Le Canada doit se doter de toute urgence d’une stratégie nationale d’éducation et de formation, selon un rapport

Le Canada doit se doter de toute urgence d’une stratégie nationale d’éducation et de formation, selon un rapport

Selon un nouveau rapport, le gouvernement fédéral doit faire preuve « de courage et de leadership » et dans son travail avec les provinces et l’industrie pour inverser le recul alarmant de la qualité des systèmes d’éducation et de formation professionnelle du Canada.

« Le fait que le Canada soit devancé par plusieurs autres pays en ce qui concerne l’éducation et l’acquisition de compétences n’est pas en soi une crise. Ça le deviendra toutefois si nous n’agissons pas de manière rapide et systématique en vue d’améliorer notre performance », souligne le document, qui a été commandé par le Conseil canadien des chefs d’entreprise (CCCE).

Le rapport, établi par Paul Cappon, ancien président et chef de la direction du Conseil canadien sur l’apprentissage, porte des critiques sévères contre Ottawa et les provinces, leur reprochant de n’avoir pas su reconnaître et corriger la faible performance du Canada dans les récentes évaluations internationales de l’éducation et de la formation.

Comparativement à leurs pairs ailleurs dans le monde développé, par exemple, les diplômés universitaires et collégiaux du Canada se classent au 19e rang sur 21 en numératie, au 18e sur 21 en littératie et au 14e sur 18 en ce qui concerne les aptitudes à résoudre un problème, selon une récente évaluation de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Une autre étude importante de l’OCDE constate par ailleurs que les notes obtenues par les adolescents canadiens en lecture, en sciences et en mathématiques sont en baisse depuis une décennie.

Ces indicateurs et plusieurs autres « mènent à la conclusion irréfutable que le Canada régresse constamment sur la courbe d’apprentissage internationale », affirme M. Cappon.

Le rapport souligne que le Canada est la seule économie avancée du monde à ne pas avoir de bureau ou de ministère de l’Éducation. Cela explique en partie l’indigence du débat national sur les politiques d’éducation et l’absence d’efforts sérieux en vue d’une stratégie globale pour améliorer ses résultats en matière d’éducation et de formation.

Le rapport est particulièrement accablant à l’encontre du Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) (CMEC), un organisme intergouvernemental qui regroupe les ministres de l’Éducation des treize provinces et territoires.

Le CMEC, dont les membres doivent se réunir cette semaine à Charlottetown, se définit lui-même comme « le porte-parole pancanadien de l’éducation au Canada », mais Paul Cappon, qui en a été le directeur général de 1996 à 2004, souligne que son but véritable est plutôt de résister aux intrusions fédérales dans les politiques d’éducation.

Alors que d’autres pays ont établi des buts ambitieux et des objectifs nationaux mesurables dans diverses sphères, qu’il s’agisse de l’éducation de la petite enfance, de l’enseignement postsecondaire ou de la formation professionnelle, les décideurs canadiens vont rarement au-delà de « l’expression de vœux pieux, de portée trop générale et dénuée de sens », a ajouté M. Cappon.

« Ceux qui ou qui ont des responsabilités ou de l’influence en matière d’éducation et de formation sont prompts à parler de leur ambition de faire que le Canada “fasse mieux”, qu’il “s’améliore” ou qu’il “demeure concurrentiel”. L’une de leurs rengaines est : “Il y a toujours matière à amélioration”. Ces expressions font partie du langage courant du CMEC, dont les ministres et le personnel ne peuvent en fait parler au nom de tous, si ce n’est en termes vagues », écrit-il.

Paul Cappon égratigne aussi le secteur privé canadien, auquel il reproche de sous-investir dans la formation professionnelle et dans des programmes visant à mettre à niveau les compétences de ses employés. Il met en contraste la situation du Canada à cet égard avec celle de l’Allemagne, où les employeurs « prennent très au sérieux leur responsabilité de créer des postes d’apprentis » et travaillent en étroite collaboration avec les éducateurs et les gouvernements en vue de former une main-d’œuvre hautement qualifiée.

« La participation consciencieuse des employeurs et employés (allemands) au niveau national et à celui de l’État favorise un sens des responsabilités aigu au sein des sociétés, qui se reflète dans leur engagement en faveur du perfectionnement des compétences dans le milieu du travail », souligne le rapport.

Nous vous invitons à télécharger le rapport en cliquant ici : Think Nationally, Act Locally: A Pan-Canadian Strategy for Education and Training (le document n’est disponible qu’en anglais).

Le CCCE a commandé cette étude dans le cadre d’un effort pluriannuel visant à améliorer la qualité de l’éducation et de la formation spécialisée tout en rehaussant la capacité de réussite des jeunes Canadiens sur le marché de l’emploi du 21e siècle. Les opinions qu’il contient sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement les points de vue du CCCE ou de ses membres.

Le CCCE, qui a été fondé en 1976, est le principal porte-parole de la communauté des affaires du Canada. Il regroupe 150 chefs de direction et entrepreneurs de premier rang de tous les secteurs et de toutes les régions du pays. Ensemble, ses sociétés membres emploient plus de 1,5 million de Canadiens et comptent pour la grande majorité des activités d’investissement, d’exportation, de formation en cours d’emploi et de recherche-développement du secteur privé au Canada.