Regards sur l'éducation 2012 « Les indicateurs de l'OCDE »

Regards sur l'éducation 2012 « Les indicateurs de l'OCDE »

Les dépenses d’enseignement augmentent mais l’accès à l’enseignement supérieur reste inégalitaire dans la plupart des pays, selon l’OCDE

11/09/2012 - L’édition 2012 de Regards sur l’éducation fait apparaître de nettes différences entre les pays pour ce qui est des chances offertes aux jeunes, en particulier ceux issus de familles défavorisées ou dont les parents ont un faible niveau d’instruction, de poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur.

« Les pays ont besoin d’une main-d’œuvre de plus en plus instruite et formée pour faire face à la concurrence dans l’économie de la connaissance qui caractérise notre époque  » a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría. « L’investissement dès le jeune âge est fondamental pour poser les bases de la réussite future. Une formation de bonne qualité et les compétences doivent figurer au nombre des grandes priorités des pouvoirs publics, des économies et des sociétés. Le soutien des plus démunis et l’accès égal à l’éducation sont les deux autres piliers d’une stratégie d’éducation politique élargie ».
 
Parmi les pays de l’OCDE, c’est l’Australie, la Finlande, l’Irlande et la Suède qui obtiennent les meilleurs résultats pour ce qui est du taux de jeunes dont les parents ont un faible niveau d’instruction qui décrochent un diplôme de l’enseignement tertiaire. Cependant, en Italie, au Portugal, en Turquie et aux États-Unis, plus de 40 % de jeunes issus d’un milieu où le niveau d’instruction est faible, n’achèvent pas le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, et moins de 20 % obtiennent un diplôme de l’enseignement tertiaire.
 
Accueillir les enfants à un âge précoce dans l’enseignement formel et préserver la mixité sociale dans les écoles sont deux mesures plus efficaces pour renforcer l’égalité au regard de l’enseignement que d’autres facteurs comme le soutien des parents ou le coût des frais de scolarité. Il est absolument essentiel de lutter contre les inégalités dès le tout début de la scolarisation car il n’est guère possible de remédier aux mauvais résultats dans l’enseignement supérieur sans en compromettre la qualité, selon l’OCDE.
 
Le taux d’inscription dans l’enseignement préscolaire augmente depuis quelques années, passant de 64 % à 69 % entre 2005 et 2010 pour les enfants âgés de 3 ans, et de 77 % à 81 % pour les enfants âgés de 4 ans. Commencer l’école à un âge précoce est payant à long terme : les évaluations du Programme PISA de l’OCDE portant sur les jeunes âgés de 15 ans montrent que dans la plupart des pays, les élèves ayant été scolarisés dans l’enseignement préscolaire tendent à obtenir de meilleurs résultats que ceux qui ne l’ont pas été. Elles font également apparaître que dans les pays où la préscolarisation dure plus longtemps, où les taux d’encadrement dans les structures d’accueil de la petite enfance sont plus élevés et où les dépenses publiques par élève sont fortes, les effets positifs de la scolarisation précoce se trouvent renforcés.
 
De nouvelles données montrent également l’importance que peut avoir un bon niveau d’instruction pour la mobilité sociale et l’accès à un emploi bien rémunérés. Les écarts de revenus et de taux d’emploi entre les personnes ayant suivi des études supérieures et les personnes moins instruites a continué de se creuser au cours de la récession mondiale. Un homme âgé de 25 à 64 ans ayant un diplôme d’enseignement supérieur gagnait en 2010 67 % de plus qu’un homme titulaire d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, contre 58 % en 2008. Pour les femmes, la ‘prime à la rémunération’ est passée de 54 % en 2008 à 59 % en 2010.
 
En 2010, le taux de chômage des hommes ayant suivi des études supérieures était inférieur d’un tiers environ à celui des hommes ayant un niveau d’instruction correspondant au deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Pour les femmes ayant poursuivi leurs études dans le cycle supérieur, il était inférieur de deux cinquièmes à celui des femmes ayant achevé le deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
 
Le rapport souligne que les pays tirent des avantages économiques et sociaux à long terme d’une augmentation de leur investissement dans l’enseignement. En moyenne, les pays de l’OCDE ont un rendement net de plus de 100 000 USD en suppléments d’impôts sur le revenu et autres pour chaque homme dont ils financent les études supérieures – soit quatre fois le montant de l’investissement public initialement consenti. Pour une femme, le rendement public net s’élève à environ 2.5 fois le montant de l’investissement public.
 
En outre, selon les nouvelles données et les nouvelles analyses présentées dans l’édition de cette année, les personnes qui ont un bon niveau d’instruction vivent plus longtemps, sont davantage susceptibles de voter et sont plus favorables à l’égalité des droits des minorités.
 
Les dépenses publiques et privées consacrées à l’éducation ont continué d’augmenter, même pendant le ralentissement de l’économie. Entre 2008 et 2009, l’investissement total – par gouvernement, entreprise et personne – a augmenté dans 24 des 31 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données. Cependant alors que la part des dépenses publiques consacrées à l’éducation dans les dépenses publiques totales est restée stable à 13 % en moyenne pour l’ensemble de l’OCDE en 2005 et en 2009, elle a diminué au cours de cette période dans 19 des 32 pays considérés.
 
Les fonds privés, provenant principalement des ménages, représentent en moyenne 30 % des dépenses totales consacrées à l’enseignement tertiaire. La part de ces fonds va de moins de 5 % au Danemark, en Finlande et en Norvège, à plus de 40 % en Australie, en Israël, au Japon et aux États-Unis, et jusqu’à plus de 70 % au Chili, en Corée et au Royaume-Uni.
 
