Les enfants francophones d’âge préscolaire, vivant en milieu minoritaire et exposés davantage à leur langue, améliorent leur performance scolaire

24 mai 2016

Les enfants francophones d’âge préscolaire, vivant en milieu minoritaire et exposés davantage à leur langue, améliorent leur performance scolaire

Ottawa, le 4 mai 2016. Une évaluation du programme Capacité d’apprentissage dans les communautés francophones en situation minoritaire, menée par la Société de recherche sociale appliquée (SRSA), révèle que les enfants francophones d’âge préscolaire vivant en milieu minoritaire connaissent un développement accéléré de leurs compétences langagières en français et de leurs compétences scolaires lorsqu’ils sont exposés davantage à leur langue maternelle. M. Jean-Pierre Voyer, président de la SRSA, a déclaré : « Cette étude démontre qu’un programme préscolaire de qualité, développé spécifiquement pour répondre aux besoins des enfants francophones en milieu minoritaire, peut aider ces derniers à commencer l’école du bon pied ».

Globalement, le projet cherchait à favoriser la préparation à l’école et le développement général des enfants au moyen d’un programme préscolaire qui jumelait un programme offert en garderie et des ateliers familles ciblant les parents de ces enfants. Le projet a fait partie du Plan d’action pour les langues officielles 2003-2008 et s’est poursuivi dans le cadre de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne de 2008 à 2013. Il s’est déroulé dans six communautés canadiennes : Saint-Jean et Edmundston au Nouveau-Brunswick; Orléans, Cornwall et Durham en Ontario; et Edmonton en Alberta. Environ 350 enfants et parents participants furent divisés en trois groupes : les enfants inscrits dans une garderie francophone offrant le nouveau programme préscolaire; un groupe témoin comprenant les enfants inscrits dans une garderie francophone, mais n’offrant pas le nouveau programme; et un troisième groupe regroupant les enfants dont la garde de jour a lieu à la maison ou en garderie en milieu familial. L’évaluation du programme s’est étalée sur une période de quatre ans. Une formation spécifique fut mise en place pour les éducatrices et les intervenantes en alphabétisation familiale.

Les retombées du programme se trouvent à plusieurs niveaux. Comparativement à leurs pairs des groupes témoins, les enfants exposés au programme démontrent des gains marqués dans leur développement durant les quatre années du projet. La nature des gains dépend toutefois de l’exposition de l’enfant au français au foyer au début du projet. Chez les enfants du groupe programme issus d’un foyer à faible exposition, on constate des gains dans leurs compétences langagières en français. Les enfants issus d’un foyer caractérisé par une forte exposition initiale au français connaissent une croissance accélérée de leurs compétences langagières en plus des compétences associées au rendement scolaire que sont la lecture et la numératie.

Les ateliers familles ont permis de sensibiliser les parents à leur rôle dans le développement de leur enfant et à l'importance d'exposer les enfants au français en milieu minoritaire francophone. Suite à leur implication dans le programme, les parents ont déclaré avoir acquis de nouvelles connaissances liées au développement des enfants, adopté de nouvelles pratiques parentales et accentué l'utilisation du français durant les activités de littératie avec leurs enfants.

Pour leur part, les éducatrices ont noté que grâce à certains éléments centraux du programme, les enfants se comportaient mieux, étaient plus calmes et plus autonomes, et se sentaient plus sécurisés. De plus, le programme préparait davantage les enfants à la scolarisation et favorisait le développement des compétences en français et en littératie. Par ailleurs, les éducatrices disent avoir consolidé leurs connaissances du développement des enfants par le biais des formations. Ces formations ont entraîné des modifications à certaines de leurs pratiques en garderie, notamment celle de se concentrer davantage sur les besoins de l'enfant et d'encourager sa créativité.

Enfin, les communautés ont saisi l'occasion offerte par le projet de promouvoir l'importante contribution des services ciblant la petite enfance en matière de développement des enfants et de soutien aux jeunes familles, en plus d'être un atout pour le maintien, voire la revitalisation, de la communauté francophone minoritaire.

Il est à noter que les effets du programme s'estompent avec le temps, ce qui suggère la nécessité d'assurer une continuité dans l'approche et les stratégies adoptées par les éducatrices et les parents, afin de bâtir sur les acquis observés chez les enfants, plutôt que de les voir diminuer avec le temps.

Contacts

Louise Legault, Ph.D., chercheure associée
613 237-2460
llegault@srdc.org

Jean-Guy Desgagnés, communication
514 232-1179
jg.desgagnes@bell.net