Aucune corrélation entre le niveau des prestations de l'aide sociale et le nombre de bénéficiaires selon l'IRIS

Aucune corrélation entre le niveau des prestations de l'aide sociale et le nombre de bénéficiaires selon l'IRIS

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Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS)

MONTRÉAL, le 10 oct. 2012 - Contrairement à ce que prétend un mythe fort répandu, il n'y a aucune corrélation entre le niveau des prestations d'aide sociale et le nombre de prestataires. C'est ce que révèle une note socio-économique rendue publique aujourd'hui par l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) qui fait également la démonstration que certaines mesures gouvernementales ont des effets contraires à ce qui était escompté.

« On entend souvent que plus les prestations d'aide sociales sont élevées, plus il va y avoir de prestataires. Pourtant, en observant le niveau des prestations et le nombre de prestaires sur 21 ans, on ne peut établir de corrélation. Plus intéressant encore, ce sont plutôt les prestataires recevant l'aide gouvernementale la plus généreuse, soit les familles monoparentales, dont le nombre a diminué de 56% entre 1996 et 2008. Les faits vont exactement au contraire du mythe. », souligne Renaud Gignac, chercheur-associé à l'IRIS et auteur de la note.

« Rappelons aussi que le système actuel pénalise en fait le retour progressif au travail. Pour tout prestataire apte au travail, chaque dollar supplémentaire gagné entre 200$ et 800$ fait diminuer d'autant sa prestation. C'est l'équivalent d'un taux d'imposition marginal de 100%. Cette façon de procéder encourage à dissimuler à l'État les gains faits dans des emplois secondaires. » affirme Eve-Lyne Couturier, chercheure à l'IRIS et auteure de la note.

La note souligne aussi que la stratégie du gouvernement de diviser les prestataires en « aptes au travail » et « inaptes au travail » pose d'importants problèmes. Premièrement, elle confine à un état de précarité les personnes jugées aptes au travail, compromettant alors leur réinsertion sociale. Ensuite, elle soulève d'importantes questions éthiques pour les médecins devant déterminer l'aptitude au travail. Ceux-ci prennent la responsabilité de juger d'une question très floue - aptitude physique? psychologique? pour quel type de travail? - et qui aura la conséquence de diminuer largement les moyens financiers de la personne évaluée, ce qui pourrait alors grandement nuire à sa santé.

« Au final, si la population à l'aide sociale est de moins en moins nombreuse, elle est aussi de plus en plus âgée. Cette tendance risque de s'alourdir avec les récentes décisions du gouvernement fédéral à propos de l'âge du versement des pensions de retraite. De plus, aucune catégorie de prestataires sur lesquelles nous nous sommes penchées n'atteignait un niveau suffisant de revenu pour se procurer un panier de consommation permettant de vivre décemment. Dans le cas des personnes seules, toute l'aide reçu correspond à peine à la moitié de la mesure du panier de consommation établi par Statistique Canada. », ajoute Eve-Lyne Couturier.

-> Consultez la note (PDF)