Appel à communications pour l'atelier « Genre, pouvoirs et médias »

Appel à communications pour l'atelier « Genre, pouvoirs et médias »

Dans le cadre du Congrès annuel de la Société québécoise de science politique 2013

Organisatrices:

Anne-Marie Gingras, Université du Québec à Montréal
Manon Tremblay, Université d’Ottawa 

En 1949, Simone de Beauvoir énonça une idée qui la fera passer à la postérité: « On ne naît pas femme, on le devient. » Cette idée sur le caractère socialement construit du genre, lequel s’inscrit dans un dispositif plus vaste de régulation des corps et des désirs, trouve un large écho dans la recherche en sciences sociales. Plus rares, cependant, sont les travaux qui portent sur le rôle des médias dans cette construction du genre, particulièrement en lien avec les phénomènes de pouvoir. Or, les médias constituent l’un des lieux de transmission des paramètres de l’identité sexuelle, posant trop souvent comme naturelles la féminité et la masculinité. Mettre au jour cette « naturalisation » qui se fait grâce aux médias aide à saisir la complexité du rapport entre des individus sexués et le pouvoir. Ce colloque vise à faire le point sur plusieurs dimensions de cette naturalisation dont l’impact se fait sentir jusque dans l’action collective et dans les conflits.

L’identité des femmes et des hommes de pouvoir : Les représentations médiatiques du genre en politique se sont complexifiées avec la présence de femmes et d’hommes plus diversifiés dans des postes de pouvoir. Cependant, la féminité, la masculinité et l’hétéronormativité continuent de s’imposer dans les médias, établissant ainsi des modèle de respectabilité auquel tous et toutes doivent souscrire, ce qui pose des limites à l’entrée dans l’univers du pouvoir. Si l’identité sexuelle peut nuire, elle peut aussi constituer une ressource en politique; la représentation médiatique de cette identité constitue donc un enjeu dans la vie politique. Comment les médias participent-ils à la construction de l’identité sexuelle dans les luttes de pouvoir? Qu’en est-il des stéréotypes sexués à l’heure où on constate une grande diversité d’expertises et d’idéologies chez les femmes politiques? La présence de lesbiennes et de gais dans l’univers politique constitue-t-elle une contestation du régime de l’hétéronormativité hégémonique prévalant dans l’espace médiatique, ou ne révèle-t-elle qu’une « exception qui confirme la règle »? Enfin, comment conceptualiser l’identité politique genrée telle que modulée par d’autres critères identitaires comme l’ethnie, la religion et les classes sociales? 

L’action collective: L’évolution des mouvements de femmes, de lesbiennes et de gais se fait en lien avec leur image médiatique, qu’elle corresponde ou non à ce que ces mouvements souhaitent. Le recrutement, la mobilisation et l’atteinte de leurs objectifs dépendent en partie de leur capacité à imposer leurs priorités aux médias et aux décideurs. Leur crédibilité repose sur leur habileté à faire adopter par les médias un cadrage adapté à leurs aspirations. Comment se fait le travail de construction de la légitimité de ces mouvements? Comment évaluer leur capacité à imposer la « normalité de la différence »? Les réseaux sociaux qui facilitent l’action collective permettent-ils d’élargir la bulle politico-médiatique en tenant compte d’une variété plus grande d’identités sexuelles? 

Les conflits entre les genres: Affaires de nature sexuelle, scandales, espionnage et instrumentalisation: les conflits opposant les genres dans lesquels sont impliqués des personnages politiques subissent souvent un traitement stéréotypé qui met en évidence les hiérarchies de l’univers politico-médiatique. Dans ces affaires où la variété des identités sexuelles est largement illustrée, est-il possible de faire coexister des cadrages juridiques, sociaux et politiques? Quels angles les médias utilisent-ils pour rapporter ces conflits et quels sont les processus et les filtres médiatiques à l’œuvre?   

Les propositions de communications doivent être envoyées aux deux organisatrices en format word ou pdf d’ici le 31 janvier 2013: gingras.anne-marie@uqam.ca et mtrembla@uottawa.ca