Le numérique, cause d’un nouvel analphabétisme
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Bruxelles, 25 août 2016 - 86 % de la population belge* a accès à un ordinateur et à Internet. La fracture numérique ne distingue désormais plus ceux qui ont ou non accès à du matériel et à une connexion internet, mais bien ceux qui maîtrisent ou non leur utilisation. Ainsi, 1 Belge sur 3 ne sait pas utiliser un traitement de texte, 1 sur 5 est incapable d'envoyer ou de recevoir des e-mails et 1 sur 7 de surfer sur Internet. Or des aptitudes digitales insuffisantes vont jusqu'à hypothéquer l'autonomie financière : près d'un Belge sur deux ne sait pas utiliser les méthodes de paiement en ligne comme PayPal, Doccle, Ogone ou Zoomit ni remplir correctement des formulaires destinés à l'obtention d'allocations sociales. C'est pourquoi la Ligue des Familles et le Gezinsbond appellent à lutter contre l'illettrisme numérique et exhortent tous les acteurs à investir dans le développement des aptitudes informatiques et Internet de la population ainsi qu'à garantir des alternatives suffisantes à tous ceux, nombreux, qui ne franchissent pas le cap du numérique.
L'analphabétisme numérique commence sitôt que les aptitudes informatiques sont lacunaires. C'est le cas de 14 % des Belges, qui n'ont pas accès à un ordinateur ni à Internet. Mais de nombreuses personnes qui en disposent ont également des compétences limitées. Par exemple, si 80 % des personnes ne disposant pas d’un ordinateur ne savent pas utiliser un traitement de texte (MS Word), un tableur (MS Excel) ou un logiciel de courrier électronique, c'est aussi le cas de 1 Belge sur 4 ayant moins de 54 ans et même d'un cinquième de la population la plus instruite. En Wallonie, une personne sur deux semble avoir des compétences informatiques limitées, contre 1 sur 3 en Flandre.
"Les aptitudes informatiques sont un pan essentiel des compétences nécessaires à la vie en société. Pourtant, nous constatons que même des gens ayant un ordinateur et un accès à Internet ne sont pas toujours capables d'exploiter pleinement ces ressources. C'est pourquoi il est important que les autorités, les entreprises et les institutions s'efforcent d’atténuer la fracture digitale en aidant les gens, en les assistant et en leur soumettant suffisamment d'alternatives non numériques", explique Christel Verhas, directrice de la politique familiale du Gezinsbond.
Non pas une, mais plusieurs fractures numériques
Les aptitudes de nombreux Belges face à Internet semblent insuffisantes pour suivre le mouvement. 1 répondant sur 5 se dit incapable d'envoyer ou de recevoir des e-mails ainsi que de chercher et de trouver des renseignements sur Internet. Consulter les sites d'actualités pose problème à 1 personne sur 4 ; 1 sur 3 ne parvient pas à consulter les horaires des transports publics et 1 sur 2 à exécuter des paiements en ligne. Cette fracture numérique, qualifiée de seconde génération (car elle concerne des gens qui ont accès à Internet, mais ne sont pas capables ou ne veulent pas l'utiliser à fond) touche plus particulièrement les femmes, les personnes plus âgées et les familles sans enfants.
Ces aptitudes Internet insuffisantes causent aussi une plus grande vulnérabilité à la fraude sur Internet. 1 Belge sur 2 (49 %) ne sait pas comment protéger ses données individuelles contre des pirates, et presque autant (46 %) installer un antivirus, alors que détecter et effacer un virus semble encore plus difficile (53 % des répondants). On remarque que les femmes semblent systématiquement moins bien armées que les hommes.
Des ménages financièrement plus menacés
Les lacunes en aptitudes digitales ont surtout des répercussions financières sur les ménages. Dans 1 famille sur 4, personne n'est capable de payer avec une carte de débit ou de crédit, et dans 1 ménage sur 5, d'effectuer un virement en ligne. Dans près de la moitié des familles, personne ne sait comment enregistrer ou payer des factures avec les systèmes de paiement tels que PayPal, Ogone, Zoomit ou Doccle. Et dans le tiers des ménages où quelqu'un dispose des nécessaires compétences digitales pour régler les questions financières, 20 % tombent sans ressource après le décès ou la séparation d'avec cette personne.
Alors que les autorités publiques entrent résolument dans l'ère électronique, les citoyens accusent du retard : 4 ménages sur 10 s’estiment incapables de remplir sa déclaration en ligne avec Tax-on-web. Remplir sur Internet un formulaire afin de bénéficier d'allocations sociales ne semble pas plus aisé. Et ceux qui rencontrent le plus de difficultés sont aussi ceux qui en ont le plus besoin : 38 % des personnes de la catégorie sociale inférieure contre 16 % de la classe supérieure. 13 % des familles avec enfants reconnaissent leur incapacité à remplir un formulaire en ligne.
"Il incombe aux autorités de mieux guider les ménages dans les sphères numériques et de garantir le libre choix entre les canaux traditionnels et Internet. C'est pourquoi nous appelons à rendre les applications en ligne plus accessibles, à gommer les barrières et surtout à ne pas discriminer les personnes moins habiles devant un clavier, que ce soit en traitant plus lentement leur dossier ou en compliquant l'accès aux guichets, brochures, centrales téléphoniques et documents délivrés sur papier", conclut Christel Verhas, du Gezinsbond.
* Tous les chiffres sont basés sur des entretiens approfondis menés avec un échantillon représentatif de 1.015 belges par Market Probe, à l’initiative du Gezinsbond, l’équivalent flamand de la Ligue des familles, en lien avec la campagne « Ma facture mon choix » (http://mafacturemonchoix.be) qui vise à garantir la possibilité de choisir librement entre des factures et document administratifs en ligne ou en version papier.