Rapport « De l'économie du savoir à l'économie de l'apprentissage : une démarche réflexive »

Rapport « De l'économie du savoir à l'économie de l'apprentissage : une démarche réflexive »

Source: 

Réseau pour le développement de l'alphabétisme et des compétences (RESDAC)

De l'économie du savoir à l'économie de l'apprentissage : une démarche réflexive,
initiée dans le cadre du projet Améliorer l'alphabétisme des familles, Initiative 2008-2013

Introduction

Un certain nombre de conditions ou de circonstances peuvent contribuer à l’émergence d’innovations, voire à leur foisonnement. On observe notamment la prolifération de grappes d’innovations suivant les périodes de crise, ce qui confirme l’adage selon lequel « la nécessité est la mère de l’invention ». Les moments difficiles obligeraient les organisations et la société à concevoir autrement les problèmes et, conséquemment, les solutions pouvant y remédier.

Les changements sociétaux des vingt dernières années évoquent-ils des « périodes » de crises qui viennent et repartent ? Selon Bouchard, « la crise » n’est pas conjoncturelle, elle se présente dans la durée comme une période de grande mutation du modèle de développement; une mutation marquée par la croissance des inégalités, l’exclusion sociale, le repli individualiste ». On pourrait avancer que cette période de mutation planétaire a le potentiel de stimuler les innovations sociales. Bouchard rapporte que l’innovation se matérialise lorsqu’il y a « conjugaison d’impasses structurelles et d’action des mouvements sociaux ». Elle poursuit en soulignant qu’en « période de crise, les régulations macro sociales (marché, État, compromis institutionnalisés) sont ébranlées, de sorte que l’espace pour les innovations et les expérimentations s’élargit ».

D’autres chercheurs remarquent également que la mondialisation actuelle de l’économie semble perturber la relation entre les sphères économique et sociale. Ce déséquilibre s’illustre notamment par « l’écart grandissant entre les riches et les pauvres, l’exclusion sociale, la précarisation des ménages, la qualité de vie des individus et la cohésion des institutions sociales ». Ces phénomènes perturbent aussi les relations au sein des collectivités. Ils engendrent entre autres la dévitalisation des communautés rurales, une compétition accrue entre les organismes communautaires qui doivent se partager une assiette de financement étatique de plus en plus petite, l’individualisme croissant et le cocooning, c’est-à-dire un comportement de repli sur soi où la maison sert de refuge.

Le virage qu’entreprit la Fédération canadienne pour l’alphabétisation en français (FCAF) il y a cinq ans s’inscrit justement dans cette mouvance. Confronté à de nombreuses impasses, l’organisme a choisi d’amorcer une démarche réflexive menant à d’importantes transformations, voire à des innovations sociales.

Cette publication documente les faits saillants de la démarche réflexive de la FCAF. On y met en lumière les déclencheurs ayant soulevé des remises en question, les leviers qui ont souvent propulsé l’organisme et ses acteurs hors de leur zone de confort, et les résultats de tous ces efforts.

Ce document n’est pas une conclusion, mais plutôt un instrument facilitant la poursuite de la démarche réflexive. La quatrième partie propose d’ailleurs de nouvelles pistes de réflexion qui, nous l’espérons, contribueront à susciter des débats, des apprentissages et des transformations.

Avant de plonger dans le vif du sujet, il importe de rappeler que la Fédération canadienne pour l’alphabétisation en français (FCAF) devenait officiellement le Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (RESDAC) en août 2011. Si ce document relate le passé, c’est pour mieux préparer l’organisme à anticiper l’avenir. Nous avons choisi d’utiliser l’appellation RESDAC tout au long de cette publication afin de refléter notre intention de camper les propos dans un contexte de continuité et de prospective.