2016 : Encore coupables d'avoir été agressées!

29 mar 2016

2016 : Encore coupables d'avoir été agressées!

Montréal le 24 mars 2016 – Quelque soit le verdict qui sera prononcé dans l’affaire Jian Ghomeshi aujourd’hui, le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) croit que ce procès aura renforcé les mythes et préjugés associés à la crédibilité d’une victime et aura confirmé les lacunes importantes du système judiciaire dans le traitement de plaintes d’agression sexuelle.

Les agressions sexuelles sont difficiles à prouver «hors de tout doute raisonnable» puisque le verdict repose sur la notion du consentement qui, de par sa nature, oppose la parole de la plaignante contre celle de l’accusé. Il n’est malheureusement pas surprenant dans ce cas que l’avocate de la défense ait travaillé pour miner la crédibilité des victimes. « La défense a exploité les mythes et préjugés sexistes selon lesquels les femmes sont responsables de leur agression puisqu’elles se sont mises dans une situation compromettante; une victime crédible doit agir d’une certaine façon; ou bien, si elles n’ont pas immédiatement cessé tout contact avec leur agresseur elles étaient consentantes » déplore Nathalie Duhamel, coordonnatrice du RQCALACS. « L’avocate de la défense a réussi à faire oublier les faits reprochés à l’agresseur tout en relayant les victimes au banc des accusés», ajoute-t-elle.

Selon l’Enquête sociale générale sur la victimisation menée par Statistique Canada en 2014, à peine 1 814 accusations d’agression sexuelle ont mené à une condamnation sur les 633 000 déclarées par les Canadiens de 15 ans et plus, soit 3 cas sur 1000. « Selon nous, le traitement judiciaire que notre système réserve aux victimes d'agression sexuelle explique pourquoi ce crime est le moins dénoncé avec un taux de dénonciation plafonné entre 5% et 10 % depuis plusieurs années » explique Nathalie Duhamel, coordonnatrice du RQCALACS. D’ailleurs, plusieurs raisons : peur de ne pas être crues, peur des représailles, les réactions de l’entourage, etc, expliquent les réticences des femmes à dénoncer leur agresseur, surtout lorsqu’on sait que dans la majorité des cas celui-ci est connu de la victime.

Le RQCALACS réitère son appui à toutes les femmes qui dénoncent les agressions sexuelles qu’elles ont subies, qu’elles passent par le système judiciaire ou non.

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Pour information :
Nathalie Duhamel, coordonnatrice
514 529-5252, cellulaire: 514 346-5252