16 jours d'activisme contre la violence de genre

27 oct 2014

16 jours d'activisme contre la violence de genre

De la paix chez soi à la paix dans le monde : Défions le militarisme et mettons fin à la violence contre les femmes!

La Campagne des 16 jours commence le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se termine le 10 décembre, Journée des droits de l’homme, afin de bien souligner que les actes de violence de genre, ou sexiste, sont des violations du droit international humanitaire. À l’approche des 16 jours d’activisme et pendant ces 16 jours, les participants insisteront sur la nature systémique de la violence sexiste et du militarisme qui encourage l’inégalité et la discrimination et fait passer les dépenses d’armement avant le financement d’une éducation et de soins de santé de qualité ainsi que d’espaces publics sûrs. La culture du militarisme s’appuie sur des régimes et les protège en éliminant la dissidence et en recourant à la violence pour régler les différends économiques, politiques et sociaux. Le militarisme encourage et perpétue des modèles patriarcaux de domination politique, économique et sociale des populations par des élites peu nombreuses et privilégie la masculinité violente comme comportement acceptable. La Campagne des 16 jours se concentre sur les recoupements entre violence sexiste et militarisme afin d’œuvrer à l’instauration d’un monde plus pacifique et plus équitable.

L’intersectionnalité de divers facteurs – âge, classe, sexe, lieu géographique, race, ethnicité, affiliation religieuse et orientation sexuelle, entre autres catégories d’analyse – éclaire sur la façon dont les femmes vivent la violence, l’inégalité et la discrimination et y réagissent. Elle influe aussi sur la façon dont les communautés et les États réagissent, car les relations des États avec la population passent en partie par les catégories susmentionnées.

Agissez pour mettre fin à la violence contre les femmes et au militarisme!

Reconnaître l’indivisibilité des droits humains et le fait que les droits de la femme sont des droits humains fait partie intégrante d’un monde sans violence sexiste où toutes et tous peuvent vivre libérés de la crainte et de la misère . Étant donné les intersections entre violence sexiste, militarisme et droits socio-économiques, et étant donné le travail accompli par les activistes dans le monde entier, la Campagne des 16 jours de 2014 portera sur les trois domaines prioritaires suivants :

1. Violence perpétrée par des acteurs étatiques

Malgré le principe du devoir de diligence qui fait obligation aux États de respecter, protéger et promouvoir les droits humains, il arrive souvent que les acteurs étatiques enfreignent impunément les normes en matière de droits humains et/ou ne traduisent pas en justice les auteurs de violences, en particulier lorsque celles-ci sont perpétrées contre des groupes socialement et économiquement marginalisés. Forts de leur position de puissance, les acteurs étatiques et non étatiques utilisent la violence et la menace de violence pour asseoir un contrôle économique, politique et social sur des personnes et des communautés. Il est fréquent que cette violence vise tout spécialement des femmes et notamment des femmes défenseurs des droits humains (FDDH) ainsi que d’autres protestataires et dissidentes pour les réduire au silence par la peur. Les FDDH sont prises pour cibles à la fois par les acteurs étatiques et non étatiques, et elles sont exposées à des violences physiques et sexuelles en raison de ce qu’elles représentent et de ce qu’elles font. De plus, l’absence de responsabilisation et de réglementation des multinationales, y compris dans l’industrie extractive, et des sociétés militaires privées, leur permet d’exploiter et de violer les droits des travailleurs, des communautés autochtones et des populations locales, y compris des défenseurs des droits humains.

Que pouvons-nous faire?

  • Documenter et faire connaître les cas où des défenseurs des droits humains, des journalistes, des autochtones et des groupes marginalisés sont victimes de violence.
  • Parler avec des membres de sa communauté et avec des décideurs disposés à écouter et qui travaillent dans des sphères influentes au niveau local, national, international et autre afin de faire de la fin de la violence sexiste une priorité et une mesure du succès du développement national.
  • Renforcer et soutenir le travail des FDDH et exiger que des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux soient en place pour que les auteurs de violence étatiques et non étatiques rendent compte de leurs actes.

2. Prolifération des armes de petit calibre et violence exercée par un partenaire intime

La violence familiale et la violence perpétrée par un partenaire intime (VPPI) constituent des violations des droits humains qui touchent toutes les sociétés, les cultures et les communautés du monde. La VPPI est en plein essor à cause de la dépendance économique, de normes sociales sexistes et de politiques inadéquates qui ignorent la dimension du genre . L’indépendance économique et des mutations qui éliminent l’acceptation sociale actuelle de la violence sexuelle et de l’inégalité des sexes sont nécessaires pour mettre fin à la violence familiale et à la VPPI. La présence d’armes de petit calibre, comme les revolvers, augmente le risque de meurtre de 41 %, mais dans les situations de violence familiale et de VPPI, le risque devient encore plus grand (272 %). Sans surprise, les experts évaluent à quelque 900 millions le nombre d’armes de petit calibre en circulation dans le monde, les femmes étant de trois à quatre fois plus susceptibles d’être victimes de menaces et d’assassinats que les hommes. L’utilisation et la prolifération des armes de petit calibre sont dans le prolongement de la normalisation de la violence, de la masculinité violente et du militarisme. Pour juguler ces taux de violence, il faut aller au-delà des vœux pieux, des lois et des réformes et passer à une mise en œuvre ciblée de mesures de prévention, de protection et de justice, et offrir des services aux survivantes.

