Congrès + AGE de la FFQ : vers un projet féministe de société

19 nov 2015

Congrès + AGE de la FFQ : vers un projet féministe de société

Par Alice Lepetit

Le 19 septembre dernier, les membres de la FFQ réunies en Assemblée générale extraordinaire (AGE), ont adopté plusieurs orientations politiques importantes qui guideront et ancreront le travail de la Fédération dans les prochaines années. L’AGE a permis ainsi de finaliser la longue démarche du Congrès d’orientation de la FFQ et de traiter des propositions qui n’avaient pas pu l’être en mars dernier, faute de temps.

Réaffirmation de l’intersectionnalité pour orienter la vision et les pratiques de la FFQ

Parmi ces orientations, on peut retenir tout d’abord une affirmation claire de l’approche intersectionnelle à tous les niveaux. Cette approche guide à la fois la vision et les prises de positions de la FFQ qui « visent à déconstruire et éliminer le patriarcat et tous les autres systèmes d’oppression avec lesquels il est imbriqué, tels que le capitalisme, le racisme, l’impérialisme, l’hétérosexisme, le colonialisme, le capacitisme et l’âgisme ». Au-delà du renforcement de cette position, les membres ont adopté à l’unanimité la proposition « que la FFQ développe ses connaissances des réalités vécues par les personnes trans et les personnes intersexes et sur les impacts du cissexisme [1] ». Elles se sont engagées à élargir et complexifier leur compréhension de l’intersectionnalité en intégrant des systèmes d’oppression historiquement moins investis par les membres de la FFQ que ce soit au niveau de l’analyse des enjeux, la connaissance des réalités vécues ou encore celle des luttes menées par les communautés directement touchées par le cissexisme et la transphobie.

Renforcement des alliances et des solidarités

C’est aussi à partir d’une perspective qui tient compte des différents systèmes d’oppression à l’œuvre que la FFQ a choisi de prioriser ses alliances avec d’autres groupes et coalitions dans les prochaines années et ce afin de permettre le développement d’un projet féministe de société sans oppression ni domination. Cela implique des alliances avec des groupes féministes ou alliés dont le travail s’inscrit dans une remise en cause des rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples.

Le renouvellement de l’entente avec FAQ avait déjà été adopté lors du Congrès de mars dernier. Les membres ont décidé d’accompagner cette entente d’une politique, qui sera travaillée conjointement avec FAQ, afin non seulement de poursuivre le travail de solidarité de nation à nation mais aussi de l’ancrer davantage dans des actions concrètes à plus long terme.

Décentralisation du pouvoir et plus grande implication des membres

La perspective intersectionnelle a également été mise au cœur de la viedémocratique et militante de la FFQ afin de faire en sorte que la Fédération devienne « un espace exempt de domination, ouvert à toutes les femmes ».

C’est dans cette optique que des changements de structure associative ont été adoptés par les membres. La composition du Conseil d’administration (CA) et du Comité exécutif (CE) a été modifiée. Le CE sera désormais composé de :

  •  5 membres : présidente, secrétaire, trésorière, vice-présidente aux relations avec les régions et vice-présidente aux pratiques solidaires et anti-oppressives (poste réservé à une membre vivant à la croisée des oppressions)

Elles seront élues par l’ensemble des membres.

Le Conseil d’administration est passé de 19 à 16 membres incluant, en plus des 5 postes à l’exécutif :

  •  trois membres provenant des associations nationales
  •  deux des associations régionales
  •  une des associations locales
  •  deux membres individuelles
  •  deux membres vivant à la croisée des oppressions (membres associatives ou individuelles)
  •  une représentante de l’équipe de travail.

Ces changements visent à permettre à une plus grande diversité de femmes, ancrées dans différents milieux, de prendre leur place au sein de la FFQ et de participer à construire et orienter son action tout au long de l’année.

Certaines propositions ont été référées aux membres au CA afin d’être développées et présentées de nouveau aux membres lors de l’AGA de 2016 : celle portant sur les Collectives, ou encore les deux propositions concernant le rôle de la FFQ au sein de la CQMMF et du Comité des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes.

Les Comités de travail sont en route!

Les membres ont également adopté la mise sur pied des 4 comités dans les suites de l’adoption des 4 nouveaux champs d’action lors du Congrès d’orientation de mars dernier. Ces comités seront en charge d’élaborer des propositions d’orientations pour leur champ d’action à partir des propositions et amendements qui n’ont pas été traitées lors du Congrès et en tenant compte des résolutions du Congrès et de l’AGE. Ils devront soumettre ces propositions au CA puis à l’ensemble des membres lors de l’AGA de 2016. Ce mandat provisoire pour l’année 2015-2016 sera suivi d’un mandat permanent des comités qui, suite à l’AGA de 2016, participeront activement à la définition des priorités annuelles de même qu’à l’élaboration et la mise en œuvre du plan d’action de la Fédération dans leur champ d’action.

Les co-responsables de chaque Comité ont été élues au lendemain de l’AGE, dans le cadre de l’AGA du 20 septembre et un appel large a été lancé aux membres pour se joindre à ces Comités dont les travaux débutent cet automne. Une rencontre préparatoire rassemblant les co-responsables des Comités a permis de préciser le fonctionnement et l’échéancier d’ici à l’AGA de 2016. Des ressources et outils de base ont été mises à la disposition des Comités qui se rencontreront pour la 1ère fois dans les prochains jours. Entre novembre et février, les Comités auront 3 à 4 rencontres pour avancer dans leur mandat, et une deuxième rencontre entre les co-responsables aura lieu fin février pour permettre un arrimage des travaux. Les Comités devront déposer les propositions d’orientations en lien avec leur champ d’action au CA d’avril avant de les déposer aux membres lors de l’AGA de 2016.
 
Il est toujours possible de vous joindre à l’un de ces Comités de même que tout au long de l’année.
Pour plus d’informations sur les comité

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[1] Personne trans : Personne s’identifiant comme étant d’un autre genre que celui assigné à la naissance. Ce terme regroupe une diversité de réalités de personnes ayant une expérience trans, que les personnes aient eu recours ou non une chirurgie de reconfiguration génitale. Terme préféré à transgenre ou transexuel.le, dont les définitions sont souvent contestées.

Personne intersexuée / intersexe : Personne dont le corps sexué, à la naissance ou durant la puberté, ne répond pas aux définitions médicalement établies des sexes « femelle » et « mâle ». Elle présente donc une combinaison de traits sexuels primaires (organes génitaux externes et internes) et secondaires (seins, pilosité, musculature et ossature) atypiques.

Personne cis : Personne qui s’identifie comme étant du même genre que celui qui lui a été assigné à la naissance.

Cissexisme : Système d’oppression qui, en considérant les personnes cisgenres comme la norme, marginalise, opprime et invisibilise les personnes trans et intersexes. Il a aussi pour effet de renforcer la binarité et l’essentialisme des genres (l’idée selon laquelle il n’y a que deux genres, féminin et masculin, et qu’à ces genres correspond une définition fixe et imposée).