Industrie de la construction – Le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail réclame des actions concrètes et contraignantes

Industrie de la construction – Le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail réclame des actions concrètes et contraignantes

Montréal, le 29 octobre 2012Porte-voix de nombreux témoignages de travailleuses de la construction, le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) rend aujourd’hui publics les résultats de son rapport de recherche intitulé Quand la détermination ne suffit pas : la situation des travailleuses de la construction au Québec. « Chacun doit prendre ses responsabilités. Les travailleuses ne peuvent et ne doivent plus porter seules le fardeau de leur intégration », a déclaré Jennifer Beeman, rédactrice du rapport déposé par le CIAFT.

Fruit de trois ans de travail sur la délicate question de la place accordée, voire refusée, aux femmes dans l’industrie de la construction, ce rapport déplore l’existence d’une discrimination systémique et des cas de harcèlement psychologique et sexuel graves. De surcroît, les recours s’avèrent inadaptés aux réalités du secteur. Des actions concrètes et contraignantes sont réclamées afin que les travailleuses, qui représentent à peine 1,3 % de la main-d’œuvre de cette industrie au Québec, puissent accéder aux chantiers et y travailler en toute équité.

Un secteur inhospitalier à la présence des femmes

Malgré la diversité des profils des trente-cinq travailleuses, de métiers, occupations, régions et syndicats différents, qui ont accepté de témoigner auprès du CIAFT, en toute confidentialité, de la situation qu’elles ont vécue et continuent de vivre dans l’industrie de la construction, la majorité des travailleuses rencontrées porte le poids d’une même désolante réalité. En effet, les femmes se butent à des préjugés tenaces de la part des employeurs, mais également trop souvent à une fermeture des syndicats à leur présence. « La discrimination pour commencer, l’intimidation et le harcèlement par la suite. (…) Mon syndicat m’a dit qu’il ne me ferait jamais travailler; qu’il ferait travailler des pères de famille bien avant moi », confie l’une des participantes de l’étude.

Les barrières à l’embauche sont à ce point infranchissables que certaines travailleuses doivent poursuivre leur cheminement professionnel en se formant dans un autre métier, ou encore, en se rabattant sur un emploi de manœuvre, pour lequel elles sont pourtant surqualifiées, et ce, malgré la pénurie de main-d’œuvre dans leur métier d’origine. Encore plus inquiétant est le fait que plusieurs travailleuses ayant une longue expérience sur les chantiers disent que la situation se détériore au fil des ans pour les femmes. À moins d’une intervention gouvernementale déterminée, cette discrimination systémique risque de perpétuer le haut taux d’abandon des femmes, qui se maintient à plus de 60 % après 5 ans.

Des actions structurantes et permanentes et un engagement à long terme sont requis

« Nous ne pouvons tout simplement pas répondre à des problèmes structuraux graves par des projets ponctuels », a poursuivi Mme Beeman. Trois axes d’intervention incontournables et interreliés guident les recommandations du CIAFT à l’endroit du gouvernement, de la Commission de la construction du Québec (CCQ), des employeurs et des syndicats. Tout d’abord, une structure de soutien indépendante en cas de harcèlement et un programme obligatoire de sensibilisation et de prévention du harcèlement, destinés aux travailleuses et travailleurs, syndicats et employeurs, sont requis; cela permettra, entre autres, aux employeurs et aux syndicats de se saisir de leur devoir et d’être outillés pour intervenir. Aussi, il incombe d’instaurer l’obligation contractuelle pour l’embauche de cohortes de travailleuses de la construction, et ce, afin d’assurer un minimum de 4 % de travailleuses dans les chantiers des projets publics, mais également d’appliquer des pénalités pour les cas de non-atteinte de ce quota. Enfin, une structure permanente de formation, de placement et de suivi destinée aux femmes est réclamée.

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Les recommandations

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