Le développement de la littératie dans toutes les disciplines d'enseignement

Le développement de la littératie dans toutes les disciplines d'enseignement

Jusqu'à aujourd'hui, l'apprentissage de l'écrit a souvent été l'affaire de la langue d'enseignement. Les élèves apprenaient à lire et à écrire des textes dans la langue première d'enseignement et devaient ensuite être capables par eux-mêmes de comprendre et de produire des textes de manière efficace dans toutes les autres disciplines enseignées. Les compétences acquises dans la langue première d’enseignement en matière d'écrit étaient considérées comme transférables directement aux autres disciplines. Cette manière de concevoir l'apprentissage littéracique a considérablement évolué. Désormais, apprendre à lire et à écrire devient la préoccupation de toutes les disciplines d'enseignement. L'élève est ainsi confronté à des exigences textuelles qui divergent en fonction de la thématique abordée. Et c'est en s'appuyant sur les textes eux-mêmes que les élèves vont tout particulièrement développer leur compréhension et leur production de textes disciplinaires.  Ce numéro propose des travaux qui revendiquent la spécificité des compétences littéraciques pour différentes disciplines et qui alimentent la réflexion sur l'intégration de l'apprentissage de la langue dans les disciplines.

Dossier

Introduction de Murielle Roth

  • Communautés discursives disciplinaires scolaires et construction de savoirs : l’hypothèse  énonciative (PDF) par Martine Jaubert et Maryse Rebière
    Cet article s’intéresse aux liens -considérés souvent comme évidents- entre langage et construction des savoirs à l’école primaire française (3-11 ans). Il s’attache à clarifier l’ancrage théorique qui permet d’étayer ce postulat et à montrer à travers des exemples pris dans plusieurs disciplines enseignées, le poids de la discipline dans les pratiques langagières de construction des savoirs disciplinaires ainsi que la nécessité d’aider les élèves à construire des positions énonciatives pertinentes. La prise de conscience de la diversité de ces pratiques langagières et de leurs spécificités disciplinaires interroge l’enseignement du français à l’école.
  • Apprentissages disciplinaires et littératie (PDF) par Claudia Schmellentin, Thomas Lindauer et Julienne Furger
    Cet article se penche sur un aspect encore peu exploré par la recherche, celui de la littératie dans les branches scientifiques. Les auteurs s'intéressent d'une part aux difficultés rencontrées dans la lecture de textes et, d'autre part, aux conditions de compréhension de texte du point de vue du lecteur. Ils prennent notamment en considération le concept de littératie scientifique, dont relève entre autres l'enculturation dans un discours spécialisé recourant à un langage spécifique. Cet aspect ressort notamment dans les textes scolaires spécialisés auxquels sont confrontés les élèves durant leur cursus. Les différentes formes et fonctions spécifiques de l'écriture liées à une branche donnée contribuent également à l'enculturation dans une littératie scientifique. S'agissant de l'écriture, deux aspects sont pris en compte: l'écriture dite de conservation, visant à fixer des réflexions et des connaissances et à rendre visibles des processus d'apprentissage, et l'écriture épistémique qui, au sens du concept d'auto-explication, sert au filtrage cognitif d'un objet d'apprentissage complexe.
    Les auteurs procèdent à un état des lieux des principaux aspects qui déterminent le lien entre littératie et enseignement des sciences naturelles ainsi qu'à une présentation, fondée sur la didactique des langues, des savoirs élémentaires requis par la lecture et l'écriture dans l'enseignement des branches scientifiques, quand bien même il manque encore d'une manière générale une vérification empirique des modèles d'utilisation du langage spécifique de l'enseignement des sciences naturelles (Bolte/Pastille 2010).
  • Lire, écrire, maîtriser de l'information. La contribution des disciplines scolaires du monde social: éducation à la citoyenneté, géographie, histoire (PDF) par François Audigier
    Les disciplines qui étudient le monde social -citoyenneté, géographie et histoire- se présentent sous forme de textes, textes qui font appel à des langages variés, linéaires et spatiaux, et qui sont hétérogènes, mêlant la description et l’explication avec la narration. Ils entretiennent un rapport empirique avec le monde social présent et passé, rapport construit selon des procédures raisonnées et critiques. Dans le quotidien de l’enseignement de ces disciplines, l’enseignant et les élèves lisent et écrivent, commentent et expliquent ce qu’ils ont lu et écrit. Après avoir contextualisé les relations entre ces disciplines et la littératie, l’auteur examine les caractéristiques de ces textes et leur complexité puis propose plusieurs pistes de travail pour mettre en œuvre des dispositifs, disciplinaires ou interdisciplinaires, prenant explicitement en compte la contribution de ces disciplines à la construction de compétences en littératie.
  • Lisibilité de l'écrit didactique. L'exemple du cours de biologie au premier degré de l'enseignement secondaire (PDF) par Jean-Louis Dumortier
    Toute réflexion sur l’échec scolaire conduit à  s’interroger sur le rapport au savoir disciplinaire, c’est-à-dire sur la relation cognitive et socio-psycho-affective que les élèves et les maitres entretiennent avec ce dernier, véhiculé, entre autres, par l’écrit didactique. Les difficultés qu’éprouvent de nombreux apprenants à comprendre ce dernier, certaines personnes l’imputent exclusivement à une carence de savoirs lexicaux et grammaticaux relatifs à la langue de scolarisation. Je me suis attaché à faire admettre que ces difficultés pouvaient aussi s’expliquer, en partie, par un défaut de lisibilité de l’écrit en question, que j’ai cru pouvoir repérer à trois niveaux : celui de l’organisation générale du cours (= la macrostructure), celui de la structure des leçons (= la mésostructure) et celui de la mise en texte du savoir (= la microstructure). Les exemples concernent le cours de biologie donné au premier degré du secondaire.

Les autres articles du numéro 3/2012