Pour un féminisme qui rassemble : lettre de Lise Thériault

2 mar 2016

Pour un féminisme qui rassemble : lettre de Lise Thériault

Lise Thériault
Vice-première ministre du Québec et ministre responsable de la Condition féminine*

Devant les nombreuses réactions suscitées par la publication d’une entrevue portant sur mon mandat à titre de ministre responsable de la Condition féminine, il m’apparaît important de procéder à une mise au point.

Il existe plusieurs visions du féminisme, et je n’ai pas l’intention de me lancer dans un grand débat de sémantique sur cette question. À celles et ceux qui ont pu en douter à la lecture de cette entrevue, je réitère, une fois pour toutes, qu’à ma manière, je suis féministe.
Comme en témoignent les actions que j’ai posées tout au long de mon parcours, que ce soit à titre de ministre de l’Immigration, ministre déléguée aux Services sociaux ou encore comme ministre du Travail, je me suis toujours battue pour l’égalité des femmes et des hommes, et j’ai la ferme intention de continuer à le faire.

RECONNAÎTRE LE CHEMIN PARCOURU

Je peux vous assurer que je suis toujours reconnaissante envers chacune de ces pionnières qui ont pavé la voie pour que les femmes puissent faire leur place, notamment dans le monde politique. Grâce au féminisme et à celles qui ont porté la cause de l’égalité des sexes à travers le temps, notre société a parcouru beaucoup de chemin au cours des dernières décennies.

Collectivement, nous avons encore des gestes à poser pour passer de l’égalité de droit à l’égalité de fait, et c’est là l’essentiel de mon mandat.

À titre de ministre responsable de la Condition féminine, j’estime que j’ai pour mission de défendre les droits et les intérêts de toutes les femmes du Québec, en collaboration avec l’ensemble des groupes qui poursuivent ce même objectif.

Je considère que mon rôle est de rassembler les forces du progrès et pour moi, ce progrès passe notamment par le ralliement des hommes à la cause de l’égalité. À celles et ceux qui s’en étonneraient, je rappelle que cette vision s’inscrit en droite ligne avec la plus récente campagne de sensibilisation des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, laquelle mise expressément sur l’implication des hommes afin de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.

Malheureusement, le féminisme est parfois présenté comme un combat mené par les femmes contre les hommes.

En ma qualité de vice-première ministre et de ministre responsable de la Condition féminine, je n’adhère pas à cette façon de voir les choses. C’est en référence à cette conception polarisante du féminisme que j’ai répondu à la question qui m’a été posée.

Je crois qu’il importe de rappeler que dans une société libre et démocratique comme la nôtre, toutes et tous sont libres de penser et de concevoir la cause de l’égalité des sexes comme ils l’entendent.

Pour ma part, je le réaffirme, mon féminisme est égalitaire et rassembleur, il ne mise pas sur la confrontation, mais plutôt sur l’inclusion. Mon objectif est de rallier les hommes, car c’est ensemble que nous parviendrons à passer de l’égalité de droit à l’égalité de fait.

Je réitère donc que je ne partage pas la vision de celles qui font du féminisme un combat contre les hommes. La division et la confrontation entre les femmes et les hommes ne servent les intérêts de personne.

À mon sens, au-delà de la rectitude politique et des étiquettes, ce qui compte d’abord et avant tout, c’est l’égalité entre les femmes et les hommes.

* Députée d’Anjou-Louis-Riel et ministre responsable des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Allègement réglementaire et du Développement économique régional.