L’OCDE met en garde contre le fait que l’augmentation du coût de l’accès à l’enseignement supérieur, pour de nombreuses familles n’empêche les pays d’atteindre leurs propres objectifs en matière d’élévation du niveau de formation de leur population.
 
Regards sur l’éducation présente des statistiques nationales comparables sur l’enseignement pour les 34 pays membres de l’OCDE ainsi que pour l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Russie, l’Arabie-Saoudite et l’Afrique du Sud.
 
L’édition de cette année inclut des indicateurs sur les dépenses publiques et privées consacrées à l’éducation, les frais d’inscription, la participation des adultes à l’enseignement, la taille des classes, la rémunération des enseignants et le pouvoir de décision des établissements, ainsi qu’une analyse des systèmes d’examen nationaux et des critères à remplir pour suivre des études tertiaires.
 
PRINCIPAUX FAITS MARQUANTS
 
Équité
 
  • La probabilité qu’ont les jeunes femmes de dépasser le niveau d’instruction de leurs parents est supérieure de 5 points de pourcentage à celle des jeunes hommes  (40 % contre 35 %), et les jeunes hommes  sont plus susceptibles que les jeunes femmes de ne pas atteindre le niveau de formation de leurs parents (15 % contre 11 %).
  • Le niveau d’instruction des mères a un plus fort impact sur les résultats des élèves en lecture que la principale langue parlée à la maison ou la proportion d’élèves issus de l’immigration fréquentant un établissement.
  • Dans les pays de l’OCDE, plus d’un tiers des élèves issus de l’immigration fréquentent des établissements présentant les plus fortes concentrations d’élèves dont la mère est peu instruite. Dans l’Union européenne, c’est le cas de plus de la moitié d’entre eux.
Dépenses consacrées à l’enseignement
 
  • Les pays de l’OCDE dépensent, en moyenne, 9 252 USD par an et par élève de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire : 7 719 USD par élève dans le primaire, 9 312 USD dans le secondaire et 13 728 USD dans le tertiaire.
  • Entre 2000 et 2009, la part du financement privé des établissements d’enseignement tertiaire a augmenté dans 18 des 25 pays examinés. Cette part a progressé de 5 points de pourcentage en moyenne et de plus de 12 points de pourcentage dans la République slovaque (de 8,8% à 30%) et au Royaume-Uni (de 32,3% à 70,4%).
  • Dans un nombre croissant de pays de l’OCDE, les frais de scolarité sont plus élevés pour les étudiants étrangers que pour les nationaux et dans bon nombre d’entre eux, ils varient selon le domaine d’études à cause en grande partie de la variation du coût des études pour les pouvoirs publics.
  • Entre 2000 et 2009, les dépenses unitaires des établissements d’enseignement primaire, secondaire et postsecondaire non tertiaire ont augmenté de 16 % au moins, dans 24 des 29 pays pour lesquels des chiffres sont disponibles. Elles ont progressé de plus de 50 % au Brésil, en Corée, en Estonie, en Hongrie, en Irlande, en Pologne, en  République slovaque, en République tchèque,  et au Royaume-Uni. En revanche, en France, en Israël et en Italie, elles n’ont pas augmenté de plus de 10 % entre 2008 et 2009.
Contexte général de l’enseignement
 
  • Le traitement des enseignants ayant au moins 15 ans d’expérience à leur actif s’établit en moyenne à 35 630 USD dans l’enseignement pré-primaire, à 37 603 USD dans l’enseignement primaire, à 39 401 USD dans le premier cycle de l’enseignement secondaire et à 41 182 USD dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
  • Entre 2000 et 2010, le traitement des enseignants a augmenté en valeur réelle dans la plupart des pays. Au Danemark, en Estonie, en Irlande, au Portugal et en Écosse, il a augmenté d’au moins 20 %. En République tchèque (enseignement primaire et premier cycle de l’enseignement secondaire) ainsi qu’en Turquie, le traitement a doublé au cours des dix dernières années. La France et le Japon font figure d’exception : la rémunération des enseignants y a diminué en valeur réelle de plus de 5 %.
  • En 2010, les enseignants ont donné en moyenne 782 heures de cours dans l’enseignement primaire, 704 heures de cours dans le premier cycle de l’enseignement secondaire et 658 heures de cours dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Le temps d’enseignement est resté en grande partie inchangé depuis 2000 sauf dans quelques pays où il a fortement évolué. Ainsi il a augmenté de plus de 25 % dans l’enseignement primaire en République tchèque et dans l’enseignement secondaire en Espagne et au Portugal.
  • En moyenne dans les pays de l’OCDE, les femmes représentent quelque deux tiers des enseignants mais leur proportion diminue avec l’élévation du niveau d’enseignement : elles constituent 97 % du corps enseignant dans l’enseignement pré-primaire et 41 % dans l’enseignement tertiaire.
  • En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 58 % des enseignants de l’enseignement primaire ont 40 ans et plus. Cette proportion s’établit à 70 % en République tchèque, en Allemagne, en Italie et en Suède. Dans l’enseignement secondaire, 63 % des enseignants ont au moins 40 ans mais en Autriche, en République tchèque, en Estonie, en Allemagne et en Italie la proportion se monte à 70 % voire plus.

-> Consultez le rapport (PDF)