Mémoire de maîtrise « Réalisation du portrait global, authentique et pratique de la formation professionnelle actuelle et récente au Québec »

7 jan 2015

Mémoire de maîtrise « Réalisation du portrait global, authentique et pratique de la formation professionnelle actuelle et récente au Québec »

Résumé

Depuis des décennies, les gouvernements québécois successifs lancent la même exhortation : « Il faut améliorer l'image de la formation professionnelle! » Au-delà d'un simple slogan accrocheur, qu'est-ce que cela signifie? Pourquoi doit-on améliorer l'image de ce secteur important de l'éducation? Comment va-t-on s'y prendre? Qu'est-ce qui ne fonctionne pas adéquatement? Malgré l'origine lointaine de ces souhaits et plusieurs modifications au fil du temps, gouvernements et autres intervenants connaissent-ils vraiment les malaises qui ternissent l'image de ce secteur? Même suite à une large recension des écrits, répondre à ces interrogations apparait toujours aussi laborieux et compliqué. Par contre, nous en sommes venus à énoncer trois postulats qui incarnent les assises de notre cheminement d'étude.

D'entrée de jeu, nous sommes persuadés que la FP québécoise bénéficierait grandement d'un bilan rigoureux et périodique, auprès d'acteurs du milieu, de ses visées, de son curriculum, de ses modes de fonctionnement didactique et pédagogique, de ses organisations humaines, matérielles et financières ainsi que de ses résultantes au regard des attentes scolaires, industrielles et sociales. Notre deuxième constatation déplore l'approche fractionnée, adoptée traditionnellement par le gouvernement québécois, dans ses tentatives de transformation de la FP. Comme tout secteur de formation, la FP réelle s'avère un système complexe de composantes interreliées qui doit former un tout cohérent et pertinent en vue de l'atteinte de buts précis. Le considérer tel un amoncèlement de pièces éparses se révèle artificiel et irréel, donc dommageable et générateur de problèmes qu'une vision systémique permettrait d'éviter. Notre troisième postulat préconise donc que nous disposions sans cesse d'une vue d'ensemble de la FP dans le but de bien appréhender les composantes significatives ainsi que les interactions entre les différents constituants du secteur. Telles sont, à notre avis, les conditions essentielles pour que la FP émerge de sa problématique séculaire et qu'elle puisse aborder un renouveau approprié.

Notre étude vise, dans un premier temps, la réalisation d'un bilan rigoureux et étendu de la FP actuelle. Puis, à l'éclairage de ce dernier, nous construirons un réseau des failles dont la nature et la dynamique explicitent la situation problématique de départ d'un éventuel renouveau. Cinq collectes de données auprès d'enseignants, d'élèves et d'employeurs au moyen de focus groups et de questionnaires en ligne, génèrent suffisamment de données pour atteindre les objectifs visés. Du bilan de la situation actuelle découle l'identification des problèmes clefs susceptibles de motiver, de justifier et d'orienter toute démarche d'évolution de la FP et de recherche-développement dans le domaine. Au-delà des apparences, la FP ne se déroule pas aussi bien que le MELS ou certains acteurs du secteur le prétendent. À commencer par le tiraillement palpable à tous les niveaux de la FP concernant les objectifs d'épanouissement des individus et de réponse aux besoins du marché du travail qui se révèlent difficilement conciliables dans la réalité. En regardant plus loin que les performances d'élèves aux Olympiades des métiers, des chiffres normalisés positivement et des taux de réussite de faible valeur, moins de cinquante pour cent (49,5%) des diplômés parviennent à travailler à temps plein dans le domaine étudié. Sans contredit, le secteur connait plusieurs ratés, mais à quel niveau? C'est ce que notre étude révèle en peignant un portrait révélateur d'un secteur de l'éducation québécoise souvent oublié par le MELS.