes-jeunes, ancêtres-ego ce qu’on pourrait appeler les « flux familiaux » : la mémoire, la socialisation, les goûts, la culture, les valeurs, l’éducation, les apprentissages, la filiation, les biens… Selon sa place dans les générations, on sera en amont ou en aval de ces flux, on sera celui qui les émet ou celui qui les reçoit. Il faut pourtant constater que la circulation ne se fait pas à sens unique, que les courants s’inversent ou que leurs directions cohabitent dans l'organisation de la vie familiale quotidienne.
 
Les recherches sur les aides et les solidarités familiales en ont déjà largement fait état en s’intéressant à ces âges où, de tous temps et en tous lieux, se renverse la relation de dépendance et où il revient aux enfants de s’occuper de leurs parents (Clément et al., 2011; Kempeneers et Van Pevenage, 2011). C’est évidemment à ce type de « transmissions à rebours », selon l’expression de Claudine Attias-Donfut (1991: 105), que l’on pense d’abord. Mais il s’agit là davantage d’échanges au sein d’un mouvement de solidarité et de sociabilité familiale par essence multidirectionnel que de flux verticaux. Les transformations du sens traditionnel des flux familiaux s’observent cependant en d’autres circonstances qui ont été jusqu’ici ou peu documentées ou peu théorisées, or elles sont, pour la sociologie de la famille, autant d’occasions d’interroger le fonctionnement réel de la famille et ses évolutions par rapport aux définitions canoniques de l’institution familiale.
 
Ainsi observe-t-on que les enfants s’inventent un héritage en « patrimonialisant » certains objets familiaux ; objets précieux ou simples babioles, ils se font un devoir de les conserver, sans qu’il y ait eu de la part des défunts de legs commandant un tel souci. Blandine Mortain parle à ce sujet de « processus de pérennisation familiale en aval » (2003: 50). Ou encore que, loin de se laisser conter l’histoire familiale par ses ascendants, l’individu façonne sa mémoire familiale, « se donne le droit d’élire son héritage » (de Singly, 2005: 33), se ménageant ainsi une affiliation « dont il n’entend pas se priver, mais [dont] il ne souhaite surtout pas être la proie » (Déchaux, 1997: 314).
 
On pense aussi aux innovations sociales, culturelles, technologiques qui entrent dans les familles par les plus jeunes, les enfants exerçant sur leurs parents une « influence à rebours » (Attias-Donfut et al., 2002: 237) et devenant ainsi leurs éducateurs, voire les « prescripteurs » de certaines pratiques (Octobre, 2006). On pense aux familles immigrées qui s’acculturent grâce aux contacts privilégiés que les enfants ont avec le milieu d’accueil, via l’école par exemple (Ambert, 2001: 156), dont ils sont alors l’« interprète culturel » (Bérubé, 2004: 32). On pense à l’enfant qui, conçu et né dans la solitude de l’exil, inaugure une nouvelle lignée et se voit confié le rôle « d’ancêtre fondateur » (Adohane, 2007).
 
Ce ne sont là que quelques exemples. Nous ne doutons pas que les inversions des flux familiaux trouvent à s’observer dans bien d’autres situations et à bien d’autres occasions, aussi nous invitons les auteurs à présenter des situations originales pour la recherche et à multiplier les points de vue historiques et culturels sur la famille et les transformations qu’elle connaît (ou justement peut-être pas) dans les rapports de générations. Nous ne doutons pas davantage de l’intérêt qu’il y a, pour le progrès des connaissances de la famille contemporaine, à documenter, analyser, synthétiser et conceptualiser ce phénomène qui ne semble pas avoir fait l’objet, jusqu’ici, d’une réflexion systématique. Nous invitons donc les auteurs à profiter de ce regard en contre-pied pour travailler à la nécessaire (re-)définition des termes de transmission, d’échange, de socialisation, d’héritage, de filiation… et à soumettre leurs réflexions à ce numéro d’Enfances Familles Générations.
 
Le manuscrit complet des propositions acceptées devra être envoyé au plus tard le 1er février 2013
 
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Tous les manuscrits sont acceptés ou refusés sur la recommandation du comité de rédaction et des responsables de ce numéro spécial de la revue, après avoir été évalués à l'aveugle par deux lecteurs externes ou plus.