Les grands enjeux des résistances autochtones

Les grands enjeux des résistances autochtones

Un article de Geneviève Beaudet et Pierre Beaudet de la revue Nouveaux Cahiers du socialisme, 10 janvier 2013

L’essor du mou­ve­ment « Idle no more » illustre le re­tour des ré­sis­tances au­toch­tones dans le pay­sage po­li­tique et so­cial du Ca­nada et du Québec. Amorcé en oc­tobre der­nier en Sas­kat­chewan, ce mou­ve­ment de masse confronte le gou­ver­ne­ment fé­déral, no­tam­ment le projet de loi C-45. Une vé­ri­table mo­bi­li­sa­tion com­mu­nau­taire est à l’œuvre dans plu­sieurs ré­gions, ré­sul­tant d’initiatives à la base, et non d’une stra­tégie éta­blie par des or­ga­ni­sa­tions éta­blies comme l’Assemblée des Pre­mières Na­tions (qui ap­puie quand même les ac­tions, ce qui fait penser à des pro­cessus ci­toyens ré­cents comme le mou­ve­ment « Oc­cupy » ou en­core aux Carrés rouges. 

Les en­jeux

Le projet C-45 est vu par les au­toch­tones comme un moyen d’affaiblir leurs ca­pa­cités (déjà li­mi­tées) de ré­sister à l’envahissement de leurs terres et à l’exploitation des res­sources. Aux yeux des com­mu­nautés, il s’ajoute à une longue série de me­sures et de lé­gis­la­tions mises de l’avant pour dé­truire leur au­to­nomie. Dans les cercles néo­con­ser­va­teurs, les au­toch­tones sont vus comme une sorte de ré­sidu d’un passé ré­volu. Leur avenir, s’ils en ont un, est de s’« assimiler » à la so­ciété ca­na­dienne. Même si ce déni a com­mencé an­té­rieu­re­ment au pré­sent gou­ver­ne­ment, les pro­cessus de des­truc­tion de la culture et de l’identité au­toch­tone s’est exa­cerbé sous Harper.

Ce­pen­dant, ce se­rait une er­reur de penser que la confron­ta­tion est seule­ment une ques­tion idéo­lo­gique. Dans la stra­tégie ac­tuelle tant au sein du gou­ver­ne­ment conser­va­teur que parmi les élites éco­no­miques, l’occupation des ter­ri­toires du nord et de l’ouest est une pièce cen­trale dans une vaste en­tre­prise de « re­cen­trage » de l’économie ca­na­dienne qui doit, selon les dires du Pre­mier Mi­nistre, de­venir une « su­per­puis­sance éner­gé­tique ». On com­prend dès lors que les au­toch­tones sont un obs­tacle. Il est même in­congru de ce point de vue de les aider à se sortir de la si­tua­tion qu’on constate à At­ta­wa­piskat et ailleurs, où abondent des condi­tions dé­plo­rables en ma­tière de santé, de lo­ge­ment, d’accès à l’eau po­table, d’emploi, d’éducation, etc.

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