Rapport « Lutter contre les stéréotypes sexistes dans les manuels scolaires : faire de l'école un creuset de l'égalité »

Rapport « Lutter contre les stéréotypes sexistes dans les manuels scolaires : faire de l'école un creuset de l'égalité »

AVANT-PROPOS

Ce n'est qu'en 1924 que les programmes scolaires sont devenus identiques pour les filles et les garçons, et il a fallu attendre 1975 pour que la mixité soit rendue obligatoire dans tous les établissements scolaires (écoles, collèges et lycées).

Le défi de l'égalité entre filles et garçons à l'école et la prise de conscience de ses enjeux est donc relativement récent : en 1989, Nicole Mosconi, auteure de « La mixité dans l'enseignement scolaire : un faux semblant ? » dénonçait l'absence d'évolution des pratiques pédagogiques, qu'exigeait pourtant la généralisation de la mixité à l'école. Depuis, deux conventions interministérielles pour l'égalité entre les filles et les garçons et les femmes et les hommes dans le système éducatif, dont la dernière a été signée en 2013 ont poursuivi l'ambition de mettre en oeuvre une politique d'égalité commune à plusieurs ministères.

Dans le cadre de ces conventions, de nombreux outils pédagogiques ont été élaborés et l'objectif d'égalité entre les filles et les garçons inscrit comme obligation légale et mission fondamentale pour l'éducation nationale.

En prenant pour objet d'étude le manuel scolaire, la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes sur les stéréotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires souhaitait prendre la mesure de l'évolution des représentations sexuées transmises aujourd'hui à l'école.

C'est en effet dès l'enfance que s'ancrent les représentations du monde, dont découle la possibilité de s'épanouir dans une société égalitaire. Pour notre délégation, l'égalité des filles et des garçons est la première dimension de l'égalité des chances que l'École doit garantir aux élèves.

Or, ce que la délégation a entendu au cours de nos auditions et déplacements nous a pour le moins inquiétés : la plupart des professionnels constatent une permanence dans la reproduction des stéréotypes de genre et des préjugés, tant dans les outils que dans les méthodes pédagogiques.

Loin de nous l'idée de vouloir pointer du doigt ou de chercher des responsables.

Comme le rappelait Sylvie Cromer, sociologue, chercheure à l'Université de Lille 2 et à l'INED, les manuels ne sont jamais le reflet du monde dans lequel on vit, mais toujours une projection imaginaire d'un ordre social sexué qui ne correspond pas nécessairement à la réalité. Ils montrent les représentations stéréotypées dans lesquelles nous baignons tous et que nous reproduisons, même de façon inconsciente.

Pourtant, si l'une des missions essentielles de l`école réside bien dans la transmission des valeurs d'égalité et de respect entre les filles et les garçons, c'est de l'ensemble de la communauté éducative que dépend la réussite de ce projet. C'est à elle de relever ce défi.

Les premiers résultats du programme des ABCD de l'égalité sont prometteurs. Ils montrent aussi que le combat contre les préjugés sexistes est une démarche délicate et difficile, qui peut être facilement détournée, qu'il faut donc soutenir et accompagner.

C'est l'objet de ce rapport d'information.

Après avoir entendu les représentantes du Centre Hubertine Auclert, ainsi que Sylvie Cromer, spécialisée dans les sciences de l'éducation, le 30 janvier 2014, la délégation a procédé à trois table-rondes qui ont réuni des représentants institutionnels, des professionnels de l'éducation et de l'édition (cf. comptes rendus en annexe) afin :

  • d'établir un diagnostic partagé et tracer des pistes de réflexion ;
  • de délimiter les responsabilités entre les concepteurs et les éditeurs de programmes scolaires ;
  • de réfléchir à la formation des enseignants à la transmission de l'égalité entre les filles et les garçons à l'école.

À l'issue de ces auditions, la délégation estime que :

  • les manuels scolaires exercent une influence déterminante sur les représentations des hommes et des femmes et l'existence de stéréotypes sexistes (I) ;
  • l'ensemble de la communauté éducative doit être mobilisée pour redonner à l'école son rôle de creuset de l'égalité (II).

-> Consultez le rapport (PDF)