Centres d’éducation populaire : à la porte dans 6 mois?

28 nov 2014

Centres d’éducation populaire : à la porte dans 6 mois?

Les centres d’éducation populaire (CEP) de Montréal ont tenu, vendredi le 21 novembre, une assemblée publique afin de partager l’urgence de la situation. En effet, les baux des six CEP regroupés dans InterCEP prennent fin le 31 mai prochain. Et malgré toutes les discussions avec le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, tout reste à faire : la date fatidique approche à grand pas.

La pertinence des CEP n’est certainement plus à démontrer : lieu essentiel dans l’amélioration des conditions de vie des personnes apprenantes; lieu de rencontre pour contrer l’isolement; lieu de partage et d’apprentissage; lieu de transformation sociale, etc. Ce constat est partagé, l’éducation populaire bénéficie effectivement d’un appui très large. Ses appuis doivent maintenant se matérialiser.

Portrait de la situation

Les exigences des CEP ont été réaffirmées une fois de plus lors de l’assemblée du 21 novembre : ceux-ci demandent la reconnaissance par le gouvernement de l’éducation populaire, l’assurance que les immeubles demeurent des propriétés publiques, la prise en charge par le gouvernement des rénovations des immeubles, et la garantie que les CEP vont survivre.

Toutefois, le gouvernement ne veut pas être propriétaire des immeubles et la CSDM ne veut pas en assumer la responsabilité. Les CEP se trouvent pris entre les deux. L’État veut décentraliser les services (le ministre des Finances, M. Carlos Leitão, parle même de sous-traitance des services publics par le communautaire). Une sous-traitance sans moyens rime avec une déresponsabilisation accrue du gouvernement en matière de services publics. Le contexte est donc des plus dangereux.

Depuis des mois, les CEP n’ont cessé de faire valoir l’importance de l’éducation populaire. Durant la dernière campagne électorale des lettres ont été envoyées à tous les partis afin de savoir qu’elle était leur position sur les CEP. Seuls la CAQ et QS ont daigné répondre. Une conférence de presse a été organisée en avril où M. Paul Gérin-Lajoie a sonné l’alarme à propos de la fermeture possible des CEP. Des résolutions d’appuis ont été adoptées au printemps dans les arrondissements où se trouvent les CEP. Le conseil exécutif de la ville de Montréal, le ministre de l’éducation, M. Yves Bolduc, ont tous affirmé l’importance des CEP. Des rencontres ont eu lieu avec le ministre de l’éducation, le sous-ministre adjoint, M. Éric Thibault, Mme Carole Poirier du Parti Québécois, Mme Manon Massé de Québec Solidaire, etc. Une motion de support aux CEP a même été votée à l’unanimité à l’Assemblée Nationale. Et le 31 octobre dernier, une importante manifestation dénonçait le contexte d’austérité, dans lequel s’inscrit pleinement la situation critique des CEP.

Pourtant tout cela n’a engendré aucun engagement concret. Bien que les appuis soient très nombreux, et malgré les promesses, est-il nécessaire de rappeler qu’après plus de trois ans de négociation la situation demeure la même : soit la mise à la rue des six CEP!

Portrait de la lutte

Assemblée publique Face au contexte d’austérité, les questions stratégiques de la lutte ont été abordées de front. L’assemblée a mis de l’avant l’importance du respect de la diversité des tactiques et de l’autonomie des CEP dans l’organisation d’actions. L’idée sous-jacente demeurant que les six centres restent solidaires afin de développer un rapport de force. De celui-ci peut naître une réelle possibilité de négociation.

De nombreuses initiatives ont également été avancées. Plusieurs étant déjà en cours : la campagne « On a tous le droit d’apprendre! »; l’organisation d’une manifestation à Québec le 4 décembre; la mise sur pied de comités de crise, ou de comités de mobilisation afin d’organiser la lutte.

Plusieurs idées ont aussi été lancées : envoi de cartes postales, pétitions, campagnes d’affichage publique, distribution de tracts et porte-à-porte, manifestations, accroissement de la présence médiatique (notamment par les réseaux sociaux), occupations des locaux, élargissement des rencontres d’InterCEP et de la lutte en général, etc.

La question de l’élargissement de la lutte est fondamentale. Comme l’a rappelé M. Ronald Cameron, directeur général de l’ICÉA, les CEP ont beaucoup d’ami.es et d’appuis. La coagulation de ces appuis au sein du mouvement actuel contre l’austérité constitue une force. La crise que vivent les CEP est directement liée au contexte qui sévit au Québec (comme ailleurs) depuis de nombreuses années. L’austérité n’est pas une invention nouvelle du pouvoir. Il est donc important de lier tout ce qui est affecté par ces politiques d’austérité et de développer des pratiques de résistance. C’est en étant solidaire qu'une lutte pourra être victorieuse, parce que les impacts de l’austérité sont partagés par une pluralité de milieu. Des actions concertées doivent être menées entre les membres d’InterCEP et leurs allié.es. L’urgence de la situation exige une réponse à la hauteur de la crise.

L’ICÉA, solidaire avec les six CEP, appelle à participer massivement à la manifestation du 29 novembre prochain et à appuyer le contingent d’InterCEP.