La surqualification professionnelle en hausse

La surqualification professionnelle en hausse

Un article d'Éric Desrosiers pour Le Devoir, 26 avril 2014

Le nombre de travailleurs possédant un diplôme plus élevé que leur emploi est censé requérir est en hausse, mais ce n’est pas toujours une mauvaise chose. S’il arrive que cela reflète une inadéquation entre les domaines d’étude et les besoins du marché ou une hausse plus rapide des taux de diplomation que de la création d’emplois qualifiés, ce phénomène est parfois aussi le résultat d’un rapport moins utilitariste à l’éducation ou d’une stratégie d’adaptation des employeurs devant une réalité économique en rapide changement.

La proportion de travailleurs surqualifiés augmente constamment au Québec, passant d’un peu moins de 18 %, en 1990, à presque le tiers (30 %), en 2011, a rappelé cette semaine l’économiste de l’Institut de la statistique du Québec, Jean-Marc Kilolo-Malambwe, lors d’un colloque de deux jours sur le sujet organisé à Montréal par l’ISQ en collaboration avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Assez proche de ce qui s’observe ailleurs au Canada dans les autres pays industrialisés, cette tendance se révèle particulièrement forte dans des secteurs comme le commerce (42 %), le transport (44 %), l’hébergement et la restauration (44 %), mais beaucoup moins dans ceux de la construction (17 %) ou de l’éducation (14 %). La proportion est aussi plus élevée chez les femmes (33 %) que chez les hommes (28 %).

Paradoxale en cette ère de soi-disant économie du savoir, cette situation inquiète les experts pour plusieurs raisons. Du point de vue des diplômés, le phénomène peut signifier un revenu et des responsabilités professionnelles moins grands qu’escomptés à la fin de leurs études et être la source de frustration et de démotivation. Du point de vue des autres travailleurs, il peut mener à ce que des personnes un peu moins qualifiées soient chassées d’emplois dans lesquels ils auraient autrement fait parfaitement l’affaire. Du point de vue de l’entreprise, il amènerait un plus fort taux de roulement du personnel et une moins grande productivité des employés. Du point de vue de l’ensemble de la société, il est considéré comme un terrible gaspillage de ressources intellectuelles et financières.

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