Que pouvons-nous faire?

  • Appuyer le désarmement des auteurs de VPPI et une réglementation plus stricte des armes de petit calibre. Travailler avec sa communauté et ses décideurs pour exiger des vérifications des antécédents plus strictes, le stockage des armes et l’établissement du lien entre les cas de VPPI et le retrait des armes du foyer .
  • Encourager la conversation sur la VPPI avec la famille, les amis et des membres de la communauté afin d’éliminer la stigmatisation, de protéger et de soutenir celles et ceux qui en font le signalement.
  • Préconiser une meilleure formation et de meilleures interventions des services de police locaux face à la VPPI.

3. Violence sexuelle pendant et après les conflits

Les belligérants et les opportunistes dans les climats de conflit commettent des actes de violence dirigés plus particulièrement contre les femmes et les filles pour semer la peur, menacer ou affaiblir la partie adverse et profiter de ce qu’ils traitent comme un « butin de guerre ». Différentes formes de violence sexuelle sont des violations des droits humains et de la dignité humaine. Elles servent à attiser les conflits entre groupes ethniques et idéologiques, et les puissances internationales les utilisent comme motifs d’intervention et d’occupation. La violence sexuelle est sexiste et cause de stigmatisation sociale, ce qui enferme les femmes et les filles dans des vies toujours précaires où elles ne reçoivent ni les services voulus, ni le soutien de leur famille, de leur communauté, du système de santé ou de l’appareil judiciaire. Il leur incombe, ainsi qu’à leur famille et à leur communauté , de se protéger et de prévenir la violence sexuelle, alors que l’acte même est souvent toléré comme étant une réalité à la fois des temps de paix et de guerre et de l’instabilité dans tout le spectre des conflits. Le militarisme alimente des attitudes propices à l’impunité pour les auteurs de violence sexuelle et permet à la justice de se montrer laxiste dans les enquêtes, les poursuites et les sanctions consécutives à ces crimes. Les processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration doivent également prendre en compte les femmes et les filles réduites en esclavage sexuel et forcées de se battre, et les mécanismes de prévention, de protection et de justice doivent tenir compte de l’expérience des femmes.

Que pouvons-nous faire?

  • Renforcer la sensibilisation locale et internationale en écrivant au sujet des violences sexuelles et de la stigmatisation des victimes et en en parlant, ou utiliser ses compétences pour bien faire comprendre dans sa communauté l’urgence de la situation.
  • Encourager les décideurs à faire de la lutte contre le crime de violence sexuelle une priorité et appuyer les mécanismes de prévention, de protection et de justice locaux, nationaux et internationaux, de même que le leadership des femmes dans les processus de paix.
  • Collaborer avec des hommes et des garçons qui croient dans l’égalité des sexes pour mettre fin à la violence sexiste dans les conflits et travailler de concert pour mobiliser plus de leurs pairs afin de mettre fin à la violence sexiste et sexuelle.

Participez à la Campagne des 16 jours!

La Campagne des 16 jours est ouverte aux participants qui se mobilisent sur ces sujets de manières qui correspondent à leur situation particulière. Ils sont mieux placés pour savoir de quel thème parler et avec qui – que ce soit les pouvoirs publics ou leur communauté – pour remettre en question et améliorer les structures afin qu’elles ne perpétuent plus la violence sexiste. N’hésitez pas à utiliser le mot-clic #16Days quand vous tweetez!

Demandez un kit d’action!

Le Centre pour le leadership mondial des femmes (CWGL) a préparé des documents pour le kit d’action de 2014, qui contient des ressources pour faciliter les activités pendant la Campagne de 16 jours. D’ici août, le CWGL proposera ces documents sur papier en anglais, en français et en espagnol, et dans d’autres langues en ligne seulement. Visitez notre site Web pour télécharger les documents du kit d’action ou pour en demander une copie papier le moment venu.

Au sujet de la Campagne de 16 jours

Depuis 23 ans, la Campagne d’activisme de 16 jours contre la violence de genre se consacre à la promotion et à la coordination de travail accompli pour mettre fin à la violence sexiste au niveau local et international. Les dates, le 25 novembre (Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) et le 10 décembre (Journée des droits de l’homme), ont été choisies pour souligner les liens entre la fin de la violence sexiste et les valeurs des droits humains et pour montrer que la violence sexiste est une violation du droit international humanitaire. La Campagne des 16 jours s’inscrit dans une stratégie visant à réclamer l’élimination de toutes les formes de violence sexiste perpétrées par des personnes et des groupes dans le monde entier. Depuis sa création en 1991, le CWGL coordonne la Campagne des 16 jours à l’échelle internationale.