Récits de violence contre les femmes et les minorités

Récits de violence contre les femmes et les minorités

Cet article est tiré du dossier « Violence » d'HabiloMédias

Voilà la source que vous avez souillée de votre fange ;
voilà le bel été que vous avez mêlé à votre hiver.
Vous avez tué son mari ; et, pour ce crime infâme,
deux de ses frères ont été condamnés à mort ;
ma main coupée n’a été pour vous qu’un jeu plaisant ;
ses deux mains, sa langue, et cette chose plus précieuse
que mains et que langue, son innocence immaculée,
traîtres inhumains, vous les avez violemment ravies.

Titus Andronicus, Acte V, Scène II.

Troy, sois ma fierté. Sois le premier noir à te rendre jusqu'au bout.

Abed Nadir, Community

…le taux de survie des uniformes rouges dépendait également de la nature de la relation entre les extraterrestres et le capitaine Kirk. Lorsque le capitaine Kirk rencontrait une femme extraterrestre avec laquelle il « avait des contacts », le taux de survie de l'équipage en uniforme rouge augmentait de 84 %.

Matt Bailey, Analytics According to Captain Kirk

À première vue, ces trois extraits, dont l'un porte sur une pièce de Shakespeare, l'un sur une série télévisée populaire et l'autre sur une émission de science fiction des années 1960, ont peu de choses en commun. Mais ils reflètent tous des problèmes associés à des représentations de violence contre les femmes et les minorités. 

La pièce Titus Andronicus de Shakespeare est une excellente illustration de la problématique de la représentation de la violence contre les femmes et les minorités par les médias. Lavinia, la fille du héros de la pièce, est victime d'une mutilation et d'un viol sauvages commis par les méchants. L'attaque à son égard n'a pas pour but de la punir d'une mauvaise action, mais plutôt de faire souffrir le héros et habiller une tragédie à propos de son père. Une comparaison entre le nombre de fois où elle parle (60 lignes) et le nombre de répliques des hommes qui discutent et racontent avec précision les détails de son agression et qui relatent comment cela les blesse ou les enchante (environ 300 lignes) indique que Lavinia est le seul personnage de la pièce dont le sort est raconté avec autant de délectation. Lorsque la mort d'un personnage prend plus d'importance que sa vie, nous devrions y comprendre que son existence servait à faire avancer l'intrigue plutôt qu'à ce que le public s'y identifie.

[...]

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