L’analphabétisme numérique : une nouvelle dimension d’exclusion

7 avr 2015

L’analphabétisme numérique : une nouvelle dimension d’exclusion

Montréal, le 23 mars 2015 – Parole d’excluEs, le groupe citoyen Informatique pour tous, l’Accorderie de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et la Puce Informatique, ainsi que de nombreux citoyens se sont rassemblés le 21 mars dernier afin de lutter contre cette nouvelle forme d’inégalité sociale touchant près d’un quart des québécois, lors de cette 2e assemblée citoyenne sur l’exclusion informatique.

Une problématique bien identifiée, mais peu connue et faiblement soutenue

La première partie de l’assemblée était dédié à bien comprendre la problématique. Ainsi dans un monde de plus en plus « connecté » et où les besoins d’accès aux technologies de l’information et de la communication s’avèrent de plus en plus indispensables dans notre société, force est de constater que des secteurs importants de la population n’ont pas accès à ces outils. L’exclusion informatique, c’est une nouvelle forme d’inégalité sociale due aux difficultés d’accès à l’équipement informatique et aux difficultés d’utiliser celui-ci. La maîtrise de l’informatique s’avère de plus en plus une compétence essentielle pour tout citoyen, mais près d’un quart des Québécois ne sont pas branchés au web et deviennent peu à peu exclus.[i]

Cette évolution de la société entraîne de profondes modifications dans les domaines de la citoyenneté, de l’éducation, de l’emploi, des services publics, de la vie sociale et culturelle, etc. Comme souligné par de nombreux témoignages, la formation aux TICs, et plus précisément, l’appropriation citoyenne des TICs, suscitent encore trop peu d’intérêt de la part des pouvoirs publics. Il en résulte des opportunités de financement public limitées pour les programmes de formation aux TICs et l’acquisition de matériel informatique.

On constate qu’aujourd’hui la préoccupation est surtout de réfléchir aux vertus du numérique et on tient pour acquis que la population québécoise s’est déjà approprié ces technologies. En favorisant la prise de parole aux citoyenNEs touchéEs par cet enjeu, cette assemblée a démontré qu’au contraire, une portion importante de la population est encore exclue de ce virage technologique.

L’action passe par une conscientisation

L’enjeu de l’exclusion informatique ne réside pas uniquement sur l’accès à différents services, mais aussi sur la baisse d’estime de soi comme l’ont souligné de nombreux participants. Beaucoup ressentent de l’« anxiété », le sentiment de « se sentir stupide » ou encore d’« être une martienne » qui résultent du fait de ne pas être « capable d’exercer ses droits ».

L’ensemble des participants ont soulevé que pour lutter contre cette nouvelle d’exclusion, il est important de mieux faire connaître la problématique par une mobilisation plus forte des personnes au niveau des citoyens, des tables de quartier au travers d’activités d’information. Enfin, une action concrète a été proposée, celle d’imaginer un centre autogéré par les citoyens répondant aux différents besoins de formation et d’accès à des équipements informatiques.

[i] Comme le dévoile un rapport 2012 de l’Institut de la statistique du Québec, on compte une plus forte proportion de non-internautes chez les groupes ayant un revenu inférieur à 30 000$ (60%), chez les moins scolarisés (44% sans diplôme et 77% avec un secondaire V) et chez les 55 ans et plus (65%).